20/03/2022

La scandaleuse destruction en cours des étangs du Châtillonnais

Les gestionnaires publics – Office national des forêts, Parc national des forêts de Champagne et Bourgogne, services de l'Etat (DDT, OFB) – sont en train de détruire un par un tous les étangs, retenues, biefs et plans d'eau du Châtillonnais. Leur cible actuelle est formée par les étangs des Marots, un patrimoine naturel, culturel et paysager remarquable. Les riverains sont vent debout contre l'orientation actuelle vers la destruction de ces sites, qui ont déjà été asséchés et laissés sans remise en eau depuis 5 ans. Une pétition est lancée. Hydrauxois se joint au collectif local des associations et riverains pour envisager des actions en justice si ce désastre devait persister. 


Voici bientôt 5 ans, la vidange des étangs des Marots situés en forêt domaniale de Châtillon a été réalisée dans la perspective d’en effectuer le curage et de procéder à la réparation des digues. Les riverains se sont réjouis de cette entreprise qui devait assurer la pérennité de ces petits plans d’eau.

La remise en eau devait être réalisée dans un délai variant entre un et deux ans après la vidange. Or, il n'en fut rien.

Selon les informations recueillies auprès des représentants de l’Office national des forêts, chargé de la gestion des lieux pour le compte de l’État, la poursuite des travaux était subordonnée à la réalisation d’aménagements à effectuer et imposés par la DDT et l'OFB, dont le coût, très élevé, ne pouvait être assuré par l’ONF.

Aujourd’hui, il serait question de l’effacement pur et simple de ces plans d’eau, au titre de la loi sur l’eau et de la continuité écologique, contrairement à ce qui avait été affirmé. Ces effacements feraient suite d’ailleurs à ceux des étangs Narlin, situés un peu en amont, entrepris il y a une quinzaine d’années et à l’effacement, en cours, de celui de Combe Noire, faute d’entretien.

Le parc national des forêts de Champagne et Bourgogne, créé en 2019, vient d'appuyer la démarche d'effacement dans une note officielle publiée ce mois de mars 2022. 


Cette position soulève la stupeur et la colère des riverains. Les populations locales, très attachées à la beauté de la route d’accès à l’abbaye du Val-des-Choux, sont vent debout contre ce projet et demandent de sursoir à son exécution.

En effets, l'assèchement puis l'éventuelle destruction des étangs des Marots représentent :
  • la destruction d'un cadre de vie très apprécié, ces étangs étant fréquentés toute l'année par les riverains (quand ils sont en eau!),
  • l'altération de la recharge hydrologique des nappes et aquifères, dans une région qui connaît désormais des assecs sévères, aggravés par des travaux lourds de recalibrage des lits dans les années 1960-1980,
  • la perte de la biodiversité acquise autour des étangs, cette richesse faunistique et floristique ayant été documentées par des promeneurs passionnés et naturalistes (exemples ci-dessous),
  • l'élimination d'un patrimoine historique remarquable, les plus anciens sites datant probablement du XIIIe siècle,
  • le torpillage de l'attrait touristique et paysager du Parc des forêts, alors qu'une enquête avait montré que les visiteurs sont attirés à hauteur de 4% par les forêts et 44,9% par le milieu aquatique (rivières, plans d’eau, étangs).
La charte du Parc de forêts approuvée par décret du 6 novembre 2019 dit : "le cœur de parc national est avant tout un espace de conservation et de mise en valeur des patrimoines naturels, culturels et paysagers… C’est une 'vitrine' des patrimoines et des savoir-faire, un espace conservatoire de cibles à forte valeur patrimoniale, locale, régionale ou nationale…"

Pour cette raison, le patrimoine à la fois naturel, culturel et paysager des étangs des Marots doit être préservé et restauré dans toutes ses fonctions utiles au vivant et à la société. 

Hydrauxois se joint au collectif local d'associations et de riverains, et engagera si nécessaire des démarches en justice pour empêcher le gestionnaire public de détruire un patrimoine remarquable. Nous appelons déjà à signer la pétition citoyenne en ce sens, qui a reçu plus de 1000 signatures locales en une semaine.


12 commentaires:

  1. Toujours et partout la même idéologie dogmatique et intégriste: si c'est humain, c'est mauvais, et il faut le détruire. Quand va-t-on virer ces gens qui vivent de nos impôts et qui utilisent ces impôts pour un programme nuisible à la population???

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    1. Parfaitement d'accord. En tant que belge, ça fait des années que je regarde après un étang et un peu de bois autour pour m'occuper pendant ma pension (et avant si possible!). quand je lis tout ça, je n'ai aucune envie d'investir un seul kopeck en France. L'administration belge est parfois gratinée, mais en France elle atteint des sommets de surréalisme.

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  2. Belle plaine d'inondation et jolie zone humide après, pas mal. Sujet à creuser, il manque des informations pour se positionner.

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    1. Voyez l'article de Maass et al 2021 récemment commenté (ou celui de Merritt 2008 dans Nature qui observait ce que donnaient les fins d'ouvrages moulins / étangs en morphodynamique). Pour qu'il y ait une "plaine d'inondation", il faut des conditions, notamment pas d'incision du lit. Cela demande des travaux beaucoup plus lourds, qui ne sont pas faits. En réalité, ces travaux de simple suppression de digues ou de chaussées mènent à des petits lits incisés de ruisseaux avec reprise forestière autour, pour une biodiversité de milieux aquatiques / humides à l'arrivée ayant des chances d'être plus faibles (moins d'eau, moins de lumière, moins d'écotones). Et quand il y a de l'eau, puisque cette zone du plateau de Langres souffre d'assecs de plus en plus importants même à pluviométrie normale (cf travaux de P. Potherat).

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    2. Cela ne répond pas à la demande. Il ne s'agit pas d'informations concernant ce projet. Ici, le lit ne semble pas incisé, a voir si le lit doit être reméandré ou si cela peut se faire naturellement, cela dépend de plusieurs facteurs que nous n'avons pas ici. L'étude de Maass et al 2021 a été lue et est bien plus nuancée que ce que vous affirmé. Ces travaux d'accompagnement ne sont pas toujours nécessaire, ici il est impossible de se positionner. Concernant l'histoire de "quand il y a de l'eau....), vous devriez revoir le fonctionnement d'une zone humide, c'est comme un étang, ça retient l'eau "sous terre" (je simplifie) quand il pleut et la redonne quand il fait sec sauf que ça évapore beaucoup moins. Ici, encore une fois, sans éléments supplémentaires, il est impossible de dire qu'il ne s'agit pas de la mise en place d'une zone humide fonctionnelle. Au vu de vos deux photos "après", le lit majeur a l'air fonctionnel et connecté, il en va de même pour la fonctionnalité de la zone humide qui semble se créer. Encore une fois, il ne s'agit pas de dire c'est formidable ce qu'ils ont fait ou que c'est nul. Je pointe juste le fait qu'en l'état actuel des informations données, il est impossible de se positionner sur l'impact positif ou négatif de la chose sur la ressource en eau. Pour ce qui est de l'impact sur le patrimoine et l'aspect paysager, cela en effet provoque de gros changements et peut être perçu comme négatif.

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    3. Les photos sont en hautes eaux. Ce genre de chantier en été quand vous photographiez le résultat, cela donne cela par exemple :
      http://www.hydrauxois.org/2019/07/la-romanee-reduite-des-flaques-deau-au.html

      (Regardez la photo qui mesure la hauteur de berge en lit d'été... pour que ces petits chenaux de tête de bassin gagne 1 m de lame d'eau et déborde, il faut quand même un sacré événement ; vous revenez 20 ans plus tard, vous avez juste un rû qui serpente dans une forêt, et pas une "forêt humide" ; ou alors vous avez... des castors qui coupent les arbres et qui créent des barrages, car contrairement à ce que disent les obsédés de la continuité, c'est une très bonne chose s'avoir des obstacles à l'écoulement).

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    4. Et puis bon, vous avez un système en eau, vous avez de la biodiversité documentée, donc n'inversez pas la problématique : vos copains détruisent cet hydrosystème en place. Ce serait un plan d'eau "naturel" avec la même diversité, vous diriez qu'il faut le protéger au regarde des diverses espèces qui en profitent. C'est donc du dogme.

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  3. Le parc des forêts avait promis une gestion à l'écoute des populations, on verra si cela commence par un rapport de force pour imposer la "nature sauvage" au nom des dogmes ayant saisi les administratifs de l'écologie. S'ils veulent pourrir leur image tout de suite, pas de problème.

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  4. Les pêches éléctriques réalisées par l'OFB en été 2021 révèlent la présence de truites, chabots, lamproie de planer en forte densité, soit exactement les peuplements d'un ruisseau de têtes de bassins, en coeur de Parc National et le tout avec 0 euros d'investissement d'argent public. Applaudissons à l'unisson cette réussite de l'ONF.

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    1. Avez-vous un lien vers ces pêches électriques? Et vers les pêches antérieures à la mise hors d'eau? Ces données sont censées être publiques mais dures à trouver. Merci d'avance

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  5. J'habite à Leuglay et cette hiver, j'ai vu plein de truites qui frayaient dans le ruisseau.
    En 2019, la grande rivière était sèche mais le ruisseau coulait toujours, du coup c'es peut être mieux qu'il y plus la vanne pour qu'il remontent dedans avant de crever dans l'Ource. J'ai lu des trucs et les technocrates disent que c'est des zones refuges. Du coup je sais plus trop

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  6. Décidemment, ce territoire n'aime pas les retenues et les moulins. Un projet de destruction du Moulin Lemoine à Chatillon serait sur le point de voir le jour.

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