13/11/2015

Ségolène Royal: "nous devons sauvegarder les petits moulins sur les rivières"

Madame Ségolène Royal, dont nous avons à plusieurs reprises salué les positions lucides et courageuses, vient de ré-affirmer son soutien à la petite hydro-électricité. Dans un discours présentant ce vendredi 13 novembre 2015 les engagements de la France pour une croissance verte, la Ministre de l'Ecologie a franchi un pas supplémentaire en appelant ouvertement à "sauvegarder les petits moulins sur les rivières".

Mme Royal ne manquera pas d'être critiquée par certains lobbies – FNE et FNPF –, ces lobbies qui en avaient déjà appelé au Président de la République pour sauver leurs dogmes et leurs prébendes, ces lobbies qui jouissent de l'oreille exclusive de quelques hauts fonctionnaires militants de la Direction de l'eau du Ministère de l'Ecologie et qui ont poussé certains bassins français dans l'impasse dramatique de mesures massives, inefficaces, irréalistes de continuité écologique.

Mais Mme Royal devra surtout affronter un adversaire plus redoutable : la terrible inertie de l'appareil administratif. Partout en France, ce sont déjà des centaines d'effacements d'ouvrages hydrauliques qui sont réalisés, programmés ou en phase d'études, produisant parfois des paysages de désolation, suscitant l'indignation des riverains, détruisant à la pelleteuse des seuils et barrages qu'il conviendrait au contraire de respecter, de moderniser et d'équiper. A cela s'ajoutent le choix opaque et fort peu démocratique de certaines Agences de l'eau qui n'hésitent pas à financer publiquement la priorité aux effacements (voir par exemple notre lettre ouverte à Joël Pélicot en Loire-Bretagne) et le jeu de coulisses de certains services Onema qui posent des exigences environnementales totalement disproportionnées aux impacts réels sur les milieux comme aux moyens économiques des maîtres d'ouvrage.

Nous risquons donc d'entrer dans des temps de confusion, avec une partie de l'administration qui s'en tiendra aux orientations d'effacement prioritaire des ouvrages pour cause de continuité écologique, une autre qui suivra le nouvel engagement à produire le maximum d'énergie propre sur les moulins de nos rivières.

La solution : mettre à plat la question déjà très difficilement gérable des ouvrages hydrauliques, poser un moratoire sur le classement des rivières à fin de continuité, définir des solutions de modernisation écologique et énergétique acceptables par toutes les parties.

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4 commentaires:

  1. Pour que la réflexion puisse se dérouler correctement, ne faudrait-il pas que la totalité des financements prévus pour cela soit prêtée à l'ADEME pour financer ses actions sur l'énergie? Cela permettrait d'une part d'économiser du financement budgétaire et d'autre part d'éviter que les agences de l'eau poursuivent dans la direction qu'elles ont prise depuis quelques années?

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  2. @ candide : oui, il faudrait un seul opérateur d'aide publique aux projets énergétiques en petite hydro, et l'Ademe s'impose. Les Agences de l'eau (comme les Régions) n'ont pas de culture énergétique, elles ne sont pas dans une logique industrielle. Par ailleurs, il faut simplifier : un projet hydro a du génie civil, de l'électrotechnique, de l'hydraulique, des en jeux écologiques... mais ce n'est pas la peine d'avoir un opérateur / interlocuteur par enjeu. Ici les gens de l'Ademe sont compétents, s'il faut des passes à poissons, goulottes et autres, ils voient le besoin, pas la peine de faire de l'usine à gaz. Ce qu'il faut en revanche clairement, c'est négocier à l'amont les cahiers des charges en "ichtyo- et éco-compatibilité". Et il faut être réaliste, on ne pourra pas développer l'hydro 36-150 kW (la cible des appels à projets à venir) si les demandes sont excessives avec des soutiens publics modestes. Il est logique de protéger les milieux, mais il ne faut pas charger la barque. Consensus à trouver sur ce qui est acceptable vis-à-vis de l'enjeu premier (produire de l'énergie).

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  3. Il faut souhaiter ne pas développer l'hydro36-150 KW de théorique, quand une simple éolienne moderne propose 1 à 3 MW.

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  4. @ rivières libres : argument classique (défendu notamment par FNE) mais pas trop fondé de notre point de vue. Avec la même proposition, vous pouvez empêcher le développement du solaire, de la géothermie, de la biomasse, etc. au prétexte que des parcs éoliens produisent davantage que la plupart des projets locaux.

    Cela fait bien longtemps que les défenseurs de la transition énergétique savent qu'il n'y a pas une seule solution miracle permettant de se passer totalement (et non partiellement à 20% comme en 2020) du fossile – voire du fossile et du fissile simultanément. L'éolien fait partie légitime du mix, mais son expansion rencontre des résistances concrètes qui ralentissent le déploiement et les projections montrent qu'il ne peut qu'assurer une partie de la production électrique à terme. Au demeurant, aucun pays n'a réussi à approcher le 100% d'énergie électrique renouvelable sans une (forte) composante hydraulique. Préférons les réalités observables aux promesses en l'air.

    Nota : non seulement Hydrauxois défend l'équipement des 36-150 kW, mais notre base adhérente est en dessous de cette puissance, comme le sont environ 50% des ouvrages. Voir néanmoins l'intérêt :
    http://www.hydrauxois.org/2013/12/en-finir-avec-une-idee-recue-equiper-un.html

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