26/04/2020

Barrages mal gérés de l'Yonne, niveaux en baisse, faune en danger

Le manque d'eau commence à se faire sentir dans le centre et l'est de la France. Sur la rivière Yonne en amont de Paris, la mauvaise gestion des vannes des barrages entraîne une chute des niveaux et des premières mortalités piscicoles. Riverains, pêcheurs et naturalistes s'alarment du résultat et des risques pour les milieux. Un avant-goût de ce que donne la conjonction de la sécheresse et du non-maintien des lames d'eau par les ouvrages —voire dans la pire hypothèse de la destruction irréversible de ces ouvrages, comme cela a eu lieu sur de trop nombreux sites. Conserver une capacité à gérer les niveaux d'eau pour la société et pour le vivant doit impérativement devenir un axe de nos politiques publiques. 


Une page Facebook "Alerte rivières et canaux" a été lancée par des riverains et usagers inquiets, car les niveaux de l'Yonne sont extrêmement bas dans la région icaunaise. France 3 Régions s'est fait l'écho du problème.

Nous incitons nos adhérents de l'Yonne à rejoindre le groupe et à documenter des problèmes similaires en Bourgogne.



Extraits :

"Le manque de pluie se fait cruellement sentir dans les rivières. C’est encore plus le cas dans celles où la main de l’homme est nécessaire pour maintenir un niveau d’eau suffisant. L’Yonne est à certains endroits presque à sec depuis plusieurs semaines. Une réelle menace pour la faune et la flore. Un crève-cœur pour les icaunais soucieux de l’environnement. D’autant que certains d’entre eux ont l’impression que les pouvoirs publics ne prennent pas la mesure du problème et n’agissent pas, ou trop peu.

Parmi eux il y a David Rosse. Le milieu des rivières il connait bien, il a travaillé 6 ans dans un magasin de fourniture de pêche à Monéteau. Pour lui « le niveau d’eau actuel est inquiétant voir dramatique sur 130 kilomètres de Clamecy à Sens ».

Une situation qu’il n’accepte pas et qu’il attribue à une mauvaise gestion des cours d’eau. «Juste avant le confinement les rivières étaient assez pleines. Voies Navigables de France avait ouvert les barrages pour éviter les inondations. Depuis le confinement ils ont laissé ouvert et n’interviennent plus. J’ai l’impression que partout où les voies servent aux transports de marchandises on se soucie du niveau de l’eau, et que là où il n’y en a pas on s’en fout» pense-t-il.

Il ajoute : « J’ai essayé d’appeler tout le monde. J’ai contacté VNF, la préfecture et même le ministère de l’environnement. Personne ne m’a répondu ! Alors je me suis dit, si on veut faire bouger les choses on va devoir monter une page facebook »

Et c’est ce qu’il a fait le 20 avril dernier. Sur la page on trouve des photos de la rivière prises par une trentaine de contributeurs. Elles montrent le faible niveau d’eau à différents endroits du département comme à Augy, Dornecy ou encore Coulanges sur Yonne.



En haut de la page un mot est inscrit en lettre rouge majuscule. Le mot « ALERTE » que Davide Rosse estime employer sans exagération. « Si la situation perdure tous les poissons vont mourir et de ce fait les oiseaux aussi. En plus nous sommes en période de reproduction. Il faudra donc ensuite beaucoup de temps pour que certains bras retrouvent un écosystème aquatique ».

Pêcheurs et agriculteurs également inquiets
Parmi les plus préoccupés de la situation on trouve les pêcheurs. « C’est une catastrophe ! Il ne faudrait pas que ça s’aggrave d’avantage. Il faut que VNF remonte les barrages et qu’ils fassent vite » nous indique Didier Barbier, président de l’Union des Pêcheurs auxerrois.

« Avec le beau temps l’eau s’évapore et les poissons meurent. On m’a déjà signalé des poissons morts à plusieurs endroits ». Un constat difficile à accepter pour ce responsable associatif déjà privé, du fait du confinement, de l’ouverture de la pêche au brochet prévue le 25 avril.

L’inquiétude grandit aussi dans le monde agricole. Cette baisse de niveau risque d’avoir des répercutions sur l’abreuvage du bétail et sur l’arrosage des champs.

Les actions de VNF ralenties par le confinement
« Si on avait su les conditions météorologiques de ces 5 dernières semaines on aurait agi en amont, mais il y a 5 semaines on ne savait pas » reconnait Thierry Feroux, directeur opérationnel à VNF Centre-Bourgogne. (...)

Depuis début avril les interventions ont repris mais demandent plus de temps qu’avant le Covid. Il ajoute. «Sur l’Yonne nous avons une quarantaine de barrages qui nécessitent beaucoup de personnes. En ce moment c’est compliqué de réunir une dizaine d’agents en respectant les gestes barrières. Notre rythme d’intervention est largement plus lent qu’auparavant. Nous sommes déjà intervenus en amont d’Auxerre mais cela prend du temps. D’autant que lorsque l’on ferme un barrage cela assèche le bief à l’aval. Il faut donc attendre qu’il se remplisse pour fermer le précédent. Et comme en ce moment le débit de l’eau est faible cela prend plus de temps».

7 commentaires:

  1. La rivière a - t - elle un SAGE grâce à une Commission Locale de l ' Eau ( CLE ) ? SAGE = Schéma d ' Aménagement et de Gestion de l ' Eau ! La CLE = " petit parlement de l ' eau ; 3 collèges : représentants des collectivités locales concernées ; représentants de tous types " " d' usagers " ; représentants des Services de l ' Etat concernés . VNF n ' est , en aucun cas ( ! ) " propriétaire de la rivière ; à vous d' en faire tirer les " doits et devoirs " , via les " , nécessaires , collèges !

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    1. SDAGE,SAGE ,CLE,Conseils de bassin,Agence de l'eau,syndicats de rivières OFB etc etc , beaucoup trop de commissions et d'argent dilapidé en d'inutiles réunions et d'acteurs qui ne maîtrisent pas le sujet autour des tables. Le moment n'est-il pas opportun de faire le ménage dans toutes ces entités ?

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    2. La simplification est souhaitable. Le schéma SAGE (bassin versant) et SDAGE (grande région fluviale) est suffisant. Le millefeuille est gênant, à cause du doublon entre services locaux et services de l'Etat, auquel s'ajoutent diverses agences nationales. Dans une logique décentralisée, ce sont les régions et les communes assemblées en syndicat qui gèrent a u plus près du terrain et des habitants. A condition d'un vrai contrôle démocratique de cette gestion (transparence des données et décisions, assemblée délibérative incluant tout le monde dont des riverains, bilans sincères des politiques sur leurs objectifs, etc.).

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  2. Je serais curieux de savoir combien cette pantomine d'acteurs de l'eau coûte aux français. Ces services qui se marchent dessus orchestrés par des "Animateurs" payés par les départements et l'agence de l'eau , directement ou indirectement, au travers de diverses organisations PNR , Syndicats de rivières, fédération de la pêche à la ligne,tous ces gens là manoeuvrent au sein des réunions et enfument les élus qui pour beaucoup ne comprennent pas trop ce qui se passe. je ne suis pas sûr que les agents de la police de l'eau soient d'accord pour "subir" cette clique. Je pense que les services OFB et agence de l'eau suffisent pour faire remonter les informations et que le reste des acteurs de l'eau devraient être des bénévoles associatifs dont les riverains et les asso de sauvegarde des moulins .

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  3. Le domaine de l'eau est au contraire de ce que vous prétendez très structuré et vos propos traduisent surtout votre ignorance. C'est même un des rares domaines de l'environnement qui jouit d'une telle structuration (penchez vous par exemple sur le domaine de l'air ou de la biodiversité ... vous verrez la différence) . Cette structuration qui ne date pas d'aujourd'hui vient d'être complétée par l'introduction de la nouvelle compétence GEMAPI qui (entre autres fonctions) comble le manque de maitrise d'ouvrage dans le domaine de la gestion des cours d'eau non domaniaux. Pour reprendre vos propos les PNR n'ont aucun rôle en tant que PNR dans le domaine de l'eau pas plus que les régions ou les départements : il leur manque pour cela la logique de bassin versant que leur périmètre ne prend généralement pas en compte. Quant aux agences de l'eau il s'agit essentiellement d'organes de financement qui n'ont aucun rôle opérationnel au bord des cours d'eau. Aujourd'hui la disparition des syndicats de rivières le plus souvent par intégration ou transformation en EPAGE ou EPTB diminue au contraire le nombre d'intervenants ... il reste à conserver la participation de toutes les parties prenantes à la gestion des cours d'eau comme c'est déjà le cas dans le périmètres de SAGE via les CLE ... la question reste posée là où il n'y a pas de SAGE...

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    1. Remarquez, l'Union soviétique hier ou la République populaire de Chine aujourd'hui sont aussi des régimes très "structurés", si c'est cela que vous aimez :-)

      La question est de savoir comment et où se prennent les décisions importantes, il faut arrêter de mentir en disant que les CLE sont importantes alors que les CLE viennent après la DCE, après les orientations de la DEB au MTES, après le SDAGE, après le SAGE... autant dire qu'on touche des jetons de présence mais que ce n'est en rien une assemblée de la rivière qui décide de l'avenir de la rivière. Cela, ce serait de la démocratie et de la subsidiarité.

      Dans le domaine de l'eau, il y a encore plein de choses confuses à mesure que l'on se rapproche de l'échelon local, qui devrait être celui de la discussion et décision : vous dites à un responsable de syndicat qu'il y a des problèmes de pollution agricole ou de ruissellement urbain, mais ce n'est pas leur compétence, eux n'y peuvent pas grand chose, ils font de la GEMAPI, c'est-à-dire beaucoup de morphologie mais quasi rien sur la chimie et la physico-chimie. Or manque de pot, toutes les études scientifiques d'hydro-écologie (pas les bilans sans modèles interprétatifs des agences de l'eau) montrent que la morphologie n'est pas le premier facteur de dégradation, et quand c'est morphologie, c'est l'usage des sols du bassin versant qui vient en premier et non pas la configuration du lit mineur. Donc à quand un syndicat "eau" qui s'occupe de toutes les dimensions "eau" de son bassin versant, et dont les orientations sont décidées par délibération démocratique, sur la base d'un vrai diagnostic du BV avec des mesures, des chiffres, des preuves? On en est très loin !

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  4. S'il n'y avait pas de barrage sur ces secteurs, on serait tellement plus tranquille....et les poissons aussi.

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