15/10/2022

La recherche scientifique va-t-elle enfin étudier les ouvrages hydrauliques autrement que comme "impact"?

A la conférence Integrative Science Rivers tenue à Lyon l’été dernier, neuf chercheurs français ont appelé à une démarche scientifique pluridisciplinaire pour éclairer tous les effets de la restauration de continuité écologique. Ces chercheurs emploient le terme juste de «socio-écosystème» pour désigner la rivière. Nous commentons ici leur point de vue, et nous les invitons à constater que la recherche dont ils sont représentants a surtout été intéressée ces 20 dernières années par la compréhension des ouvrages hydrauliques comme «impact» à faire disparaître. Alors, quand commence-t-on à les étudier autrement? 


Maria Alp et ses collègues sont intervenus à la conférence IS Rivers pour exposer leur analyse des effets de la restauration écologique sur les systèmes fluviaux, faite à partir d’une revue de la littérature scientifique et grise. Voici le résumé de leur intervention :
«La réglementation environnementale, à l’échelle européenne comme à l’échelle nationale, détermine des objectifs écologiques pour la gestion des rivières. Elle incite les acteurs publics en France à mettre en place une politique ambitieuse de restauration des cours d’eau. Or, les rivières ne peuvent aujourd’hui être dissociées des nombreux usages anthropiques dont elles font l’objet. Cela rend nécessaire de les envisager dans des perspectives multiples et d’intégrer les connaissances de plusieurs disciplines pour comprendre et éventuellement prédire les effets d’un projet de restauration sur les différents compartiments de ces socio-écosystèmes. Nous nous sommes focalisés sur la restauration de la continuité écologique, enjeu d’un débat public très animé en France, et avons réalisé une analyse interdisciplinaire d’un corpus bibliographique large. L’étude poursuit deux objectifs principaux : 1) identifier les limites des connaissances scientifiques actuelles sur les effets de la restauration de la continuité écologique des rivières; 2) identifier les points de vigilance qui pourraient être déterminants pour la trajectoire prise par le socio-écosystème fluvial suite à un projet de restauration. Sans viser une synthèse exhaustive, ce travail propose une perspective interdisciplinaire sur le sujet et encourage les chercheurs et les praticiens travaillant sur la restauration des cours d’eau à s’approprier la complexité des socio-écosystèmes que forment les rivières, de façon à gagner en assurance face aux inévitables incertitudes associées au choix de restaurer, ou de ne pas restaurer. »
Les chercheurs rappellent  que les sciences de l’environnement ont acquis des outils plus performants pour prédire l’évolution d’une rivière depuis un état initial et selon un choix de restauration : modélisation des habitats, du réseau trophique, des flux géniques, etc. 

Ils soulignent néanmoins que la dépendance au contexte de chaque projet crée des inconnues et incertitudes : héritage de la pollution, niveau des populations sources d'espèces cibles, usage des sols dans le bassin fluvial, situation socio-économique locale, variations des conditions climatiques, occurrence d'inondations majeures, etc. L’échelle de temps de la réponse du milieu à une restauration écologique est aussi variable : «plusieurs décennies peuvent être nécessaires aux communautés aquatiques pour trouver un nouvel équilibre». En outre, la restauration écologique a des effets sur la vie de la rivière et des riverains : «Bien que principalement guidée par des objectifs écologiques, la restauration des rivières affecte inévitablement les questions socio-économiques liées aux rivières, notamment la gestion des risques (par exemple, la lutte contre les inondations et la pollution), la diversité de leurs utilisations (par exemple, la production hydroélectrique, la navigation, le tourisme) et la perception des rivières par la population locale (par exemple, attachement émotionnel à des paysages spécifiques)».

Ces points sont soulignés dans la littérature sur la restauration écologique, mais ils progressent lentement faute de rigueur dans le suivi de projet : «La rareté des données de haute qualité et à long terme suite aux projets de restauration, ainsi que la rareté des projets où les effets environnementaux et sociaux de la restauration sont documentés avec rigueur, limitent notre capacité à faire progresser nos connaissances sur les effets de la restauration. Nous insistons ainsi sur l'importance cruciale d'une surveillance à long terme qui doit commencer bien avant le projet de restauration lui-même et doit être associée à une standardisation, un stockage et une gestion rigoureux des données.»

Finalement, les auteurs soulignent «l'importance de créer une culture commune de la rivière entre les acteurs concernés par un éventuel projet de restauration ainsi qu'entre les différentes disciplines de recherche concernées par le thème de la restauration fluviale», en pointant que «la restauration de la continuité de la rivière concerne toujours un territoire spécifique avec contexte écologique et social spécifique, et elle doit être considérée dans le contexte de la trajectoire à long terme de ce socio-écosystème spécifique».

Discussion
Nous notons avec intérêt l’usage de la notion de «socio-écosystème», actant le fait que la rivière n’est pas simplement un fait de nature, mais aussi un fait de culture, une réalité hybride. Reste une énigme : cette vue existait déjà dans des textes des années 1980-1990 à l’occasion notamment d’ateliers du Piren, or elle semble avoir été marginalisée ensuite au profit d’un «naturalisme» moins riche, moins ouvert, consistant seulement à voir l’eau dans ses paramètres physiques, chimiques et surtout biologiques. La faiblesse de sciences sociales et humanités de l'eau s'observe dans l'ensemble de la recherche sur ce thème, comme l'ont montré récemment deux chercheurs. Il est cependant dommage que la communauté scientifique attende les années 2020 et l’échec relatif d’une politique publique (continuité écologique) pour se souvenir que systèmes sociaux et systèmes naturels ne sont pas dissociables. Encore plus dommage que cette communauté n’alerte pas de temps en temps le décideur sur les problèmes prévisibles que rencontrera toute politique naturaliste ignorant la part humaine des modifications de la nature. 

Concernant la continuité écologique, on remarquera que la continuité latérale ne fait pas à notre connaissance l’objet d’opposition à haute intensité, hors la difficulté locale d’acquérir le foncier riverain indispensable. Pas grand monde ne s’oppose à la recréation de zones humides ou d’annexes des lits, au reprofilage de berge, au reméandrage ou à la recharge sédimentaire de lit. Au pire le ratio coût-bénéfice de ces opérations est discuté, ce qui n’est pas toujours illégitime eu égard à la dimension encore expérimentale de la restauration écologique et au manque de suivi sérieux des effets

Le problème s’est en fait concentré sur un phénomène précis : le choix de la continuité longitudinale par destruction des ouvrages hydrauliques, de leurs milieux, de leurs fonctions, de leurs usages. De toute évidence, l’opposition suscitée par ce choix de restauration a révélé un défaut préalable de compréhension de la réalité du socio-écosystème de la rivière. 

Le cas des moulins
Prenons le cas des moulins. Il est intéressant puisque, en dehors des grands fleuves  et des zones urbaines, ces sites représentent probablement entre la moitié et les trois-quarts des «obstacles à l’écoulement» référencés sur les petits et moyennes rivières en France. Le moulin n’est pas juste un «vestige», il représente avec l’étang piscicole et la canalisation urbaine la plus ancienne et la plus répandue des interventions techniques humaines sur le lit mineur ayant des traces toujours présentes aujourd’hui. Outre ses biefs (canaux) qui, dans certaines zones, sont quasiment les dernières annexes latérales du lit mineur dans la plaine d’inondation. Dans bien des vallées, on peut faire l’hypothèse (à vérifier par la recherche) que la rivière aménagée par ces ouvrages à compter du Moyen Âge a pu créer au fil du temps un état écologique alternatif relativement stable, certes différent de celui d’une rivière non-aménagée, mais dont le supposé défaut de «fonctionnalité» reste à caractériser au cas par cas et à échelle du bassin (non pas à décréter a priori par rapport à un modèle théorique de rivière libre).

Combien peut-on compter de publications scientifiques sur ces moulins depuis la loi sur l’eau de 1992 et plus encore celle de 2006 ayant inauguré la politique de «continuité écologique» (longitudinale)? Est-ce que les sciences se sont penchées sur une réalité aussi massive de dizaines de milliers d’ouvrages en rivières (110 000 à leur plus forte présence au 19e siècle) dont plus de 10 000 en rivières classées restauration de continuité écologique, des ouvrages ayant contribué à façonner l’histoire, le paysage, la morphologie, l’hydrologie et la biologie de nombreux bassins? Est-ce que l’acteur « moulin », qui compte deux fédérations et des centaines d’associations, qui conserve une place symbolique et une présence hydraulique dans tant de villages, a été envisagé par les sciences humaines, sociales et politiques? Ne serait-ce que pour des raisons pratiques, y a-t-il eu un effort savant pour caractériser la diversité fonctionnelle des ouvrages de moulin, de leurs impacts hydrologiques, piscicoles et sédimentaires, de leur priorité de traitement?

Pour assurer une veille sur ce sujet, nous pouvons témoigner que peu de choses ont été publiées en recherche revue par les pairs, en dehors de trop rares travaux de géographie sociale (souvent motivés par des controverses), en histoire environnementale et analyse géomorphologique sur la longue durée, ainsi que de récentes avancées autour du « limnosystème », des états semi-lotiques et des écotones de transition. 

Une culture partagée suppose une recherche diversifiée
Le manque d'investigation scientifique sur la réalité des ouvrages hydrauliques et de leurs différentes dimensions est un problème. Il regarde aussi la direction de la recherche, le choix de ses objets, la collecte des faits, la formation des praticiens, l’information du décideur public et en dernier ressort du citoyen. 
  • Si nous devons partager une «culture de la rivière», il faut encore que cette culture soit correctement informée, et non biaisée au départ par une avalanche d’études sur certains aspects et une négligence quasi-complète sur d’autres. 
  • Si la rivière est un socio-écosystème, il nous faut comprendre comment le «socio» et l’«éco» se déploient et interagissent, non seulement dans la société actuelle, mais aussi dans la construction historique des rivières et de leurs bassins versants, qui co-détermine leur dynamique présente et future. 
  • Si les praticiens de la restauration doivent intégrer le «contexte local», il leur faut pour cela des grilles d’analyse et des méthodologies, donc un travail scientifique antérieur de compréhension des réalités (et non de réduction des réalités à un seul angle en vue d’un seul objectif). 
  • Si la restauration écologique veut être acceptable et acceptée, elle peut difficilement se présenter sur un territoire en disant du moulin (comme de bien d’autres) «c'est juste un impact», c’est-à-dire en avançant (même sous la sophistication de concepts savants) une idéologie assez brutale de la nature «normale» sans humain et de l’humain comme présence «anormale» dans un milieu, en négligeant aussi l’évidence matérielle des habitats d’origine anthropique en place autour des ouvrages.
La conférence IS Rivers proposait dans son programme 4 visites techniques dont deux sur des sites industriels, Génissiat (CNR) et Romanche Gavet (EDF). Il nous semble probable que le ton des visites ne consistait pas à promouvoir la disparition hydraulique de ces éléments du patrimoine industriel et la vie économique locale. Or le même raisonnement s’applique à des petits sites qui, fussent-ils simplement des moulins, des étangs, des plans d’eau, des canaux, sont l’objet d’un attachement riverain, ont des usages familiaux, sociaux ou économiques, ont toujours des dimensions culturelles, symboliques et imaginaires, sont parfois là depuis des siècles et disposent alors de singularités hydro-écologiques d’intérêt. 

Les associations, syndicats et collectifs attachés à la défense et à la valorisation des ouvrages hydrauliques pour des raisons patrimoniales, culturelles, énergétiques, économiques ou autres accueilleront à bras ouverts des doctorants ou des chercheurs voulant étudier ces ouvrages et leur hydrosystème local, dans le contexte de leur bassin, selon un angle pluridisciplinaire. L’invitation est lancée : à la recherche de dire si elle est intéressée !

Référence : Maria Alp, Fanny Arnaud, Carole Barthélémy, Marylise Cottet, Christelle Gramaglia, et al. Taking an Interdisciplinary perspective to disentangle complex effects of restoring ecological continuity in riverine socio-ecosystems.  4ème Conférence internationale I.S.Rivers, Jul 2022, Lyon, France. Hal-03760362

18 commentaires:

  1. Le résultat du projet EDF de Gavet est la construction d’un nouveau barrage doté d’une passe à poissons et de vannes « clapet » respectant le transit sédimentaire très important de la Romanche. Dans le même temps une dizaine de seuils ont été effacés. Sur plus de 50 km il n’y a donc plus que deux seuils bloquants attendant leur mise aux normes dont l’un va être équipé sous peu d’ouvrages de franchissement (Barrage des Clavaux) . Chacun attend maintenant avec impatience la résolution du dernier obstacle : la prise d’eau de l’usine EDF de Péage-de-Vizille… .Pourquoi ce qui est possible en moyenne Romanche où les enjeux énergétiques sont importants ne serait-il pas possible ailleurs notamment lorsque les enjeux énergétiques sont insignifiants ?

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  2. Ne pas oublier que la "continuité écologique" est au premier chef une demande du public pêcheur de salmonidés. Les pêcheurs veulent des truites et des saumons pour leurs loisirs, ils perçoivent l'ouvrage comme obstacle à supprimer, le reste ne les intéresse guère. Il suffit de lire leurs sites et forums, leur lobbying, chez certains c'est obsessionnel. Le site Hydrauxois l'a d'ailleurs rappelé en montrant que les lois sur les échelles à poissons venaient d'abord de ce public, la loi de 2006 étant un copié-collé de celle 1984 qui faisait suite à 1919 et 1865, avec le mot "continuité" en plus. Aussi que l'OFB s'appelait avant Onema et encore avant CSP, "conseil supérieur de la pêche". Mais le citoyen lambda ne dit pas "quelle horreur, un moulin, un étang, un plan d'eau". C'est hyper-situé, cette attitude, pas du tout le reflet d'une demande populaire.

    Les chercheurs admettent qu'il y a des discontinuités naturelles ou humaines, dont ils observent les différents effets. Le chercheur à orientation naturaliste aura tendance à une appréciation plus négative des effets des ouvrages humains, les autres à une appréciation plus neutre. Les grands barrages ont surtout intéressés ces chercheurs, les petits ne sont quasiment pas étudiés depuis 100 ans. Ils le sont un peu plus depuis 10 ans : on sait que les grands ne seront pas détruits car on ne peut pas nier leurs services, alors faut bien trouver du grain à moudre ailleurs. Y compris dans la négation ou l'invisibilisation des petits, qu'on réduit à des "barrières", "obstacles". Genre de vocabulaire qui dès le départ ne peut pas espérer un dialogue.

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    1. Il y aussi un peu des naturalistes. Mais c'est vrai que sans le public des pêcheurs (en tout cas de première catégorie), la demande sociale sur le sujet ne serait pas très vive. Et que même en additionnant les pêcheurs et les naturalistes, on n'obtient pas vraiment la société française. On obtient plutôt des gens qui ont l'habitude de négocier avec l'Etat en ayant été institutionnalisés par lui, et aussi l'habitude de communiquer.

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  3. En régime capitaliste, suivez l’argent. Les moulins ont-ils un million d’euros à filer à des laboratoires ? Non. Alors ils n’existent pas chez les gens qui comptent. Pourquoi croyez-vous que les agriculteurs et industriels ne s’opposent pas à ces histoires de continuité ? Pourquoi croyez-vous que les gouvernements frétillent de ces discours ? La restauration de la nature, c’est le nouveau Janus capitaliste : on n’embête pas trop les grands pollueurs, exploiteurs et artificialisateurs, mais on va gaver les petits pour dire qu’on sauve la biodiversité. T’as les eaux pleines de nitrates et de pesticides, t’as les berges pleines de béton et de goudron, t’as l’air plein de carbone et de particules, mais attention, le vieux moulin de Trifouillies-les-Oies, c’est THE catastrophe planétaire. Dommage si des chercheurs légitiment cette farce, mais faut bien vivre.

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    1. Ah ah, une partie de la géographie critique et de l'écologie politique (chez les universitaires) a pu faire des hypothèses un peu en ce sens, sur la gouvernance "néolibérale" des achats de compensations pour la nature. Mais nous n'avons pas vraiment creusé cette ligne d'analyse à date. Et... non, nous ne pensons pas que les moulins ont des gros budgets, hélas :-(

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  4. Sur la Vire en alerte sécheresse, ils ont été obligés l'été dernier de mettre en urgence des batardeaux pour rehausser la rivière et soutenir la nappe. Pourtant, ils avaient pété un paquet d'ouvrages qui avaient justement ce rôle. Alors dire que " les sciences de l’environnement ont acquis des outils plus performants pour prédire l’évolution d’une rivière ", désolé, je n'y crois pas un instant. Ils ne savent pas prédire à 3 ans les conséquences de leurs démolitions. On aura des méga-sécheresses, des méga-crues, on se dépêchera dans le désespoir d'essayer de maîtriser l'eau. Mais avec du retard, en ayant perdu de l'argent. Une consolation : vu comment le climat change vite, cela devrait arriver quand tous ces gens seront encore vivants, voire en postes, donc il sera possible de demandera des comptes. Pour avoir retardé la transition, pour avoir détruit des biens utiles, pour s'être trompés sur les priorités.

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  5. L'Etat français aime beaucoup le nucléaire. Un peu les grands barrages. Eventuellement d'énormes fermes éoliennes. Mais pas les petits producteurs, trop compliqué à contrôler. Il faut bien justifier ces politiques, donc énumérer toutes les horreurs possibles et imaginables sur les petits ouvrages.

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    1. Quand on est rémunéré à environ 120 € le kWH "quoiqu'il en coute au contribuable", on a au moins la décence de ne pas mordre la main qui vous nourrit !

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    2. Quand les marchés vendent le MWh (et non kWh) à 1200 euros, on est content d'en trouver à 120 euros. Quant aux autoconsommateurs, ils ne sont pas concernés par votre remarque. Au fait, le nucléaire en pleine pénurie et en pleine guerre, il redémarre quand? Après la bataille?

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    3. Pas de problème, si vous pensez que le MWh va rester à ce prix avec les couts de production du PV et de l'éolien qui n'en finissent pas de baisser (Moins de 50 € le MWh aujourd'hui, sans doute 25 € dans dix ans) libre à vous de vous passer de toutes aides publique et de vendre au prix de marché : je vous y encourage même ! ... Quant aux autoconsommateurs en petite hydraulique ... combien de divisions ? Qui voudrait dépenser autant pour si peu dès que la distance au réseau public n'est pas rédhibitoire ... à part quelques privilégiés ou quelques survivalistes ?

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  6. C'est l'histoire d'un silure qui mange une écrevisse américaine malgré son intestin un peu chargé en pesticides et qui dit à son voisin : "t'es au courant, il y a eu une restauration écologique ici?". Et l'autre répond : "ah oui c'est vrai, l'été dernier, c'était à sec".

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  7. Y a-t-il des preuves scientifiques que la continuité écologique qui détruit des retenues rend des services sociaux? Où peut-on les lire, ces preuves, afin de mesurer leur étendue? Je n'arrive pas à voir comment la vie des citoyens est changée. Sur ma rivière quelque seuils ont été détruits, tout le monde s'en fout. Les gens sont plutôt inquiets de l'eau polluée et des chaleurs anormales.

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  8. Très intéressant et très orienté. La même Maria lors de sa conférence disant qu'il faut poser le constat commun des impacts et bénéfices. question lui fut poser de savoir comment poser un constat face à des opposants rejetant tout. Réponse : il y a quand même un important consensus scientifique sur l'impact des ouvrages (barrage ET seuil). Encore fallait-il être présent et encore faudrait-il arrêter de mentir dans les "articles".

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    1. a) Notre article n'est pas orienté dans sa partie présentation de ce qui fut dit (en tout cas écrit dans le compte-rendu), il est orienté dans sa partie discussion, ce que nous assumons évidemment. Nous ne sommes pas des scientifiques, nous sommes des acteurs de la rivière défendant une vision de la rivière (de l'eau en général).

      b) Néanmoins l'idée que le chercheur n'est pas "orienté" lui-même est à débattre. Une méthode peut être neutre, mais le choix des objets sur lesquels on porte sa méthode ne l'est pas forcément. A partir du moment où vous avez une approche naturaliste de la rivière, à partir du moment où vous émettez des jugements de valeur (positif, négatif, amélioration, dégradation etc.), à partir du moment où vous choisissez des objets d'observation qui deviennent connus mais négligez d'autres qui restent invisibles (dans l'espace savant souvent connecté à l'espace gestionnaire), c'est déjà une forme d'orientation. Nous pensons que les domaines de recherche appliquée (où c'est souvent un peu inévitable) devraient le conscientiser et l'assumer plus clairement. C'est en ce sens que S. Dufour avait fait son article (en tout as, que nous avons poussé son interprétation) et cela reflète assez bien ce que nous pensons de ces zones mixtes où l'on est souvent dans la recherche et dans la conviction à la fois :
      http://www.hydrauxois.org/2017/12/la-science-est-politique-effacer-des.html

      c) Sur le fait de "rejeter tout", nous ne sommes pas concernés. La continuité écologique peut être intéressante, nous rejetons les idées et les solutions qui s'inspirent du retour à la nature sauvage ou de l'illusion du retour à la nature antérieure (ce n'est pas notre vue, notre compréhension, notre éthique, notre souhait), qui affectent les riverains, qui dépensent l'argent public à des choses inefficaces. Mais si la reconfiguration de la rivière est assumée comme choix humain démocratique, c'est cohérent pour nous – avec le rappel que la dimension démocratique vous pose des règles dans la construction de la délibération et de la décision, le respect du droit, etc.

      d) Sur le fait que barrage et seuil ont un "impact" : évidemment, nous le rappelons régulièrement et l'assumons. Vous ne pouvez pas parler de l'anthropocène et faire comme si les facteurs humains n'étaient pas des causes de changement des milieux et des cycles biogéochimiques. Vous ne pouvez pas parler de socio-écosystème et faire comme si le socio était inexistant / inactif. Mais là encore, le fait de réduire l'ouvrage à son "impact" sur tel ou tel compartiment est un choix d'orientation du chercheur qui raisonne ainsi. Choix légitimes, travaux utiles, informations à objectiver, sauf que comme le demande l’article, on attend d'autres travaux savants sur d'autres angles que l'impact, des expertises collégiales et pluridisciplinaires qui restituent l'ouvrage dans sa complexité et sa diversité d'existence, etc.

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    2. PS : nous n'avions pas vu le mot "mentir", vous faites allusion à quoi précisément?

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    3. Respectez les autres. Les impacts dont vous parlez ce sont des gens, des vies. Science sans conscience, cela fait peur.

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  9. Parlons socio. Les chercheurs sont des cadres urbains. Le cadres urbains ont-ils un biais de désintérêt pour les péquenots ruraux ne faisant pas partie de leur réseaux personnels et professionnels?

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  10. Les gens voulant tout casser sans même étudier ce qu'ils cassent, cela s'appelle des talibans, non?

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