26/08/2015

Les barrages des moulins ont-ils autant d'effets sur la rivière que ceux des... castors? (Hart et al 2002)

La question de l'effet des effacements de barrages et de la nécessité d'en prioriser les opérations a été posée aux Etats-Unis plus tôt qu'en Europe, en raison des évolutions législatives datant des années 1970 (Clean Water Act, Endangered Species Act) et des premières mesures de "renaturation" sur le continent nord-américain.

David D Hart et ses sept collègues (principalement écologues et hydrobiologistes) ont publié en 2002 un article de réflexion sur le sujet. Ils observent : "la réponse attendue à l'effacement est souvent fondée sur la connaissance des grands barrages (eg > 15 m de hauteur) d'hydro-électricité ou de contrôle des crues, qui peuvent altérer considérablement la qualité de l'eau et le régime du débit, alors que la plupart des barrages supprimés sont des structures relativement petites (moins de 5 m) qui peuvent avoir moins d'effet sur les écosystèmes de la rivière. Il existe peu d'information sur les impacts écologiques de ces petits barrages, cependant, et des études en nombre limité ont amené des résultats variables".

Voulant illustrer leur propos, les chercheurs comparent les effets des barrières naturelles (chutes, obstacles créés par des embâcles, barrages de castor) avec ceux des petites barrages de moulin ou d'irrigation (1-5 m) et ceux des grands barrages (> 15 m). Voir la figure ci-dessous.


Il en résulte qu'à leur yeux, l'impact des petits barrages sur les débits, la température de l'eau, le transport des sédiments, la biogéochimie, la migration biologique et l'habitat est comparable à celui des barrages de castor ! Même s'il ne faut pas négliger le rôle paysager et morphologique de cet infatigable rongeur semi-aquatique, on connaît pire en terme de dénaturation des rivières.

Evidemment, tel n'est pas l'avis de nos gestionnaires français de rivières, qui prennent une mine catastrophée en voyant quelques sédiments dans une retenue de moulin et décrète qu'il s'agit là d'une intolérable atteinte à l'intégrité de la rivière… Que diront-ils quand les castors (espèce protégée dont on encourage l'expansion) prendront la place des moulins? Plus sérieusement, comme nous l'avons déploré auprès de nos interlocuteurs Dreal et Onema, il n'existe aujourd'hui aucun indice intégré qui permettrait de déterminer l'impact de chaque ouvrage (selon la hauteur, la superficie du remous, la distance à la source et la zonation, le temps de séjour de l'eau, etc.) et d'aménager en priorité ceux qui représentent des altérations importantes. La conséquence : on efface à tort et à travers, souvent des très petits ouvrages, en ciblant surtout des objectifs halieutiques, et en profitant d'opportunités politiques ou économiques plutôt qu'en visant des effets environnementaux cohérents. On "restaure de l'habitat" en présupposant qu'un certain linéaire d'habitat restauré représente toujours un gain significatif pour la rivière et son écosystème. Ce qui n'est probablement pas le cas.

Référence : Hart DD et al (2002), Dam removal: challenges and opportunities for ecological research and river restoration, BioScience, 52, 8, 669-682.

5 commentaires:

  1. Les barrages de castor sont souvent emportés lors des crues, à moins que les techniques employées pas les castors aient évolué (construction de murs maçonnés, emploi de ciment et d'armature en ferrailles), ça ne me semble pas tout à fait pareil...

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  2. Effectivement, d'autant plus que l’espèce européenne construit pas ou peu de barrage mais creuse des terriers....

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  3. Ce n'est pas pareil, effectivement. Simplement une manière choisie par les auteurs de donner une idée de l'impact.

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  4. Le point est clair : choisit-on les aménagements selon une analyse d'impact propre à chaque seuil / barrage, en proportion de l'impact observé, en distinguant la petite de la moyenne et grande hydraulique. La réponse est non, la classement n'a pas été conçu ainsi, les syndicats n'agissent pas ainsi, un obstacle est un obstacle que ce soit un seuil de 1 m ou un barrage de 20 m. Le reste, poudre aux yeux pour sauver l'usine à gaz.

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  5. henri blanes


    J'aimerais attirer votre attention, sur une situation que je qualifierais de catastrophique.
    Effectivement depuis plusieurs années nous constatons sur le secteur du Haut-Giffre,
    plus particulièrement sur la commune de Taninges,Une augmentation considérable de la population de castor. qui ont coloniser la plupart des ruisseaux pépinière . petit affluent du Giffre. Effectivement c'est petit ruisseau était des zones de reproduction pour la truite fario. ruisseau d'une richesse considérable. zone gravillonneuse très favorable a la reproduction.
    de ce fait les barrage de castor ont complètement fermer tous c’est ruisseau .
    un envasement considérable De sédiments n'est plus du tout favorable à la reproduction la truite ne frai pas dans la vase de plus contenu des barrages les géniteurs ne peuvent plus remonter.
    effectivement depuis 5 ans les organismes de la pêche fédération AAPPMA du Faucigny
    ont essayé de pallier à ce manque de reproduction naturelle par des lâcher de million d'Alevins dans le Giffre. pour un résultat qui reste à ce jour dérisoire.
    Nous ne pouvons pas remplacer la nature,
    le milieu piscicole et un milieu très fragile .actuellement fortement malmenée... héron castor cormorana activité humaine pollution ..c'est pourquoi Monsieur dans la mesure du possible il serait judicieux lancer une étude avec tous les acteurs concernés DDT.. ONF.. fédération de pêche.. propriétaire terrien pêcheur. afin de trouver une solution à tous ces problèmes.

    En 2006 nous avons eu l'autorisation de détruire 2 barrages sur 4. je n'étais pas responsable de cette opération. car pas favorable à cette solution.
    Nous allions résoudre que 50 % du problème.
    de plus observateur du milieu depuis plusieurs années j'ai constaté que le castor reconstruit son barrage en 24 à 48 heures.

    il existe des solutions qui dans certains départements ont fait leur preuve.
    il s'agit un système de buse à la base du barrage. buse qui qui vont réguler le niveau de l'eau en amont qui en aucun cas ne nuira à l'activité du castor.
    Buses qui devront être implantées au printemps période où le castor n'est plus actif.
    les buses permettront de réguler le niveau de l'eau, permettront aussi aux truites géniteur de remonter, si la longueur n'excède pas 3 m de long .
    Je vous joins une étude.

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