Par courrier du 29 novembre 2012, M. Jean-Luc Linard (Directeur départemental des territoires de Côte d'Or) a fait savoir à la Commune de Semur-en-Auxois que ses services de Police de l'eau considèrent le barrage du Foulon de la Laume comme relevant d'un état de ruine. Et que les services de la préfecture entendent en conséquence décréter par arrêté la perte du droit d'eau et l'abrogation du règlement d'eau.
Le premier constat à la lecture du document est qu'avant de se prononcer sur la ruine, la Police de l'eau reconnaît le caractère fondé en titre de l'ouvrage communal – et non seulement son caractère règlementé. C'est déjà un progrès puisque le diagnostic du bureau d'études Cariçaie, mandaté par le syndicat de rivière Sirtava, prétendait à l'inexistence du droit d'eau fondé en titre comme du règlement d'eau.
Etat d'abandon ? Surprenante conclusion
La DDT estime que «le rapport de visite de terrain met en évidence un abandon de l'ouvrage manifeste». Mais les services de la Commune et notre association ont précisé lors de leur visite aux trois agents de la DDT et de l'Onema que le barrage avait fait l'objet d'une visite technique approfondie du bureau d'études Somival.
Une visite technique approfondie, obligation décennale pour les barrages de classe D, a pour objet de faire le point sur l'état des ouvrages hydrauliques et de produire des préconisations d'entretien. La Commune de Semur-en-Auxois a annoncé (avant la visite de la DDT) l'organisation d'un chantier municipal et citoyen pour satisfaire aux préconisations issues de la VTA. Il est pour le moins surprenant de décréter un « état d'abandon » alors même que le maître d'ouvrage fait intervenir à ses frais un bureau d'études spécialisé afin de s'enquérir de l'entretien nécessaire de son bien!
Déjà deux ans de réflexion autour du barrage
Rappelons par ailleurs que depuis deux ans, la question du barrage était à titre principal gérée par le syndicat de rivière Sirtava (délégation de maîtrise d'ouvrage signée en 2010) pour le diagnostic et l'étude de faisabilité d'aménagement écologique (produit fin 2011 et début 2012). Ce qui passe difficilement pour un désintérêt et un abandon de la part des élus. Certes, l'avant-projet proposé par le Sirtava a été rejeté comme non conforme à l'intérêt général de la ville : il n'empêche que cette démarche constituait par sa nature même un projet pour le site, lequel ne peut être réputé à l'abandon.
Au printemps 2012, plus de 700 citoyens de Semur et toutes les forces politiques ont refusé l'effacement de l'ouvrage en souhaitant son aménagement. Le maire a par ailleurs manifesté sa volonté de rétablir l'usage énergétique du site et pris des premières mesures en ce sens (commande d'un rapport sur l'énergie à notre association, pose d'une échelle limnimétrique de mesure de la remontée aval, rencontre avec des équipementiers et exploitants), là encore avant la visite de la DDT et de l'Onema.
Tous ces faits étant connus, et les plus importants ayant été reprécisés aux agents DDT-Onema lors de leur visite du site en septembre dernier, on ne peut que déplorer leur non-prise en compte dans le courrier de M. Linard. C'est d'autant plus étonnant que les agents de la DDT et de l'Onema n'ont pas demandé à consulter le dossier et le registre de l'ouvrage – deux pièces obligatoires pour un barrage de classe D, et deux pièces présentes en mairie lors de leur visite.
Cette consultation aurait permis de constater aisément que le barrage n'est ni en état d'abandon ni en état de non-entretien. Si cela s'avérait nécessaire, la Commune produirait évidemment au juge l'ensemble de ces pièces.
Etat de ruine ? Le Ministère a pourtant informé ses agents...
Concernant l'état de ruine, comme Hydrauxois l'avait déjà mentionné ici, le barrage du Foulon de la Laume ne correspond nullement à la jurisprudence solidement établie par les juridictions administratives. Les agents de la Police de l'eau sont supposés connaître cette jurisprudence puisque le ministère de l'Ecologie a publié à leur intention, en septembre 2010, d'un Guide pratique relatif à la police des droits fondés en titre. Ce Guide précise très explicitement en page 11 :
«La jurisprudence différencie le délabrement de l'ouvrage et l'état de « ruine », ce dernier entraînant la perte du droit. La ruine signifie qu'un des éléments essentiels permettant d'utiliser la force motrice a disparu ou devrait être reconstruit totalement (canal d'amenée ou de fuite, seuil, fosse d'emplacement du moulin ou de la turbine. Si ces éléments peuvent être remis en marche avec quelques travaux de débouchage, de débroussaillage, d'enrochement complémentaire ou de petite consolidation, le droit n'est pas considéré comme perdu».
Le texte est clair et toute personne connaissant le site du Foulon de la Laume sait que la DDT n'est pas en mesure de démontrer qu'un seul élément nécessaire à l'usage hydro-électrique a «disparu» (condition 1) ou «devrait être reconstruit totalement» (condition 2). L'absence de ces deux conditions explicites dans le Guide du Ministère aurait donc dû amener à la conclusion inverse de celle qui a été choisie.
La jurisprudence du Conseil d'Etat est très explicite
Le courrier de la DDT mentionne de surcroît deux arrêts bien connus du Conseil d'Etat : Laprade Energie 2004 et Arriau 2006. Or, l'un et l'autre ont statué fort précisément... et en sens parfaitement contraire de la décision de la DDT de Côte d'Or. Le premier énonce :
«Considérant que la force motrice produite par l'écoulement d'eaux courantes ne peut faire l'objet que d'un droit d'usage et en aucun cas d'un droit de propriété ; qu'il en résulte qu'un droit fondé en titre se perd lorsque la force motrice du cours d'eau n'est plus susceptible d'être utilisée par son détenteur, du fait de la ruine ou du changement d'affectation des ouvrages essentiels destinés à utiliser la pente et le volume de ce cours d'eau ; qu'en revanche, ni la circonstance que ces ouvrages n'aient pas été utilisés en tant que tels au cours d'une longue période de temps, ni le délabrement du bâtiment auquel le droit d'eau fondé en titre est attaché, ne sont de nature, à eux seuls, à remettre en cause la pérennité de ce droit».
Quant au second arrêt cité par la DDT, il a sanctionné l'administration prétendant à la nullité du droit d'eau en se bornant à observer que «si cet ouvrage est partiellement délabré, ses éléments essentiels ne sont pas dans un état de ruine tel qu'il ne soit plus susceptible d'être utilisé par son détenteur».
Un aménagement hydro-électrique serait simple,
avec très peu de travaux sur l'existant
Le cas de Semur-en-Auxois entre donc clairement dans la doctrine du Conseil : ni le délabrement d'une partie du bâti, ni son absence d'usage ni son état présent n'empêche d'utiliser la pente et le volume de l'eau. La pente et le volume sont créés en l'espèce par le barrage et la digue, qui sont parfaitement fonctionnels, le débroussaillage et dégravage de la chambre ou du canal de fuite n'étant même pas nécessaires à l'exploitation au regard de diverses solutions déjà proposées par des équipementiers hydrauliques (exemple en image ci-contre, offre de la société TurbiWatt en accolement direct au barrage).
En tout état de cause, ce dégravage et débroussaillage du bief comme de la chambre d'eau représenteraient une restauration légère, affaire de quelques jours et non semaines ou mois : cela n'a rien à voir avec la reconstruction complète d'un ouvrage en état de ruine tel que l'on ne peut rien en faire à moins de consentir des travaux lourds.
La période est-elle bien choisie
pour dilapider ainsi l'argent du contribuable?
Si nécessaire, la Commune de Semur-en-Auxois n'aura en conséquence aucune difficulté à produire au juge divers éléments (avis d'expert, devis d'entreprise, rapport de bureau d'études, propositions d'équipement hydro-électrique, etc.) démontrant que le site du Foulon de la Laume est très exactement dans la situation décrite par cette circulaire ministérielle et par la jurisprudence : pas plus en ruine qu'à l'abandon.
Monsieur le Préfet de Côte d'Or peut encore revenir sur cette décision manifestement contraire aux faits et à l'état du droit. S'il décide de ne pas le faire, il reviendrait au tribunal de trancher puisque la Commune contesterait évidemment cette décision infondée et abusive. Nous n'avons aucun doute à ce sujet : la force du droit s'imposera. Les éléments jurisprudentiels précisés à deux reprises par le Conseil d'Etat (avant lui par des tribunaux administratifs ou des cours d'appel) sont clairement établis en faveur du Foulon de la Laume.
Nous tiendrons bien sûr les citoyens informés de ces procédures imposées par l'administration. On appréciera au résultat l'opportunité qu'il y avait à dépenser ainsi l'argent public dans des contestations infondées de droit d'eau, alors qu'il y a tant à faire de plus utile pour nos rivières de l'Auxois, et en particulier pour le barrage de Semur. Cela dans une période de crise où tout le monde doit faire des efforts et où nos dépenses devraient être productives de ressources ou d'emplois.
Quand le Conseil d'Etat annule
les circulaires du ministère de l'Ecologie
Hélas, la problématique de la continuité écologique donne lieu à une précipitation manifeste depuis quelques années, et l'administration de l'eau prend parfois quelques libertés avec la loi. Il convient à ce sujet de rappeler que certaines dérives inquiétantes ont été observées et sanctionnées. Dans son arrêt n°345165 du 14 novembre 2012, le Conseil d'Etat a condamné le Ministère de l'Ecologie et annulé sa circulaire du 25 janvier 2010, annexe I-5, au terme de laquelle le Ministère prétendait interdire tout nouvel ouvrage hydro-électrique sur les rivières en très bon état écologique.
Concrètement, cela signifie que pendant deux années, les agents de Police de l'eau obéissant à cette circulaire étaient en situation d'abus de pouvoir lorsqu'ils refusaient des autorisations d'exploiter. Evidemment, le mal est fait puisque le classement des rivières est sur le point de paraître : le Ministère a ainsi ordonné illégalement de bloquer des projets au nom d'une loi qui n'existait pas... le temps que la loi existe. Il a fallu en arriver à la plus haute autorité administrative du pays pour que cette situation de non-droit soit sanctionnée.
Pour le cas du Foulon de la Laume, et en marge des décisions que prendra la Commune pour défendre son droit d'eau contesté, notre association fera part aux autorités du tutelle des agents administratifs de son étonnement sur la manière dont le Police de l'eau interprète en Côte d'Or les documents édictés par le Ministère, documents qui ont précisément pour fonction de rappeler le droit afin d'éviter les contentieux.
Le projet d'aménagement continue...
avec au moins les encouragements du ministère de la Culture!
Notre étonnement est renforcé par le fait que nous sommes entrés dans le débat national sur la transition énergétique, que la région Bourgogne vient d'adopter son Schéma régional climat air énergie, Schéma prévoyant 2 à 3 MW de puissance micro-hydraulique supplémentaire d'ici 2020, et que le département s'apprête à produire son Plan Climat énergie territoire : lorsqu'un propriétaire d'ouvrage manifeste son désir de participer à cette transition urgente et nécessaire, dans le respect de la continuité écologique, pourquoi donc le décourager et non l'encourager à la production d'une énergie renouvelable, locale, propre?
Le projet de Semur-en-Auxois est d'autant plus cohérent que le Ministère de la Culture, dans un courrier à notre association et au Collectif de sauvegarde du barrage en date du 14 novembre 2012, souligne que la Commune peut «envisager un aménagement du site en tenant compte de la valeur patrimoniale du barrage et de la digue» avec «une intervention minime sur l'ouvrage permettant de restaurer la continuité écologique». Au moins, nous partageons tout à fait les conclusions de ce Ministère!
Le Foulon de la Laume a commencé à produire de l'énergie voici plus de cinq siècles, il a fait naître l'électricité en Auxois voici 120 ans, et il retrouve aujourd'hui son usage à l'heure des énergies renouvelables : ce ne sont donc pas quelques péripéties de très court terme qui vont remettre en question cette longue et belle trajectoire historique.
En ce sens, l'aménagement du barrage de Semur-en-Auxois continue, et le projet va même prendre de l'ampleur dans les prochains mois. Vous serez informés dès cette semaine des prochaines étapes, et notre association compte bien entendu sur votre forte mobilisation!
10/12/2012
08/12/2012
Onema et transparence de l'information
L'association Hydrauxois a engagé hier un recours amiable avant contentieux, adressé à la Direction de l'eau et de biodiversité du ministère de l'Ecologie, à la Direction générale de l'Onema (Office national de l'eau et des milieux aquatiques) et au Défenseur des droits.
Entraves manifestes dans l'accès
aux informations relatives à l'environnement
L'objet de ce recours est une entrave manifeste dans l'accès à l'information tel que le pose l'article 124-3 du Code de l'environnement : « Toute personne qui en fait la demande reçoit communication des informations relatives à l'environnement détenues par : 1° L'Etat, les collectivités territoriales et leurs groupements, les établissements publics ; 2° Les personnes chargées d'une mission de service public en rapport avec l'environnement, dans la mesure où ces informations concernent l'exercice de cette mission. »
Sur son site institutionnel, l'Onema reconnaît cette obligation et, par circulaire du 6 août 2008, a déclaré avoir constitué un répertoire d'informations relatives à l'environnement. Ce répertoire comporte notamment : les avis techniques pour l’instruction d’un dossier de IOTA (Installations, Ouvrages, Travaux et Activités) ; les rapports techniques régionaux sur les milieux aquatiques ; la définition des programmes de surveillance ; les résultats des programmes de surveillance.
Or il est avéré que :
• le site Internet grand public de l'Onema ne donne aucune indication aux citoyens pour faire la demande de communication des informations relatives à l'environnement (ni adresse physique, ni adresse électronique : l'adresse cnil@onema.fr donnée sur le site n'existe pas et produit un message automatique d'erreur, ce que la CNIL devrait condamner) ;
• les services départementaux (21) et régionaux (Bourgogne-Franche Comté) n'ont pas daigné apporter la moindre réponse aux trois sollicitations d'accès à ces données par notre association ; la première ayant été formulée dès septembre 2012.
Ces faits sont constitutifs d'une entrave dans l'accès à l'information et c'est en ce sens que notre avocat déposera plainte si les éléments demandés à l'Onema 21 ne nous sont pas communiqués dans les meilleurs délais.
Ces éléments que nous demandons, ce sont l'ensemble des pièces du répertoire Onema ayant servi au futur classement des cours d'eau dans le département de la Côté d'Or. Ce classement est à publication imminente, l'Office en a été le maître d'oeuvre principal et notre association entend informer le public sur la manière dont il a été constitué.
Pour la publication du Rapport d'observations définitives
de la Cour des comptes
Par ailleurs, et dans un tout autre domaine, la Cour des Comptes a effectué un contrôle de gestion de l'Onema sur les exercices 2007-2011. Le Rapport d'observations définitives de la Cour des Comptes a été remis au ministère de l'Ecologie et à l'établissement le 14 novembre. A ce jour, il n'a pas été rendu public.
La Cour des comptes écrit sur son site Internet : « La Cour publie une part croissante de ses travaux. Elle répond ainsi à sa mission constitutionnelle d’information du citoyen et à deux exigences fortes de notre démocratie : la transparence, principe fondamental de l’administration publique et la progression vers plus d’efficacité et d’efficience dans l’emploi des fonds publics. »
Notre association a donc demandé à la Cour de respecter ce principe fondamental de transparence et de rendre public le Rapport d'observations définitives sur l'Onema.
La raison en est simple : le journaliste et consultant spécialiste des politiques publiques de l'eau Marc Laimé a publié sur son blog (Eaux glacées) des allégations d'une gravité exceptionnelle contre l'Office (voir ici et ici). Il semble avoir eu copie de ce rapport, constitué alors que le Directeur général de l'Onema a été démis de ses fonctions (23 octobre), de même que la Directrice de l'eau et de la biodiversité au Ministère (Odile Gauthier) a été remerciée et remplacée par Laurent Roy.
Certains syndicats d'employés de l'Office ont fait état à la nouvelle direction de leur émoi après cette publication dans un contexte manifestement tendu, et ont demandé que les faits soient éclaircis. Dans un communiqué, Jean Luc Touly (conseiller régional EELV Ile-de-France, membre du Comité national de l'eau et du Comité de bassin de l'Agence de l'eau Seine Normandie) a pour sa part exigé une séance exceptionnelle du Comité national de l'eau.
Nous n'avons aucune idée sur la vérité des allégations de Marc Laimé, que la directrice de l'Onema a pour sa part contesté dans un message interne. Mais compte tenu de l'importance de l'Onema dans la politique de l'eau en France, et notamment du pouvoir de police de l'eau qui lui est conféré ainsi qu'à la DDT, il paraît urgent que toute la lumière soit faite sur cette question.
Le moyen le plus simple et le plus démocratique est évidement la publication du Rapport d'observations définitives de la Cour des comptes, qui permettra à chaque citoyen de s'assurer de la bonne gestion de l'Office. Ces questions ne préjugent de toute façon en rien de la qualité du travail des agents de terrain, techniciens et ingénieurs de l'Onema, mais elles sont en revanche fondamentales pour la confiance des citoyens dans les institutions publiques et pour la gestion de l'eau en France.
Entraves manifestes dans l'accès
aux informations relatives à l'environnement
L'objet de ce recours est une entrave manifeste dans l'accès à l'information tel que le pose l'article 124-3 du Code de l'environnement : « Toute personne qui en fait la demande reçoit communication des informations relatives à l'environnement détenues par : 1° L'Etat, les collectivités territoriales et leurs groupements, les établissements publics ; 2° Les personnes chargées d'une mission de service public en rapport avec l'environnement, dans la mesure où ces informations concernent l'exercice de cette mission. »
Or il est avéré que :
• le site Internet grand public de l'Onema ne donne aucune indication aux citoyens pour faire la demande de communication des informations relatives à l'environnement (ni adresse physique, ni adresse électronique : l'adresse cnil@onema.fr donnée sur le site n'existe pas et produit un message automatique d'erreur, ce que la CNIL devrait condamner) ;
• les services départementaux (21) et régionaux (Bourgogne-Franche Comté) n'ont pas daigné apporter la moindre réponse aux trois sollicitations d'accès à ces données par notre association ; la première ayant été formulée dès septembre 2012.
Ces faits sont constitutifs d'une entrave dans l'accès à l'information et c'est en ce sens que notre avocat déposera plainte si les éléments demandés à l'Onema 21 ne nous sont pas communiqués dans les meilleurs délais.
Ces éléments que nous demandons, ce sont l'ensemble des pièces du répertoire Onema ayant servi au futur classement des cours d'eau dans le département de la Côté d'Or. Ce classement est à publication imminente, l'Office en a été le maître d'oeuvre principal et notre association entend informer le public sur la manière dont il a été constitué.
Pour la publication du Rapport d'observations définitives
de la Cour des comptes
Par ailleurs, et dans un tout autre domaine, la Cour des Comptes a effectué un contrôle de gestion de l'Onema sur les exercices 2007-2011. Le Rapport d'observations définitives de la Cour des Comptes a été remis au ministère de l'Ecologie et à l'établissement le 14 novembre. A ce jour, il n'a pas été rendu public.
La Cour des comptes écrit sur son site Internet : « La Cour publie une part croissante de ses travaux. Elle répond ainsi à sa mission constitutionnelle d’information du citoyen et à deux exigences fortes de notre démocratie : la transparence, principe fondamental de l’administration publique et la progression vers plus d’efficacité et d’efficience dans l’emploi des fonds publics. »
Notre association a donc demandé à la Cour de respecter ce principe fondamental de transparence et de rendre public le Rapport d'observations définitives sur l'Onema.
La raison en est simple : le journaliste et consultant spécialiste des politiques publiques de l'eau Marc Laimé a publié sur son blog (Eaux glacées) des allégations d'une gravité exceptionnelle contre l'Office (voir ici et ici). Il semble avoir eu copie de ce rapport, constitué alors que le Directeur général de l'Onema a été démis de ses fonctions (23 octobre), de même que la Directrice de l'eau et de la biodiversité au Ministère (Odile Gauthier) a été remerciée et remplacée par Laurent Roy.
Certains syndicats d'employés de l'Office ont fait état à la nouvelle direction de leur émoi après cette publication dans un contexte manifestement tendu, et ont demandé que les faits soient éclaircis. Dans un communiqué, Jean Luc Touly (conseiller régional EELV Ile-de-France, membre du Comité national de l'eau et du Comité de bassin de l'Agence de l'eau Seine Normandie) a pour sa part exigé une séance exceptionnelle du Comité national de l'eau.
Nous n'avons aucune idée sur la vérité des allégations de Marc Laimé, que la directrice de l'Onema a pour sa part contesté dans un message interne. Mais compte tenu de l'importance de l'Onema dans la politique de l'eau en France, et notamment du pouvoir de police de l'eau qui lui est conféré ainsi qu'à la DDT, il paraît urgent que toute la lumière soit faite sur cette question.
Le moyen le plus simple et le plus démocratique est évidement la publication du Rapport d'observations définitives de la Cour des comptes, qui permettra à chaque citoyen de s'assurer de la bonne gestion de l'Office. Ces questions ne préjugent de toute façon en rien de la qualité du travail des agents de terrain, techniciens et ingénieurs de l'Onema, mais elles sont en revanche fondamentales pour la confiance des citoyens dans les institutions publiques et pour la gestion de l'eau en France.
07/12/2012
La Commission européenne juge la politique française de l'eau
Chez les administrations françaises de
l'eau (Agences de l'eau ou Onema), il est d'usage de présenter la
politique actuelle d'effacement systématique des ouvrages
hydrauliques en rivière comme une conséquence de la directive cadre
sur l'eau (DCE) européenne de 2000. La Commission européenne vient
de publier un rapport de suivi sur l'implémentation de cette DCE
(téléchargeable sur
ce lien). C'est l'occasion de juger précisément ce que disent
les experts européens.
Pas de liens clairs entre mesures
hydromorphologiques
et bon état de la masse d'eau
En ce qui concerne la France, on
observe la remarque suivante pour la section « hydromorphologie »
(celle associée à l'effacement des seuils et barrages) du rapport
de la Commission : « La base de sélection des mesures
hydromorphologiques n'est pas claire. Les mesures hydromorphologiques
ne sont pas clairement liées aux usages de l'eau et aux pressions
sur l'eau. De surcroît, il n'y a pas de lien clair entre les mesures
et l'état actuel [du cours d'eau] ou d'explications sur
l'amélioration potentielle de cet état » (vol 3, p. 62,
nous traduisons de l'anglais, les répétitions sont d'origine).
A notre modeste niveau d'analyse des
rivières de Côte d'Or, nous retrouvons très précisément le problème soulevé par les
experts de la Commission : la littérature hydrologique abonde de
descriptions plus ou moins impressionnistes sur les obstacles à
l'écoulement (et les altérations hydromorphologiques en général),
mais elle ne propose finalement pas de mesures fiables et reproductibles des
altérations en question, pas plus qu'elle n'indique leur part exacte
dans la qualité écologique globale (biologique chimique, physique)
des rivières.
La seule fois où il nous a été donné
de dialoguer à ce sujet avec un syndicat de rivière et un bureau
d'études (Sirtava, Cariçaie) sur un projet d'effacement concret
(Semur-en-Auxois), nous n'avons jamais obtenu la réponse claire à
une question simple : quels sont les objectifs de
résultat de la restauration écologique, c'est-à-dire les gains
prédictibles et observables à telle ou telle échéance si
l'obstacle était effacé ?
Il est tout de même gênant que, dans
cet exemple parmi bien d'autres, l'Agence de l'eau Seine-Normandie
ait proposé de financer (sur l'argent des contribuables) des mesures
à un demi-million d'euros sans être capable d'énoncer clairement les
améliorations qu'elle en attendait.
« Le coût des décisions
inappropriées... »
La Commission européenne relève dans
son rapport (vol I, p. 8) : « Une surveillance fiable
et des méthodes permettant une évaluation complète de l'état
des masses d'eau sont des éléments essentiels d'une bonne gestion
de l'eau. Le coût de la surveillance est beaucoup moins élevé
que le coût des décisions inappropriées. (…) Il ressort
clairement des informations communiquées à la Commission qu’il
y a une lacune dans la surveillance ». Cela tombe en effet
sous le sens, et nous l'indiquions récemment dans un commentaire
de colloque de l'Onema : tant que l'on ne dispose pas des bases
empiriques (programmes de mesures complètes et cohérentes dans la
durée) et des modèles théoriques adéquats pour expliquer les mesures, nous prendrons des décisions sans certitude aucune sur leur
efficacité relative (par rapport à d'autres décisions dont le
bénéfice écologique serait supérieur pour un coût économique
identique ou moindre).
On notera enfin que la Commission
déplore la même absence de clarté pour les mesure de pollutions
chimiques : « La plupart des bassins hydrographiques
ont eu recours à l'annexe I du standard de qualité environnementale
pour juger de l'état chimique des masses d'eau (Directive
2008/105/EC), mais pas tous. Qui plus est, différentes substances
ont été utilisées dans diférentes programmations (et pas toutes
celles figurant dans l'annexe). Pour ces raisons, les méthodes
d'évaluation de l'état chimique sont très peu claires, ce qui
concerne les substance analysées ou les raisons de sélectionner
certaines substances ».
Il
existe une incapacité manifeste de la France à lutter contre la
pollution des rivières depuis 30 ans – incapacité
déjà observée par la Cour des Comptes en 2010 dans son rapport
sur les Agences de l'eau et par la Cour de Justice européenne
dans sa procédure
actuelle contre la France à propos des nitrates. La focalisation
récente de la « suppression
des obstacles à l'écoulement »
ne changera pas ce problème de fond, et ne permettra certainement
pas à la France d'afficher un résultat correct pour le bon état
des masses d'eau en 2015. En tout état de cause, les administrations
de l'eau ne peuvent prétendre qu'elles sont confortées dans leurs choix actuels par l'Union européenne
22/11/2012
10 questions & réponses sur l'hydro-électricité
Produire son électricité à partir de
sa rivière : c'est possible ! Et à l'heure où notre pays
est engagé dans une vaste transition énergétique, c'est même
nécessaire. Mais on ne devient pas du jour au lendemain producteur
d'hydro-électricité. Voici quelques réponses aux questions les
plus fréquemment posées, pour aider à prendre des décisions en ce
domaine. Notre association est à disposition de ses adhérents pour
les assister et les conseiller dans ces démarches. En attendant
l'édition de fiches pratiques détaillées, ces premiers conseils
simples aideront à réfléchir à l'équipement des anciens moulins
et anciennes usines... qui se comptent par centaines en Côte d'Or.
Sur quels sites puis-je produire ?
A l'exception des grands fleuves à
débit fort et constant, plutôt rares en Côte d'Or et en Bourgogne,
la production d'hydro-électricité demande la présence d'ouvrages
hydrauliques en rivière. Les deux principaux ouvrages sont :
l'existence d'un seuil, glacis ou barrage sur le lit mineur, qui crée
une hauteur de chute, ainsi qu'une retenue et une dérivation d'eau
(appelée « bief ») ; un canal d'amenée et un canal
de fuite, où passe tout ou partie du débit de la rivière, canal
dont l'eau sera turbinable. Et c'est à peu près tout ce qui est
nécessaire, avec ces deux éléments on peut produire de l'énergie.
Le seuil, glacis ou barrage permet
d'exploiter l'énergie potentielle de l'eau (énergie de pression et
de position de l'eau à une certaine altitude), qui est ensuite
transformée en énergie cinétique (quand elle s'écoule dans le
canal, puis dans la turbine ou la roue). Bien sûr, beaucoup de sites
historiques de moulins ou d'usines sont mieux équipés : outre
le seuil et le canal, ils disposent de chambres d'eau en très bon
état permettant d'y installer les roues ou turbines, voire ayant
conservé leurs équipements du XXe siècle. Mais ce n'est pas
indispensable en soi.
Les sites permettant la production
hydroélectrique sont généralement d'anciens moulins. Ce peuvent
être aussi d'anciennes forges ou autres usines construites au bord
de l'eau. En Côte d'Or, on relève 770 barrages et seuils en lit
mineur des rivières (ROE
2012). Les sites de production potentielle dans le département
sont donc très nombreux !
Ai-je le droit de produire ?
(1) Cas du droit d'eau (fondé en titre)
Si votre moulin est antérieur à 1789
(rivière non domaniale, comme l'Armançon) ou à 1566 (rivière
domaniale, comme la Seine), il est dit « fondé en titre »
et dispose de ce que l'on appelle un « droit d'eau ». Il
suffit pour cela que le moulin ne soit pas complètement en ruine –
la présence du seuil et du canal (même engravé, envasé ou
enherbé) suffit.
Dans ce cas, vous pouvez user de la
puissance de l'eau et votre débit d'équipement (le volume d'eau
turbinable chaque année) est présumé identique à l'état présent
de votre moulin (c'est-à-dire ce que votre canal ou bief permet de
dériver une fois qu'il a été nettoyé). C'est à l'administration
de prouver le contraire, dans l'hypothèse où elle conteste votre
droit d'user du moulin tel qu'il est : pour votre part, vous
avez seulement à démontrer l'existence historique de votre moulin.
A noter : ce « droit d'eau
fondé en titre » n'est pas une pièce administrative
particulière, mais une capacité attachée à l'existence physique
et historique du moulin.
Pour retrouver des preuves de
l'existence du moulin avant 1789, tous les moyens sont admis :
présence sur des cartes (Cassini) ou cadastres anciens, mentions
dans des textes, etc. Vous pouvez librement vous renseigner aux
archives départementales, par courrier électronique ou en vous
déplaçant. Les services des archives de Côte d'Or sont très
efficaces. Vous pouvez aussi contacter des érudits et chercheurs
locaux (par exemple, la Société
des Sciences de Semur).
Ai-je le droit de produire (2) Cas
du règlement d'eau (fondé sur titre)
Si votre bien est postérieur à 1789,
il a probablement reçu une autorisation préfectorale d'exploiter
l'eau, qui s'appelle le « règlement d'eau ». Il est très
rare qu'un moulin ou une usine « moderne » n'en ai jamais
reçu. Il est en revanche fréquent qu'un moulin ancien (antérieur à
1789, cas précédemment évoqué) ait reçu après la Révolution un
règlement d'eau, en plus de son droit d'eau .
A noter : droit d'eau et règlement
d'eau sont deux notions bien différentes, à ne pas confondre. On
dit parfois moulin fondé en titre s'il a un droit d'eau dû à son
existence antérieure à 1789/1566, et moulin fondé sur titre s'il a
seulement un règlement d'eau produit par l'administration après
1789.
Ce règlement d'eau est une pièce
administrative écrite, de plusieurs pages, qui définit assez
précisément la consistance légale de votre site, c'est-à-dire les
différents ouvrages hydrauliques, la cote légale de retenue dans le
bief et la puissance exploitable. Donc, il suffit de suivre ses
prescriptions pour savoir ce que vous avez le droit de produire.
La date de ce règlement d'eau est
importante, pour les petites puissances inférieures à 150 kW
(quasiment tous les sites de Côte d'Or) :
- si votre règlement d'eau est antérieur à 1919, votre autorisation d'exploiter est réputée « perpétuelle », vous n'avez pas à faire de démarche particulière (simple déclaration de remise en activité) à condition bien sûr de rester dans la consistance légale du règlement (ne pas changer la hauteur de chute ou le débit) ;
- si votre règlement d'eau est postérieur à 1919, et ne comporte aucune limitation dans le temps, il est toujours valable aujourd'hui ;
- si votre règlement d'eau est postérieur à 1919 et comporte une limitation dans le temps, elle est impérative. Au cas où le délai d'exploitation autorisée est passé, vous devez faire une nouvelle demande d'autorisation en préfecture (question suivante).
Pour savoir si votre bien dispose d'un
règlement d'eau, il faut écrire (en courrier recommandé) au bureau
de Police de l'eau de la DDT (coordonnées
du bureau 21, pdf). Vous pouvez aussi commencer à chercher en
archives, car la DDT n'a pas conservé tous les règlements d'eau.
A noter : si vous avez un
règlement d'eau ancien, il sera actualisé par la préfecture en
fonction des nouvelles règlementations. C'est tout à fait normal,
mais il faudra montrer la plus grande vigilance à ce moment-là, car
ce nouveau règlement définira précisément votre puissance
hydraulique exploitable.
Ai-je le droit de produire ?
(3) Cas de la demande d'autorisation
Si vous avez un règlement d'eau ayant
dépassé la date d'autorisation, ou si vous restaurez un ouvrage
totalement en ruine, ou si vous n'avez aucune pièce justificative de
droit d'eau ni de règlement d'eau, ou si vous construisez ex nihilo
une nouvelle installation, vous êtes obligé de faire un dossier de
demande d'autorisation de production hydro-électrique au bureau de
Police de l'eau de votre préfecture. Ce n'est pas le cas le plus
simple.
Un nouveau classement des rivières va
être publié. Il y a trois possibilités :
- votre cours d'eau n'est pas classé et, s'il n'y a pas d'autres contraintes (Natura 2000, ZNIEFF, corridor biologique), la préfecture devrait vous autoriser sans trop de difficulté ;
- votre cours d'eau est classé en liste 2, vous aurez 5 ans (comme tous les moulins, qu'ils produisent ou non) pour faire des aménagements écologiques mais a priori, il n'y a pas de raison que la préfecture refuse l'autorisation si vous respectez scrupuleusement les étapes et les besoins du dossier ;
- votre cours d'eau est en liste 1, ce qui veut dire en très bon état écologique, et il est a priori interdit de construire un nouvel obstacle à l'écoulement. Mais si votre seuil ou barrage est en place, il n'a pas à être effacé. Vous êtes tenu (là encore, avec ou sans production énergétique) de respecter immédiatement et scrupuleusement les consignes données par la Police de l'eau pour préserver la qualité des milieux aquatiques.
Dans l'hypothèse où votre seuil (ou
barrage) est en ruine sur une rivière classée en liste 1, vous
n'aurez pas l'autorisation de construire un nouveau seuil (ou
barrage).
Il faut savoir qu'une demande
d'autorisation exige toujours de passer par un bureau d'études
spécialisé, produisant une étude de faisabilité qui répond à
toutes les demandes de l'administration (avant-projet technique,
contraintes environnementales, etc.). La procédure est donc plus
compliquée (et plus coûteuse) que si vous êtes fondé en titre ou
réglementé avant 1919.
Combien d'électricité puis-je
produire ?
Pour avoir une estimation grossière de
votre puissance hydraulique, vous devez connaître la hauteur de
chute entre le niveau amont (niveau d'eau au seuil ou barrage) et le
niveau aval (niveau de la fuite d'eau dans la rivière, à
l'extrémité de votre canal de dérivation ou « sous-bief »),
ainsi que le débit moyen passant dans votre canal. Soit la hauteur H
en mètres et le débit moyen Q en m3/s : vous multipliez ces
deux chiffres entre eux, puis vous multipliez encore par 10 (la force
de gravité, g) et vous obtenez la puissance de votre site (P=g.Q.H).
Par exemple une chute de 2 m et un débit de 1 m3/s donne une
puissance hydraulique brute de 20 kW environ (la puissance électrique
nette sera plutôt de 12-14 kW ou kVA). Ce sont là des valeurs
typiques pour les moulins de Côte d'Or.
Pour connaître ces valeurs, deux
hypothèses. Soit vous retrouvez d'anciens papiers (actes notariaux,
règlement d'eau) où les chiffres sont précisés. Soit vous n'en
disposez pas, et il faut les calculer. Plusieurs moyens permettent un
calcul approximatif : nous les exposerons à une autre occasion
(d'ici là, voir par exemple cette
page pour quelques méthodes artisanales de mesure du débit). La
mesure détaillée sera faite soit par un géomètre et un
hydraulicien, soit par un bureau d'études spécialisé.
Une fois connue la puissance, vous
pourrez estimer la production en fonction de la courbe annuelle des
débits et de votre choix d'équipement. Par exemple, prenons une
installation de 20 kW de puissance fonctionnant 6000 heures dans
l'année avec un rendement global de 70%. Sa production sera de
0,7*6000*20=84.000kWh (la puissance s'exprime en kilowatt, l'énergie
en kilowattheure, l'énergie électrique étant simplement la
puissance produite par unité de temps).
Dois-je autoconsommer ou vendre au
réseau ?
Vous pouvez consommer vous-même votre
électricité ou revendre toute l'énergie au réseau d'EDF. Tout
dépend de la puissance de votre site... et de vos besoins. Si vous
venez d'installer un chauffage tout neuf à bois ou gaz, vous aurez
probablement du mal à consommer toute votre électricité. Si vous
avez un vieux chauffage fioul à médiocre rendement et risque de
pollution de la rivière, cela peut devenir très intéressant de
concevoir un projet d'autoconsommation (en électricité directe ou
électricité + pompe à chaleur eau-eau par exemple).
Si vous êtes à moins de 10 kW, il est
généralement plus intéressant de consommer soi-même (vous devriez
couvrir votre consommation sans problème, y compris du chauffage en
hiver). Entre 10 et 30 kW, la décision n'est pas toujours facile,
votre puissance dépasse vos besoins mais elle est modeste, et un
dossier complet pour vendre au réseau impose des contraintes plus
importantes que l'autoconsommation. Mais rien n'est insurmontable, on
trouve couramment des moulins qui vendent leur production à ces
niveaux de puissance. Au-delà de 30 kW, il devient généralement
préférable de vendre sa production au réseau national.
Dans la dernière hypothèse, chaque
kWh produit vous est racheté environ 8 centimes en été et environ
14 centimes en hiver. Pour donner un ordre de grandeur, un moulin ou
une usine de 30 kW en puissance nominale peuvent produire un revenu
brut d'exploitation compris entre 11.000 et 13.000 euros par an
environ. Ce n'est pas la fortune, mais pas négligeable non plus.
Avant d'entamer la moindre réflexion
sur le matériel nécessaire, vous devez choisir la solution que vous
préférez : autoconsommation sur place ou vente au réseau.
Quand votre choix est fait, vous pourrez chercher les équipements
adaptés.
Produire de l'hydro-électricité,
est-ce compliqué ?
Oui et non. Oui, parce qu'il est
évidemment plus compliqué de développer une petite centrale
micro-hydraulique que de mettre sur son toit quelques mètres carrés
de panneaux solaires, ou de faire installer une pompe à chaleur par
un chauffagiste. Si vous voulez tout faire tout seul à partir de
matériels d'occasion (solution la moins coûteuse, évidemment), il
vous faudra quelques notions d'hydraulique, quelques connaissances en
électricité, une bonne dose de courage pour le génie civil et
beaucoup de rigueur pour que tout fonctionne correctement. Mais il
existe des réparateurs et installateurs spécialisés dans la remise
en fonctionnement des moulins ou petites usines.
Non, car vous pouvez aussi choisir de
faire installer un matériel d'occasion garanti ou un matériel neuf
par une société spécialisée et de faire automatiser au maximum
votre installation, de sorte que vous n'aurez pas beaucoup de
maintenance (hormis celle de votre bien en général, puisque tout
moulin a des obligations d'entretien hydraulique). Mais évidemment,
plus vous sous-traitez à des tiers, plus le coût de revient de
votre installation sera élevée.
Compliquée dans ses détails
techniques, l'hydro-électricité est simple dans ses principes :
l'énergie cinétique-potentielle de l'eau en écoulement est d'abord
transformée en énergie mécanique (rôle de la turbine, roue ou vis
d'Archimède), puis cette énergie mécanique est convertie en
énergie électrique (rôle du système rotor-stator dans le
générateur). L'éolien fonctionne de la même manière, sauf que
l'énergie cinétique du vent (et non de l'eau) forme sa source
primaire.
Dernière chose :
l'hydro-électricité peut surtout paraître compliquée à cause des
nombreuses contraintes réglementaires, c'est-à-dire de la
« paperasse » à accomplir afin de mener son dossier de A
à Z. C'est la raison pour laquelle il est préférable de se
rapprocher d'une association et/ou d'un bureau d'études, dont le
rôle est de vous assister dans ces procédures.
Combien cela coûte ?
Il est particulièrement difficile de
répondre à cette question, car la fourchette est large : une
installation peut coûter de 1000 à 7000 euros le kW de puissance
installée ! L'état initial de votre bien est évidemment
déterminant, ainsi que le choix entre un matériel d'occasion ou un
matériel neuf pour l'équipement hydraulique et électrotechnique.
Il faut savoir qu'une turbine (ou une roue, ou une vis) neuve sera un
modèle unique, spécialement conçu en usine pour être adapté à
votre hauteur de chute et votre débit d'eau. D'où le coût :
ce ne sont pas des équipements standardisés et produits en série
comme les groupes électrogènes du commerce, par exemple.
Par ordre décroissant de coût, les
principaux postes à étudier sont les suivants dans l'hypothèse
d'un matériel neuf et d'un moulin dont l'état général est correct
:
- l'achat de la turbine
- le génie civil et l'équipement annexe (incluant vannes, grille, aspirateur, optimisation du bief si nécessaire)
- le générateur et l'électronique de puissance
- les systèmes d'automatisation et de contrôle-commande
- le raccordement au réseau
Mais attention, ce sont là des
évaluations moyennes et chaque site est particulier.
On mesure habituellement l'intérêt
économique d'une installation hydro-électrique en temps de retour
sur investissement : combien d'années d'exploitation sont
nécessaires pour rentabiliser le coût d'installation ? Un
temps de retour de moins de 10 ans est considéré comme une
excellente affaire, un temps de retour de 10-15 ans reste
intéressant. Au-delà, l'installation concerne plutôt des
passionnés ou des militants des énergies nouvelles, acceptant de
bloquer un capital sur une longue période.
A noter : il existe des coûts
d'aménagements écologiques (passes à poisson pour le
franchissement piscicole et vannes fonctionnelles de chasse pour le
transit des sédiments), mais ceux-ci n'ont rien à voir avec la
production d'hydro-électricité. Ils seront exigibles par le préfet
une fois publié le classement des rivières (début 2013) et
dépendront de chaque site. Avec ou sans production d'énergie, tout
le monde sera tenu d'aménager. Une exploitation énergétique permet
de financer une partie des ces coûts d'aménagement écologique et
de mutualiser les frais de chantier qui seront de toute façon
nécessaire (passe à poissons, vannage à sédiments).
Aurai-je des subventions pour
produire de l'énergie hydro-électrique ?
L'hydro-électricité fait partie des
énergies renouvelables subventionnées par l'Ademe et elle est
inscrite dans le Schéma Climat Air Energie de Bourgogne. Elle peut
donc faire l'objet de subventions pour l'étude de faisabilité ou
pour l'équipement (en association avec des fonds régionaux et
européens de développement rural). Par ailleurs, si votre dossier
est complet et si vous le souhaitez, vous pouvez demander un CODOA
(Certificat
ouvrant droit à une obligation d'achat) dont la principale
conséquence est : ERDF rachète votre énergie à un tarif
garanti pendant 20 ans. C'est une forme de subvention, car cette
garantie d'achat vous donne une visibilité à long terme sur vos
revenus et le tarif de rachat pour les petites puissances est plus
avantageux.
Si votre site est très isolé, avec un
coût de raccordement élevé au réseau, vous pouvez aussi être
assisté par le syndicat d'énergie et d'électrification du
département pour installer un site autonome. (En Côte d'or, c'est
le Siceco, qui a déjà équipé
ainsi un moulin en puissance solaire et hydraulique pour
l'autoconsommation).
Et donc, par où dois-je commencer ?
D'abord, il faut bien réfléchir :
on ne devient pas producteur d'électricité à la légère, vous
aurez besoin de patience et de détermination. Comme pour tout projet
ambitieux.
Ensuite, prenez des conseils autour de
vous – bien sûr, le réseau des associations (il y a plusieurs en
Côte d'Or) est là pour vous accompagner dans votre démarche et
vous faire rencontrer d'autres producteurs.
Enfin, vos actions prioritaires
dépendront de votre situation juridique (fondé en titre,
réglementé, non autorisé), de votre choix initial
(autoconsommation ou vente réseau), de vos compétences personnelles
(participation active aux travaux ou délégation à des tiers).
La toute première chose à faire, si
elle n'est pas acquise : clarifier le statut juridique de votre
bien afin de savoir à quelle condition exactement vous pouvez
exploiter l'énergie hydraulique. La deuxième chose est d'estimer la
hauteur et le débit moyen de l'eau au droit de votre site, afin
d'avoir une idée à peu près réaliste de la puissance
potentielle.
Pour aller plus loin
- Pour une introduction générale à l'équipement des moulins et petites usines, l'excellent guide de Michel Heschung.
- Guide Ademe / FHE / ISL (2011) Vers la centrale hydroélectrique du XXIe siècle.
- Les guides de l'OFEN-PACER (Suisse), datant des années 1990 mais offrant des informations complètes et claires sur les différentes dimensions techniques des projets en micro-hydroélectricité.
- Le Guide de police des installations hydroélectriques du ministère de l'Ecologie expose plus en détail la dimension règlementaire (vue par l'Etat).
- Publication Ademe sur la petite hydro-électricité (2006)
- Exemple des points à analyser dans une étude de faisabilité (Ademe).
- Guide European Small Hydropower Association (ESHA) du projet hydro-électrique, version française disponible.
- Un forum de passionnés et petits exploitants, ouvert à vos questions (plusieurs membres d'Hydrauxois y participent) : Forum de la petite hydroélectricité.
Rappel des sites utiles (département
Côte d'Or)
- Services des Archives départementales
- Ademe en Bourgogne (Dijon)
- Syndicat d'énergie : Siceco
13/11/2012
Hydrauxois dans les médias
Radio Eole a reçu le président et le secrétaire général de l'association, le jeudi 8 novembre, pour évoquer la question du barrage de Semur-en-Auxois (émission Jeudi on s'dit tout, prochainement disponible sur le site de la radio). Le Bien Public a consacré un article à l'association dans son édition du 10 novembre, deux semaines après la publication d'un communiqué dans l'Auxois Libre.
09/11/2012
La qualité de la Seine et de ses affluents en Côte d'Or
Comment se portent la Seine et ses
affluents de Haute Côte d'Or ? Pour répondre à cette
question, le Syndicat intercommunal des cours d'eau du Châtillonnais
(Sicec) et la Fédération départementale de pêche et de protection
des milieux aquatiques de Côte d'Or (FDAAPPMA 21) viennent de
publier les résultats d'une vaste étude menée en 2011. Ce document
a pour objet l'analyse de la qualité des eaux superficielles en vue
de mettre en valeur les milieux aquatiques et de protéger les
espèces piscicoles.
Quatre dimensions pour un diagnostic
Pour établir son diagnostic, l'étude
a examiné à titre principal quatre caractéristiques des cours
d'eau de Haute Côte d'Or :
Le travail était d'autant plus
nécessaire que l'on ne disposait pas jusqu'à présent de données
systématiques sur la Seine et ses affluents cote-doriens :
« les informations récentes obtenues dans le cadre des
suivis DCE [directive cadre sur l'eau] sont insuffisantes pour
dresser un état des lieux complets de la situation piscicole du
réseau hydrographique […] Quant aux affluents, ils n'ont jamais
fait l'objet d'investigation exhaustive de leur peuplement ».
Il s'agit donc d'un « état zéro », en quelque sorte.
Une tête de bassin à socle marneux
et calcaire
La Seine a un lit de 85 km en Côte
d'Or, département où elle prend sa source (Source-Seine, canton de
Venarey-les-Laumes). Ce parcours représente 11% de la longueur
totale du fleuve (777 km). Le bassin versant cote-dorien de la Seine
totalise 632 km, sur un socle géologique qui est essentiellement
composé de marnes et calcaires. Ce terrain très perméable peut
provoquer des infiltrations dans les failles et dolines, voire des
assecs (zones où la rivière suit son lit souterrain avec de
ressurgir en surface).
La Seine est assez rapidement renforcée
par des affluents en Côte d'Or. Après 25 km de cours, elle reçoit
les eaux du Revinson (long lui-même de 17 km et alimenté par la
Coquille, 10 km). A 37 km de sa source, la Seine est rejointe par le
Brevon (long de 32 km). L'étude du Sicec et de la Fédération
départementale de pêche a concerné au total 21 stations réparties
sur 8 masses d'eau : le cours de la Seine elle-même, le Brevon,
le Revinson, la Coquille, les affluents de la Coquille, le réseau des ruisseaux formant des affluents directs de la Seine en Côte
d'Or.
- la qualité physique (Indice
d'attractivité morphodynamique, IAM, ou simple description vitesse
de courant, hauteur d'eau, rapport substrat/support, température) ;
- la qualité physico-chimique et la
présence de certains polluants ;
- les peuplements macrobenthiques
(Indice biologique global normalisé, IBGN ;
protocole MAG20,
pdf, diverses sous-indices de mesures structurelles et
hydro-écologiques comme EPTC, RQE, Cb2, etc.), désignant des genres
de crustacés, mollusques ou ici insectes (Chloroperlidae, Perlidae,
Perlodidae) connus pour être des marqueurs de qualité de l'eau ;
- les peuplements piscicoles enfin,
analysés par pêche électrique (méthode Delury) compte tenu de la
faible profondeur des tronçons concernés. L'espèce la plus
caractéristique et la plus exigeante pour sa reproduction est la
truite fario. Certaines espèces d'accompagnement (chabot, vairon,
loche franche) donnent également des indications de qualité.
Une qualité physique et
physico-chimique dégradée
La qualité physique (morphodynamique)
du bassin de Haute Seine laisse à désirer : 80% des stations
sont en état mauvais ou très mauvais. Les causes en sont les
suivantes : sévérité des étiages, diversité moyenne des
substrats, colmatage du fond par des matières fines, piétinement
bovin et affaissement des berges, absence de ripisylve (arbres de
rive) impliquant la hausse des températures et l'absence de caches
racinaires, les obstacles à l'écoulement et étangs artificiels
favorisant eux aussi le colmatage ou la hausse des températures.
La qualité physico-chimique n'est pas
toujours plus enviable. La totalité du linéaire présente des
concentrations trop fortes en ammoniaques et phosphates (NH^4+,
PO4^3-). Les nitrates (NO^3-) ont un niveau conforme à la DCE sur la
plupart des sites, mais ils sont néanmoins en quantité trois à dix
fois supérieure au niveau optimal pour la vie aquatique. Les
concentrations de ces substances chimiques augmentent lors des
étiages, augmentant le stress sur la vie aquatique. Les matières
organiques se prêtent par ailleurs à l'oxydation, et consomment en
conséquence l'oxygène dissout présent dans les cours d'eau. Dans
certains cas (Revinson), le taux d'oxygénation approche de sa
valeur-limite pour les espèces qui en dépendent (la « biocénose
aérobie »), même si le bassin reste dans un état global
correct de ce point de vue.
Le rapport souligne que « la
pollution par les matières organiques, provenant essentiellement de
l'épuration défectueuse des communes et de l'activité agricole
(épandage d'engrais et de fumier / lisier, rejets de stabulation,
piétinement et déjection des bovins au niveau des berges et dans le
lit des cours d'eaux), est le problème majeur de l'altération de la
qualité physico-chimique des eaux du bassin de Seine ».
Les HAP s'ajoutent aux pollutions
agricoles et domestiques
Mais les rejets de matières organiques
par les réseaux domestiques et les activités agricoles ne sont pas
les seules en cause. La Seine et le Brevon présentent une « forte
altération » par les hydrocarbures aromatiques
polycycliques (HAP), des molécules carbone-hydrogène provenant
essentiellement de la combustion du charbon et du pétrole
(carburant, fioul). Ces composés étant hydrophobes (insolubles dans
l'eau), ils pénètrent préférentiellement les sédiments et les
matières en suspension. Comme le rappellent le rapport, « ils
vont affecter en tout premier lieu les espèces benthiques
(macro-invertébrés et poissons) entraînant la disparition des
espèces les plus polluosensibles. Possédant un fort pouvoir de
bio-accumulation, les HAP vont transiter dans tous les maillons de la
chaîne alimentaire des cours d'eau et s'accumuler dans les tissus
des espèces situées au sommet de la pyramide trophique ».
Cette pollution
indirecte par les combustibles fossiles rappelle au passage tout
l'intérêt qu'il y a de développer des sources d'énergie non
carbonées, parmi lesquelles figure l'énergie hydraulique. Les
effets des fossiles ne se limitent pas à la concentration
atmosphérique et au forçage radiatif des gaz à effet de serre,
ils concernent également l'eau et la vie aquatique, qu'il s'agisse
de l'acidification des océans ou de la pollution des rivières.
La conséquence logique de la présence
des HAP, phosphates, nitrates et ammoniaques est que les peuplements
macrobenthiques les plus sensibles à la pollution (groupes 8 et 9)
ont quasiment tous disparu du bassin de la Seine cote-dorienne. Mais
ce constat doit être nuancé car, au regard de critères retenus par
la directive-cadre sur l'eau, les autres peuplements sont dans un
très bon état, voire un état de référence dans les parties amont
des rivières. L'altération reste donc relative.
Des peuplements macrobenthiques
et piscicoles perturbés
et piscicoles perturbés
S'agissant des peuplements piscicoles,
les situations sont contrastées. Dans l'ensemble, en dehors des
zones les moins touchées par l'influence humaine, la population de
truite fario est plutôt déficitaire par rapport à ce que l'on peut
attendre d'un hydrosystème équivalent en très bon état
écologique : le déficit va de 20 à 100 %, avec une moyenne de
50% sur l'ensemble des stations. Il existe des fluctuations fortes
sur certaines rivières comme le Brevon, avec des zones proches de
l'optimum et d'autres à présence nulle. Le chabot et la loche
franche sont également déficitaires dans l'ensemble du réseau
étudié, le vairon ayant une présence plus équilibrée. L'ombre a
été réintroduit par la fédération de pêche, le blageon
(cyprinidé rhéophile) a fait sa réapparition.
Au total, on a relevé 8 espèces dans
la Seine (contre 5 signalées voici l'inventaire de 1992), autant
dans le Brevon, 7 espèces dans le Revinson, 5 espèces dans les
affluents du Revinson. Les ruisseaux affluents de la Seine ont une
biodiversité très variable, de 2 à 8 espèces.
Au final, très peu de stations peuvent
justifier d'un très bon écologique au regard des peuplements
macrobenthiques et piscicoles. L'étude ne permet d'attribuer avec
précision (c'est-à-dire avec une mesure relative de chaque facteur)
les causes de cette situation. Néanmoins, les auteurs concluent,
pour l'ensemble du réseau hydrographique : « La
qualité globale de l'eau demeure le facteur limitant essentiel du
réseau hydrographique. L'analyse des eaux de surface montre le
caractère vulnérable des secteurs karstiques avec une importante
contamination aux nitrates liées aux activités agricoles des
plateaux, engendrant d'importantes prolifération alguales. Toute
action restauratrice engagée verra ses effets pénalisés plus ou
moins rapidement par ce facteur prépondérant ». S'y
ajoutent « assèchement des zones humides, captages,
drainages ».
Les obstacles à l'écoulement – qui
intéressent au premier chef notre association dédiée à la
promotion du patrimoine et de l'énergie hydrauliques – figurent
également parmi les facteurs limitant la biodiversité piscicole :
l'étude souligne que cette cause est dominante sur le linéaire de
la Seine (obstacle infranchissables en montaison) et sur certains
secteurs du Brevon (étangs à eaux réchauffées, faible
circulation, potentialisant une pollution locale par l'assainissement
défectueux). Enfin, l'absence de ripisylve peut être un facteur
dominant sur certains tronçons (Revinson) car elle signifie un
défaut de cache et un réchauffement estival important.
En conclusion
D'abord, il convient de souligner la
grande qualité du rapport publié par le Sicec et la FDAAPPMA 21. La
méthodologie est décrite et référencée, les annexes donnent
toutes les mesures réalisées, la synthèse est claire. Il manque
éventuellement des résumés pour un plus large public, pas toujours
familier avec le vocabulaire de l'hydro-écologie, de
l'hydromorphologie et de l'hydrobiologie. Il conviendrait aussi de
mieux préciser comment sont fixés les peuplements de référence
(permettant de dire que telle espèce est sous-représentée sur un
tronçon) : en l'absence de données historiques, puisqu'il
s'agit d'un « état-zéro », on ne sait pas comment est
évalué le niveau de truite, loche ou chabot « normal »
d'un cours d'eau. Mais la qualité de l'étude est bienvenue à
l'heure où les réformes de continuité écologique entendent
imposer des priorités d'action sont parfois contestées. La
cohérence du prochain classement des rivières avec l'étude menée
en Haute Seine sera examinée – notamment le choix de classer
en liste 1 (ce qui suppose un « très bon état écologique »)
et la désignation des espèces cibles.
Ensuite, et pour en venir à ces
priorités d'action, la conclusion de l'étude ne permet nullement de
désigner les obstacles à l'écoulement comme la cause principale
d'altération de la biodiversité. L'absence de profondeur historique
interdit à ce stade de corréler les dégradations observées à des
facteurs dégradants, mais les polluants agricoles, domestiques et
HAP sont néanmoins désignés comme le premier facteur limitant de
toute restauration écologique. Comme on l'a signalé lors des débats
des derniers mois sur les aménagements écologiques de l'Armançon,
la circulation des poissons sera d'abord la circulation des poisons
si les causes premières d'altération chimique de l'eau ne sont pas traitées en priorité. Et la France est, hélas, très en retard de ce
point de vue. Il n'empêche que le franchissement d'obstacles, le bon
transport solide assurant des substrats diversifiés et les
régulations de température sur certains plans d'eau sont des
facteurs localement pénalisant, et appelant une action commune avec
les propriétaires d'ouvrages hydrauliques en vue de définir les
meilleures solutions.
Enfin, pour passionnante et nécessaire
qu'elle soit, cette étude ne dévoile qu'une dimension de la Seine
et de ses affluents. Une rivière n'est pas seulement un phénomène
naturel (domaine aquatique), mais elle est aussi et toujours un
phénomène culturel, social et désormais technique (domaine
hydraulique). Les temples des Lingons en l'hommage de Sequana (déesse
des eaux de la Seine) comme les forges gauloises installées au fil
des ruisseaux proches des sources de la Seine rappellent que
l'histoire des hommes et celles de leurs rivières se sont mêlées
très précocement sur les terres bourguignonnes. C'est donc un
patrimoine complexe allant de l'état physique, chimique et
biologique de l'eau jusqu'à l'histoire et l'avenir de ses usages
humains qu'il s'agit aujourd'hui de penser, et d'aménager, pour
léguer aux générations futures des rivières de qualité.
Référence : Sicec,
FDAAPPMA 21, Etude des peuplements piscicoles et macrobenthiques de
la Seine et de ses affluents au regard de la qualité physique et
chimique de l'hydrosystème. Défnition d'un état initial (2011),
2012.
Images : toutes les images
de cet article (hormis la dernière) sont extraites du rapport. Tous
droits réservés Sicec/FDAAPPMA21.
31/10/2012
Assises de l'énergie en Côte d'Or : un bilan très positif
Le 25 octobre 2012 se sont tenues les
Assises de l'énergie en Côte d'Or, au Palais des Congrès de Dijon,
à l'initiative du Siceco soutenu
par l'Ademe. Deux
représentants d'Hydrauxois y ont assisté, parmi 250 autres
personnes, essentiellement des élus locaux. L'après-midi fut très
riche en exposés et débats. En voici une synthèse, orientée bien
sûr sur l'hydraulique.
Un constat fut partagé par tous les
intervenants : la transition énergétique n'est plus une
option, mais une nécessité pour de multiples raisons (le coût
croissant du fossile impliquant un déficit de balance commerciale et
une précarité des ménages, le risque du réchauffement
climatique). Cette transition prendra deux formes : d'abord des
économies d'énergie (de l'ébriété à la sobriété), dans le
domaine notamment du transport et du chauffage ; ensuite une
production d'énergie diversifiée accordant une part croissante aux
sources renouvelables.
Bourgogne : 2 à 3 MW de micro-hydraulique d'ici 2020
En Bourgogne comme ailleurs, ces
sources d'énergie renouvelable sont multiples : l'éolien, la
biomasse (bois, déchets, biocarburants, biogaz), le solaire, la
géothermie et bien sûr l'hydraulique. Le Schéma
régional Climat, air et énergie (SRCAE) a été présenté :
cet outil directeur à échelle de la région permet de dessiner les
énergies à développer à horizon 2020 (23% de renouvelable dans le
mix énergétique), puis 2050 (division par 4 des émissions carbone,
donc de la part fossile du mix).
Pour la petite hydraulique telle que
nous la promouvons en Auxois-Morvan, le SRCAE prévoit 2 à 3 MW
supplémentaires de puissance d'ici 2020 (2,5 MW et 5 GWh en
hypothèse moyenne), auxquels s'ajoutent l'amélioration des
installations existantes (54 à 57,5 MW, gain de 4 GWh). Sachant que
les équipements ont une puissance modeste, cela représente
plusieurs centaines de moulins ou anciennes à usines à développer
rapidement. D'autant plus rapidement que la complexité règlementaire
des projets hydro-électriques imposent plusieurs années entre la
décision de produire et le premier kWh produit. Plusieurs élus ont
d'ailleurs signalé lors des débats que cet objectif
hydro-électrique demandait une conciliation urgente avec la
continuité écologique telle qu'elle est actuellement défendue par
les Agences de l'eau et par les représentants de la DDT et de
l'Onema. L'association Hydrauxois s'est ouvert du problème à M.
François Bellouard, directeur études et projets de la DREAL
Bourgogne, et a sollicité une réunion de travail à ce sujet.
Le cadre de la transition énergétique
ne se limitera pas au SRCAE. Le Conseil général de Côte d'Or (sous
la responsabilité de M. Jean-Noël Thomas et avec l'agence Auxilia)
prépare actuellement un Plan
Climat Energie Territorial (PCET) à l'échelle du département,
tandis que le Siceco, sous l'impulsion de son directeur général
Jean-Michel Jeannin et avec l'agence Energies Demain, publiera en
2013 également un Schéma énergétique départemental.
L'association Hydrauxois travaille dès à présent à une
contribution sur la place de la micro-hydraulique dans ces
dispositifs départementaux, car le potentiel de cette énergie est
difficile à appréhender avec les outils classiques de modélisation
énergétique.
Les collectivités locales aux avant-postes
Au plan national, et non plus local,
ces réformes en cours se déroulent à l'horizon de deux lois très
importantes : l'une sur la décentralisation, l'autre sur la
transition énergétique. Un grand débat sur l'énergie aura lieu
entre décembre et avril prochains. Ces lois vont repréciser le rôle
des collectivités locales dans la transition énergétique :
les collectivités maîtrisent aujourd'hui les réseaux (dont elles
sont propriétaires sur leurs territoires), mais elles devraient
acquérir un rôle croissant sur les postes de production d'énergie
et de maîtrise d'énergie. Le cas du parc éolien et des chaufferies
bois du Pays
de Saint-Seine (Catherine Louis) a permis d'illustrer cette
évolution, de même que les exemples de montages en sociétés
d'économie mixte présentés par Sergie (86) ou le Syndicat
intercommunal d'énergie, d'équipement et d'environnement de la
Nièvre (SIEEEN, 58).
Le bilan de ces premières Assises de
l'énergie est donc très positif. Les acteurs locaux ont une claire
conscience de la nécessité de développer toutes les énergies
renouvelables du territoire, et aucun n'envisage de se priver de la
contribution hydraulique dès lors que celle-ci assure sa
compatibilité avec la continuité écologique.
Une cohérence nécessaire du discours public
Il reste néanmoins un problème de
cohérence à résoudre, car les Agences de l'eau et l'Onema tiennent
aujourd'hui un discours de terrain poussant à l'effacement des
obstacles à l'écoulement plutôt qu'à la modernisation
énergétique-écologique des moulins et des anciennes usines.
Ce
choix n'est évidemment pas viable au regard de la transition
énergétique, puisque l'effacement de l'obstacle équivaut à la
disparition du potentiel d'énergie hydraulique. Et ce dernier n'est
pas négligeable. Pour la seule ville de Semur-en-Auxois, que notre
association a bien étudiée en raison des circonstances de sa
naissance, l'équipement du barrage communal et des seuils privés présents sur
l'Armançon pourrait par exemple représenter près de 300 kW de
puissance cumulée, soit (en tenant compte du facteur de charge
hydraulique) l'équivalent de la consommation électrique totale de
plus de 120 foyers.
On voit donc, concrètement, ce que peut apporter
la micro-hydraulique à la transition énergétiques de nos
territoires.
26/10/2012
Armançon : un bilan écologique et hydrologique
Le schéma d'aménagement et des
gestion des eaux (SAGE), porté par le syndicat de rivière Sirtava,
a dressé un Rapport
environnemental (2010) du bassin de l'Armançon, dont la version
définitive a été publiée cette année après consultation
administrative et enquête publique (voir le Rapport
d'enquête).
Ce rapport est l'occasion de rappeler
les faits essentiels sur l'état de l'Armançon, principal cours
d'eau de l'Auxois, notamment sur la qualité physique, chimique et
biologique de son eau. Nous focaliserons ici plus volontiers sur
l'Armançon cote-dorien, sachant que la rivière coule aussi dans
l'Yonne et l'Aube.
Un bassin versant allongé
Le bassin versant de l'Armançon occupe
au total 3100 km2, en forme de bande orientée Sud-Est /
Nord-Ouest. L'ensemble des cours d'eau y occupe 1255 km de linéaire.
La partie amont en Auxois est très dense en rus et ruisseau, formant
un « chevelu » de cours d'eau alimentant l'Armançon et
ses grands affluents. Les masses d'eau souterraines en Auxois,
appelées aquifères, se développent dans un socle géologique à
dominante marnes et calcaires, avec des affleurements plus compacts
et plus imperméables du socle cristallin du Morvan.
Du point de vue hydromorphologique, le
bassin versant de l'Armançon présente « un certain équilibre
sédimentaire », comme l'avait établi la mission Hydratec
2007. Les érosions de berges fournissent une charge alluviale assez
importante (transport de particules fines, sables, graviers, voire
galets), avec des faciès d'écoulement variés. Il existe donc ce
que l'on nomme des « espaces de mobilité fonctionnelle »
où les rivières conservent un équilibre physique.
Pour la végétation (ripisylve, nom
donné aux arbres en bordures de rivière), on observe que 46% du
linéaire des cours d'eau sont dépourvus de végétation, 36%
possède une végétation discontinue et 18% des formations boisées
épaisses. Il existe deux principales espèces végétales invasives
: la renouée du Japon et le faux acacia, contre lesquels on ne
connaît pas de moyen de lutte eficace à ce jour.
Concernant les poissons, le Rapport
note que « le bassin de l'Armançon est globalement
caractérisé par une richesse piscicole en lien avec la diversité
de ses habitats (ruisseaux, rivières, lacs, canal). 32 espèces ont
été recensées ». L'Armançon est une rivière
cyprinicole (dominante de « blancs », 2e catégorie de
pêche), mais ses petits affluents sont généralement salmonicoles
(truites et ombres, 1re catégorie). Il existe trois espèces
invasives reconnues chez les Crustacés : les écrevisse américaines,
écrevisses de Floride et écrevisses de Louisiane. Elles sont
surtout présentes en amont (Auxois) et menacent l'espèce
patrimoniale (écrevisse à pieds blancs) par concurrence de
territoires ou charge pathogène. (Le Rapport ne mentionne pas
le cas des silures, sur lequel des témoignages négatifs ont été
rapportés, y compris en bassin Amont).
Les pollutions d'origine anthropique
Le territoire est à dominante rurale :
67 % d'occupation agricole, 30% de forêts et seulement 2% de sols
artificialisés (villes, zones d'activité). On compte 105.138
habitants dont 38% en Côte d'Or.
Premier problème : la pollution
domestique, avec 56% des raccordements collectifs en bon
fonctionnement, mais 44% en état insatisfaisant pour l'ensemble du
bassin. S'y ajoutent les assainissements autonomes, en état plus
néfaste encore puisque 90% sont non conformes et 75% de la charge
polluante y est rejetée après usage. Conséquence : rejet de
matières organiques et oxydables (DBO, DCO, NH4), de nitrates, de
matières azotées et phosphorées.
La pollution agricole représente un
autre enjeu pour la qualité biologique et chimique de l'eau. Le
territoire est rural, dominé par l'élevage en Auxois et par la
culture céréalière vers l'aval. Cela représente une forte
ponction d'eau en irrigation (215.000m3/an) et abreuvage
(515.000m3/an). Le Rapport environnemental note que la qualité
physico-chimique est « passable » sur le bassin,
avec trois « altérations déclassantes » : les
nitrates, en tête de bassin et à l'aval ; les produits
phytosanitaires sur presque tout le bassin ; les matières azotées
et phopshorées, également rejetées sur l'ensemble des eaux
superficielles. Il en résulte que « la qualité des
peuplements piscicoles connaît une nette dégradation d'amont en
aval ».
A cette pollution agricole et
domestique s'ajoute enfin la pollution industrielle, qui est
localisée à quelques sites (par exemple Montbard pour l'Auxois) :
rejets de métaux, hydrocarbures et pesticides, formant autant de
« substances toxiques prioritaires ». Il existe
aussi une « pollution artisanale » car les très petites
entreprises déversent ce que l'on appelle des « déchets
toxiques en quantité dispersée » : solvants, encres,
colles, vernis, huiles, liquide de refroidissement, batteries etc.
La question des seuils et barrages
La question des « obstacles à
l'écoulement » est bien sûr abordée dans le Rapport
environnemental. Elle concerne les ouvrages hydrauliques placés
sur le lit mineur (seuils et glacis de moulins, barrages) ou sur les
berges (enrochements, digues). La mission Hydratec 2007 avait évalué
à 140 le nombre de seuils présents sur le linéaire de l'Armançon,
sans données pour les affluents (Brenne, Armance, Créanton,
Cernant, Brionne, Prée et les nombreux ruisseaux).
Les obstacles dits longitudinaux sont
ceux qui modifient l'écoulement de l'amont à l'aval. Avec deux
effets : un blocage partiel du transport solide, accumulant les
sédiments à l'amont et provoquant un déficit à l'aval ; l'entrave
à la circulation des poissons, principalement à la montaison
(remontée vers l'amont).
Les obstacles dits latéraux (en bord
de rivière) empêchent quant à eux la formation spontanée de zones
humides présentant des alternances saisonnières (marnage). Ces
zones humides sont propices à la biodiversité. Les obstacles
latéraux peuvent également empêcher la connexion de milieux
différents.
Le dernier effet jugé néfaste pour
les obstacles à l'écoulement est l'affaiblissement des capacités
d'auto-épuration des cours d'eau, en raison de l'accumulation et
stagnation dans les retenues amont des biefs.
En conclusion : quelques
orientations nécessaires
L'association Hydrauxois défend le
patrimoine et l'énergie hydraulique sur nos rivières, mais elle est
évidement concernée par l'environnement aquatique. Et tous les
amoureux de l'eau le sont, quelle que soit la dimension de l'eau
qu'ils préfèrent. Le Rapport environnemental du SAGE nous
paraît appeler les remarques suivantes.
• Ce Rapport manque de
précision dans le domaine biologique et écologique, par rapport à
d'autres travaux sur des rivières de la région. Nous parlerons
prochainement d'un travail mené en Haute Seine, qui est très
approfondi de ce point de vue. Ainsi, sur l'Armançon, il existe peu
d'informations sur la macrofaune benthique, sur l'avifaune,
globalement peu de détails sur le peuplement piscicole par rivières
et tronçon de rivière dans le cas de l'Armançon.
• Il en va de même pour les
questions de pollution chimique. Les différents effluents à
problème sont certes énumérés, mais on ne dispose pas de
profondeur historique pour mesurer l'évolution de la qualité des
eaux et de la quantité des rejets. Par ailleurs, on ne dispose pas
non plus des critères de qualité posés par la directive-cadre
européenne sur l'eau, de sorte que l'on évalue mal l'état réel
des rivières. Rappelons qu'en 2011, une analyse approfondie sur les
micropolluants, menée par le service observation et statistique du
Commissariat au développement durable sur 91% des rivières, a
révélé la présence de 413 micropolluants (sur 950 étudiés) dont
un certain nombre affecte la santé et l'environnement, même à
faible dose (source,
pdf).
•Les données rassemblées indiquent
que par rapport aux pollutions persistantes, au premier rang
desquelles la pollution agricole par rejet d'effluents
culture-élevage et la pollution domestique par défaut
d'assainissement, les obstacles à l'écoulement ne représentent pas
un problème prioritaire. Malgré leur présence multiséculaire dans
la plupart des cas, l'état sédimentaire est jugé à l'équilibre
sur le bassin versant, et la biodiversité piscicole reste de bonne
tenue sur le bassin.
• Certains résultats sur les
obstacles à l'écoulement demandent approfondissement. Par exemple,
les relevés sédimentaires opérés par le Sirtava sur la retenue du
barrage de Semur ne montraient pas de niveaux de pollution anormaux.
Or le barrage étant sans usage depuis plusieurs décennies (non
vanné), et situé non loin d'une ancienne décharge municipale, cela
pose question sur l'auto-épuration jugée défaillante à l'amont
immédiat d'un obstacle. Ce point serait à vérifier empiriquement,
en procédant à des mesures de sols et sédiments plus approfondies.
Il en va de même pour l'érosion de la biodiversité piscicole de
l'amont vers l'aval, observée dans le Rapport : ce devrait
être l'inverse, puisque l'effet des obstacles est de plus en plus
marqué vers l'amont (non-franchissements successifs en montaison, la
dévalaison n'étant pas entravée).
• Tout cela ne signifie pas que
l'inaction est de mise pour les seuils ou barrages, mais nous serons
vigilants sur la hiérarchie des actions en terme de qualité de
l'eau. Les investissements des collectivités, du syndicat de
rivière comme de l'Agence de l'eau n'étant pas extensibles à
l'infini, il faut mettre comme priorité la qualité chimique et
biologique des eaux, par lutte contre les pollutions directes. Et en
ce qui concerne les restaurations de continuité écologique, il
convient de cibler d'abord les « points noirs »... et de
le faire avec une certaine honnêteté intellectuelle. Un grand
barrage VNF de 20 mètres de hauteur est un obstacle autrement
paralysant pour la circulation du poisson qu'un glacis de moulin
médiéval. Néanmoins, si le syndicat de rivière, l'Onema et
l'Agence de l'eau apportent leur contribution technique et
financière, il sera tout à fait possible d'améliorer la continuité
morphologique et biologique en construisant des passes à poissons et
en modernisant les vannages. Voire en arasant ou dérasant certains
obstacles, une fois vérifié que l'opération est compatible avec
l'intérêt patrimonial et qu'elle ne prive pas l'Auxois d'une
ressource énergétique facilement exploitable.
22/10/2012
Un guide remarquable pour la restauration énergétique des moulins
Bien des moulins sont intéressés par
la restauration de leurs ouvrages hydrauliques et la mise en place
d'une production d'énergie. Mais les questions sont nombreuses, et
le sujet complexe. Ai-je le droit de produire de l'électricité ?
Que disent les règlementations ? Dois-je m'orienter vers
l'autoconsommation ou la revente au réseau ? Quelles sont les
options techniques (roues hydrauliques, vis hydrodynamiques,
turbines, générateurs synchrones et asynchrones, etc.) ? Et
les contraintes environnementales, architecturales ou autres ?
On trouve plusieurs publications en
ligne de l'Ademe ou de France Hydro Electricité. Mais elles sont
rarement adressées aux moulins et centrales de très petite
puissance (moins de 100 kW). Les travaux suisses de l'Office fédéral
de l'énergie, programme
PACER, donnent quant à eux des explications détaillées sur les
principes techniques de la petite hydro-électricité, mais ils sont
de niveau ingénieur.
Un travail remarquable permet pourtant
au propriétaire de moulin de comprendre les enjeux. Il s'agit d'un
mémoire de maîtrise soutenu par Michel Heschung (ingénieur
ENSTIM), et intitulé Guide pour la réhabilitation des moulins
hydrauliques en vue de la production d'électricité. Conçue de
manière très opérationnelle, rédigée dans un style clair et
abordable, cette publication fait un point complet sur chaque aspect
d'un projet hydro-électrique. Sa lecture est donc très vivement
conseillée à tout propriétaire caressant l'idée de remettre en
service la production hydraulique de son moulin. Mais aussi à tous
les curieux en quête d'une introduction de grande qualité à ces
questions.
Téléchargement (pdf, 3,7 Mo)
Michel Heschung (2007), Guide
pour la réhabilitation des moulins hydrauliques en vue de la
production d'électricité
A noter : Pour ceux qui
préfèrent une version papier, le Guide de M. Heschung a été
édité en livre par la FFAM.
Il coûte 32 euros port compris, ou 26 euros sur stand de la
Fédération lors de ses manifestations régionales.
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