27/11/2018

Emmanuel Macron: "Je n'oublie pas l'eau, l'énergie hydraulique est une richesse des territoires"

Le président de la république appelle à développer l'énergie hydraulique en France. C'est un désaveu clair des casseurs de barrages, y compris les fonctionnaires ayant engagé une dérive intégriste au sein de l'appareil d'Etat, en l'occurrence la direction de l'eau et de la biodiversité du ministère de l'écologie. La destruction du patrimoine hydraulique de notre pays était devenue un symbole de l'écologie punitive et de la gabegie d'argent public, alors que les Français doivent faire des sacrifices. Nous veillerons à ce que ces paroles deviennent des actes, car l'écart entre les discours et les réalités est à la base de notre crise démocratique. Le gel des destructions contestées de barrages et de moulins devra être observable partout sur nos rivières dès 2019. Les gestionnaires de l'eau doivent désormais concilier écologie et hydro-électricité, au lieu de les opposer stérilement.



Dans son discours de lancement de la programmation pluri-annuelle de l'énergie (PPE), le président de la république a pris soin de préciser à propos de la mobilisation des énergies renouvelables : "Je n'oublie pas l'eau (...) richesse des territoires, avec l'énergie hydraulique".

Et de préciser, "Nous (...) renforcerons notre production d’énergie hydraulique, une énergie à bas coût et de faible pollution ".

C'est une évolution notable car jusqu'à présent, la plupart des déclarations du gouvernement ciblaient le vent et le soleil, mais jamais l'eau. Que le chef de l'Etat prenne soin de citer explicitement l'énergie hydraulique et les territoires est une avancée majeure. Il faudra analyser en détail les cadrages de la PPE et, surtout, le comportement des administrations en charge de l'eau et de l'énergie.

Le président de la république a également appelé à cesser l'inflation des normes (lois et règlements) qui assomment les citoyens et transforment l'action publique en carcan punitif ne recevant plus de consentement démocratique.

Ce message est un désaveu clair du lobby des casseurs d'ouvrages hydrauliques (mouvements écologistes intégristes très minoritaires dans la population, branche militante des pêcheurs de salmonidés). C'est surtout un désaveu des choix de la direction de l'eau et de la biodiversité du ministère de l'écologie depuis 20 ans, avec une prétention à "renaturer" les rivières en faisant disparaître leur patrimoine hydraulique, cela par une insupportable pression sur les propriétaires et riverains.

Le choix d'Emmanuel Macron est conforme à la consultation publique organisée à l'occasion de la PPE, dont les participants comme les organisateurs avaient conclu à la nécessité de développer l'énergie hydro-électrique. Continuer à faire la sourde oreille à ces avis citoyens, donner la primauté à des minorités radicales ne représentant qu'elles-mêmes ne serait plus tenable alors que le pacte démocratique de notre pays est menacé par la colère des Français considérant que l'Etat ne les entend plus.

Nous appelons en conséquence le gouvernement et son administration à mettre les actes en conformité avec ces paroles:
  • gel de la destruction des barrages de la Sélune,
  • gel de toutes les destructions d'usines hydro-électriques, moulins, forges et autres ouvrages ayant un intérêt énergétique,
  • incitation forte à équiper ces ouvrages en énergie, d'abord par des simplifications et accélérations de procédures, afin d'éviter les surcoûts inutiles.
La transition écologique est en marche : le patrimoine et l'énergie hydrauliques en font partie !

A lire : 
Les moulins à eau et les transitions énergétique : faits et chiffres

18 commentaires:

  1. Bonne nouvelle pour le peuple opprimé des propriétaires de moulin qui vont enfin pouvoir boucler leur fin de mois grâce aux subventions publiques! Espérons que nous n'allons pas revivre les scènes de conflits occasionnées jadis dans les campagnes par les propriétaires de moulin qui peinaient à partager la force de l'eau en bonne intelligence.

    Plus sérieusement, vous évoquez beaucoup les écologistes intégristes et le méchant Etat central qui piétine les territoires. Au-delà des débats sur l'écologie et la décentralisation, tout à fait légitimes et intéressants, on peine à cerner de quel groupe social vous défendez les intérêts? Qui sont les propriétaires de moulin en France? Je n'ai pas de réponse à cette question. Dans l'imaginaire collectif, ce seraient plutôt des personnes aisées, passionnées de patrimoine, avec des moyens pour acquérir des biens et les rénover, pour engager des démarches en justice et attaquer les décisions administratives, ayant une oreille bienveillante des députés qui relaient leurs revendications à l'Assemblée et au Sénat, et qui parviennent ainsi à détricoter pas à pas les acquis du combat écologiste?

    Certes, la politique de restauration de la continuité écologique connait ses excès, particulièrement dans certains départements. Mais est-il raisonnable d'évoquer les "sacrifices" que doivent faire les français? Ne nous faites pas croire que votre combat est celui de la démocratie et du peuple (bien que votre site soit très intéressant pour faire vivre le débat et malmener certaines certitudes et simplifications qui pourraient s'ancrer dans les têtes). Votre combat n'est-il pas intimement mêlé à celui des industriels, des entrepreneurs de l'hydroélectricité? N'avez-vous pas beaucoup de soutien de la part du pouvoir politique? (des élus, pas de l'Administration) Je n'irai pas jusqu'à réduire votre combat à celui de la défense de privilèges, car le patrimoine relève de l'intérêt général ce que personne ne conteste, mais je me pose beaucoup de question sur la sociologie des propriétaires de moulin.

    En tout cas, de la même manière que les riches pêcheurs des ville ont réussi par le passé à faire émerger la pollution des rivières comme "problème public" et à l'inscrire à l'agenda des politiques, force est de constater que votre combat conduit à certains succès. Est-ce parce qu'il est juste et que vous êtes très bien organisés ? Est-ce parce qu'il trouve l'appui de personnes bien positionnées pour faire infléchir le cours des choses?

    Il serait intéressant d'y voir plus clair.

    Bonne continuation

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    1. D'abord vous avez raison : il serait intéressant d'y voir plus clair sur les moulins, y compris leur sociologie. Parlez-en à vos chefs ou donneurs d'ordre du ministère, car voyez-vous, nous sommes dans un pays désormais à ce point arriéré que sa bureaucratie engage des politiques sur les ouvrages hydrauliques anciens sans même en faire une étude scientifique sérieuse (en sociologie comme ailleurs), sur la foi de quelque littérature grise d'un contenu et d'un périmètre assez limités. Constatez ce que cela donne d'avoir des idéologues de bas niveau et des technocrates aux habitudes paresseuses dans les directions centrales de nos ministères ou les services de bassin : des échecs, beaucoup de temps, d'argent et d'énergie perdus, une crise de confiance entre des citoyens et son action publique.

      Ensuite, la gabegie est clairement perçue dans toutes les réunions publiques auxquelles nous assistons, dans une ruralité qui a vu disparaître nombre d'interventions de l'Etat mais qui voit revenir de l'argent public pour... changer des densités de poissons et d'insectes (quel vaste sujet d'intérêt général à l'heure des défis de notre temps, quelle cause de toute première importance que la truite et le plécoptère en chaque mètre carré de la rivière...). Le coût public de traitement des 20 K ouvrages classés au titre de la continuité écologique serait de 2 milliards € au regard des 10 premières années et des budgets checkés par le rapport CGEDD 2016 : elle est là, la dépense demandant des "sacrifices" au contribuable qui finance ces absurdités, leurs personnels et leurs coûts d'exécution.

      Enfin, contrairement à d'autres lobbies (y compris "verts" bien sûr, pas les moins actifs), nous publions ici nos interventions auprès des élus et des administrations. Vous pouvez nous demander les compte-rendu d'AG inculant les comptes, en message particulier justifiant votre curiosité. Vous verrez que nous avons un très maigre budget, aucune subvention publique, aucun soutien d'industriel, aucun salarié (un petit monde de la pseudo-contestation institutionnalisée et subventionné ne ne peut pas en dire autant...).

      Il n'y a pas que l'association Hydrauxois qui a un problème avec l'écologie intégriste, punitive et régressive sur les rivières : les hydro-électriciens, les étangs, les riverains, les moulins, les grandes associations de défense du patrimoine et du paysage, et plus de 300 groupes divers et variés, des milliers d'élus et membre de la société civile ont demandé un moratoire sur les destructions d'ouvrages. Cela fait donc du monde. De quoi élargir vos interrogations sociologiques.

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  2. Et puis Anonyme ... n'hésitez pas si vous souhaitez y voir plus clair , demandez à être invité à nos réunions d'informations car, nous ne faisons pas comme vous ,nous ne fermons pas nos portes et nos débats sont libres! Malheureusement force est de constater que dans les réunions de certaines Associations qui souhaitent la disparition des ouvrages hydrauliques, voir institutions publiques nous ne sommes pas les bienvenus... Probablement par peur que vous ne puissiez contredire quelques vérités .

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  3. @ Anonyme
    Vous vous interrogez sur le profil des propriétaires de moulin et vous seriez bien étonné de voir à quel point il est loin de de la vision fantasmée que vous vous en faites. Dans la grande majorité des cas ce sont des passionnés sans grands moyens financiers qui ont hérité ou acheté un bien souvent en mauvais état et qui souhaitent le faire revivre en relançant une petite production électrique destinée à l'autoconsommation car la puissance moyenne de ces moulins dépasse rarement 10 à 20 kW.
    Tous consacrent la majorité de leur temps libre à des activités allant de la maçonnerie, charpente et recherche de la turbine d'occasion à restaurer ( le prix du matériel neuf pour ces puissances étant tout à fait inabordable ) et au bout d'un long parcours du combattant semé d'embûches par des administrations tatillonnes ( qui n'aiment pas les gens qui ne suivent pas les chemins qui ne mènent pas à Rome … dixit le grand Georges ) quelques chanceux atteignent le nirvana c'est à dire arrivent à produire de quoi se chauffer en évitant de recracher annuellement dans l'atmosphère quelques tonnes de CO2 qui nous posent tant de problèmes actuellement.

    Si vous voulez en savoir plus sur ces gens là, parcourez donc le forum de la petite hydroélectricité, c'est très instructif et vous serez à même de cerner ce qu'ils sont réellement.

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    1. Anonyme du 27 novembre à 16h146 décembre 2018 à 11:09

      Première partie de la réponse (je m'aperçois que le nombre de caractères est limité!)

      Merci pour le conseil d'aller parcourir le forum de la petite hydroélectricité, très intéressant effectivement. Beaucoup d'échanges d'informations réglementaires et techniques. On sent toute la passion qui anime ces propriétaires de moulin, et c’est bien l’image que je m’en faisais. Mon propos du 27 novembre ne visait pas à vous discréditer en laissant entendre que votre mouvement serait financé en sous main par des industriels... Ni à vous interpeller ou à vous demander de vous justifier. Je ne me sens aucune légitimité pour le faire, qui plus est de manière anonyme. Je ne faisais que poser des questions, auxquelles je réfléchis modestement.

      Vous m’identifiez comme un agent des services de l’Etat. C’est le cas effectivement, je vois que vous avez développé un flair infaillible pour débusquer le « bureaucrate »… Instinct de survie ?

      Je parcours régulièrement ce site car j’y trouve des informations intéressantes, qui nourrissent ma réflexion critique vis-à-vis de l’action publique. Mais cet article m’a fait réagir car parfois je sature de lire les expressions « dérive intégriste », « écologie punitive », « technocrate », « idéologues de bas niveau », etc. Hydrauxois est un site militant, avec une ligne politique cohérente et une stratégie d’actions. Je n’ai aucun problème avec ça, bien au contraire. Mais cela invite le lecteur à une certaine distance critique vis-à-vis du contenu, et à s’interroger sur le fond de vos revendications.

      Pourquoi interroger la réalité sociologique et économique des propriétaires de moulins ? On peut affiner ou décliner cette grande question « généraliste » et « oiseuse », qui était posée de manière un peu approximative. Les acteurs institutionnels ont aussi beaucoup de choses à exprimer, ils s’interdisent de le faire publiquement en raison de leur statut.

      Il ne s’agit pas de dire que tous les propriétaires de moulin sont des châtelains soutenus par le complexe politico-industriel. Tout simplement, les situations conflictuelles ont souvent plusieurs facettes, et l’expérience des services de l’Etat révèle une réalité qui ne peut être réduite à celle que vous décrivez.

      Que penser de ce propriétaire de moulin qui produit de l’électricité en fonctionnant par éclusées car le débit n’est pas assez élevé à certaines périodes de l’année, ne respectant pas la réglementation sur les débits minimum à l’aval, mais n’étant jamais inquiété par la police de l’eau ?

      Que penseraient les administrés de cette petite commune rurale dont les élus ont voté en catimini le financement de la réparation d’un seuil en conseil municipal ?

      Que penser de ce projet d’augmentation de la puissance exploitée qui passe en force malgré un avis défavorable des services de l’Etat, grâce à l’appui du Préfet ?

      Que penser de cet exploitant produisant de l’hydroélectricité pour son compte sur un seuil situé sur le domaine public fluvial, appartenant à une petite commune rurale qui en assure l’entretien, et qui depuis quinze ans n’est pas réellement inquiété par la police de l’eau bien qu’il soit sur un cours d’eau classé ?

      Que penser de cette décision à huit clos (entre préfecture, services de l’Etat, collectivité et potentiel repreneur) de maintenir un ouvrage public de cinq mètres de haut, à l’aval d’un cours d’eau identifié comme « vital » pour la préservation des migrateurs amphi-halins, afin de produire de l’hydroélectricité, alors qu’un nombre conséquent de sites produisent déjà à l’amont ?

      Que penser de ces régularisations de rehausse de seuil sans évaluation de leur incidence sur les milieux ?

      Que penser de ces vannages qui restent fermés une partie de l’année ou ne sont pas gérés de manière coordonnée ? Les représentants des associations de sauvegarde des moulins nous affirment qu’ils n’ont de cesse de sensibiliser pour faire évoluer les pratiques. Je veux bien les croire, mais ces paroles sont-elles suivies d’effet, sur le temps long ?

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    2. Anonyme du 27 novembre à 16h146 décembre 2018 à 11:12

      Et que penser lorsque ces situations coexistent sur une même rivière ? Que penser de l’utilisation de l’argent public pour financer des passes à poissons dont chacun sait qu’elles ont vite un intérêt limité si elles sont trop nombreuses (comme cela a été rappelé à la table ronde de l’Assemblée nationale me semble-t-il)

      Il ne s’agit pas de stigmatiser ou diaboliser les aménagements en rivière, loin de moi cette pensée. Je rejoins totalement votre combat dès qu’un seuil de moulin est détruit avec des moyens pseudo-autoritaires (que ce soit par le chantage du financement ou de la réglementation), sans étude sérieuse ni réflexion collective. Je veux bien croire que ces dérives puissent être trop fréquentes dans certains départements. Et je m’offusque des commentaires de certains de vos contradicteurs sur ce site.

      Mais affirmer que la « bureaucratie jacobine » dispose de tous les pouvoirs dans les territoires, et que partout où elle passe les seuils trépassent. Non ! Délégitimer totalement l’action publique dans le domaine de l’écologie et revendiquer dans le même temps le développement de la micro-électricité, non !

      Une autre réalité de la rivière est celle d’une forme d’impunité de certains propriétaires, acteurs économiques ou syndicats d’aménagement. Les travaux scientifiques sont rares sur la question. Je vous conseille néanmoins l’article récent de Sylvain Barone, intitulé « L’impunité environnementale. L’État entre gestion différentielle des illégalismes et désinvestissement global », Champ pénal/Penal field [En ligne], Vol. XV | 2018, consultable au lien suivant :

      https://journals.openedition.org/champpenal/9947

      Comme vous le revendiquez, l’action publique doit être repensée afin d’être plus démocratique. Un débat sur la production et l’usage des normes me semble fondamental. Cela est vrai dans le domaine de l’écologie comme celui de l’aménagement et de l’énergie, ou même de l’agriculture.

      Pour revenir au sujet de la continuité écologique, que penser des inflexions récentes ? On peut penser qu’elles sont une bonne chose pour une réelle reconnaissance du patrimoine fluvial, ou pour répondre aux enjeux de la transition énergétique. Mais quand on connaît le poids accordé aux enjeux écologiques au sein de l’Etat, bien faible, on peut aussi s’inquiéter légitimement des équilibres qui seront trouvés dans la « conciliation » entre préservation des milieux et production hydroélectrique (et encore une fois, je n’oppose pas de manière binaire aménagement et milieux naturels).

      A mes yeux, produire de l’hydroélectricité ça et là dans les campagnes, avec un nombre limité de seuils équipés sur une rivière donnée, est pleinement compatible avec la préservation des écosystèmes. En outre, une personne qui vit à côté de la rivière et exploite la chute d’eau observe, s’interroge… bref développe un savoir et peut s’avérer un formidable interlocuteur. Là n’est donc pas le problème. Le problème survient dès lors que le nombre d’ouvrages produisant de l’énergie se multiplie, voire se cumule avec des grands barrages à l’amont. Les instructions se gèrent au cas par cas, sans possibilité réglementaire de prendre en compte les effets cumulés avec l’ensemble des aménagements sur le cours d’eau, et sans mise en œuvre du principe d’évitement de la séquence éviter-réduire-compenser.

      Tout cela peut produire des situations très critiques sur les cours d’eau à amphi-halins, et l’Administration a sa part de responsabilité. La DEB peut paraître toute puissante dans ses discours, mais sur le terrain, les résistances sont grandes au sein même des services de l’Etat.

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    3. Anonyme du 27 novembre à 16h146 décembre 2018 à 11:14

      On pourrait imaginer que sur de telles rivières, la question énergétique soit totalement remise à plat et que l’énergie soit gérée par une structure collective, et non plus par des propriétaires privés indépendants. Les riverains du cours d’eau et les habitants du territoire auraient leur mot à dire, afin de concilier production hydroélectrique et préservation des milieux à une échelle pertinente, en limitant le nombre d’ouvrages équipés de turbines. Peut-être est-ce un modèle que vous défendriez ? Aujourd'hui chaque projet est instruit individuellement, sans réflexion globale sur la pertinence énergétique, et encore moins sur les impacts écologiques cumulés.

      Quoi qu’il en soit, Hydrauxois développe une critique véhémente et univoque vis-à-vis de l’Administration et des établissements publics en général. Vous formez une coalition, voulue ou non avec les industriels de l’hydroélectricité, pour disqualifier les acteurs publics de l’écologie. Et parfois, on a envie de réagir à vos articles pour apporter un autre point de vue. Il est vain de débattre à distance, cela peut se réduire à un combat de coqs qui cherche à emporter la vérité. Aux acteurs institutionnels de faire leur autocritique et de s’organiser, s’ils pensent en conscience que la politique publique de préservation de l’écologie mérite d’être défendue et réinventée dans ce contexte de réforme néolibérale, et qu’ils ont un rôle spécifique à jouer dans les territoires.

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    4. Bonjour

      Merci de vos remarques, qui sont très intéressantes.

      Nous n'avons aucun problème à débattre des points que vous soulevez, d'abord à vous permettre de les exprimer.

      Notre réponse sera d'abord assez simple : la loi ou la règlementation (ainsi que le règlement d'eau de l'usine ou du moulin) doivent ou auraient dû s'appliquer dans tous les cas que vous décrivez.

      Notre association ne déplore pas le manque de transparence de l'action publique sur certains sujets pour l'encourager sur d'autres. Et elle ne condamne pas des abus de pouvoir ici pour les flatter là.

      Après, nous arrivons à un autre débat, qui complique la discussion :
      - la loi, comment la vote-t-on ?
      - la règlementation (qui va souvent interpréter la loi), comment la décrète-t-on ?

      Là aussi, nous avons besoin de transparence, nous avons besoin de cette réflexion qui est la vôtre pour comprendre le jeu des acteurs.

      Dans quels bureaux, avec quelles personnes, pour quelles motivations, selon quelles connaissances, après avoir entendu quels lobbies, éventuellement après avoir financé dans d'autres choix quel électorat, va-t-on choisir de mettre dans la loi ou dans la règlementation telle ou telle norme ?

      Et ce processus-là de formalisation des lois et des règlementations, qu'a-t-il encore à voir, de près ou de loin, avec les conditions d'une démocratie ? Avec la construction d'un avis majoritaire informé où l'on va s'assurer que le choix reflète un consentement réel à la norme et à toutes les conséquences de cette norme ?

      Et cette loi, cette règlementation, croit-elle pouvoir adresser la diversité et la complexité du réel à partir d'un unique point central (Paris Bruxelles) et d'un très petit nombre de cerveaux (le bureaucrate sachant et décidant) ?

      Nos questions sont aussi nombreuses, mais à un niveau "amont" (pour rester hydro dans la métaphore) du vôtre, car c'est tout de suite à ce niveau "amont" que nous perçu ce qui est vécu comme une confiscation démocratique, ou une dérive technocratique si vous préférez.

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    5. Nos premières remarques ci-dessus répondaient au premier message (mais les 3 autres étaient bloqués, désolé, nous avons un problème avec la plateforme Blogger qui dysfonctionne).

      Pour la suite, tout aussi intéressante, nous comprenons les limites de l'action publique en écologie et ses faibles moyens. Cela dit, sur le seul sujet que nous avons réellement creusé depuis 7 ans, le comportement de certains acteurs publics nous incite à la prudence. Si des idéologies de la nature (cela dit sans préjugé, nous avons aussi notre idéologie) ne peuvent exister que dans l'interdit et la contrainte, elles imposent des débats importants, pas des consensus paresseux votés un peu trop vite par les élus.

      La rivière pourrait (comme vous l'évoquez) appeler une gestion propre à des biens communs, cela au niveau des bassins versants et dans le cadre d'une démocratie locale non soumise à un cadrage total par des autorités supérieures. En gros un principe de subsidiarité, reconnaissant que "la base" (le local) peut gérer ses cadres de vie et que "le sommet" (l'Etat central) n'a pas vocation à intervenir pour un oui ou pour un non.

      Cela a notre préférence, mais ce n'est cependant pas simple.

      Déjà parce que c'est l'opposé du modèle républicain jacobin, il faut une sacrée révolution culturelle dans le pays pour admettre que tout ne demande pas un tampon de Paris (ni du mini-Paris qu'est une préfecture de bassin, fonctionnant avec la même mentalité de contrôle vertical). C'est aussi problématique avec l'apparition de la norme européenne, encore plus lointaine mais non moins directive que la norme jacobine.

      Ensuite parce que l'action locale ne peut être totalement découplée de la connaissance globale, donc il faut un ajustement entre l'autonomie de décision et la rationalité de la décision (ne pas faire des choix mal informés aboutissant au contraire de ce que l'on veut, ou mettant en danger les humains et les milieux).

      Enfin parce que l'eau et le vivant sont "biens communs", le droit des communs rencontre les droits de l'individu organisant dans la norme fondamentale (constitution) les conditions du vivre-ensemble. Une démocratie locale ne peut donc être un arbitraire local où une majorité déciderait de tout ce qu'un individu peut faire ou non (on serait plus proche d'un droit coutumier d'ancien régime, mais il y a eu une révolution pour sortir de ce droit!). Nous savons notamment que la question du droit de propriété n'est jamais loin dans les affaires aquatiques, même si l'acteur public se garde de l'évoquer trop expressément compte tenu du puissant attachement moderne à cette propriété, et au lien de cette propriété à la liberté individuelle. Il y a donc des articulations à préciser.

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    6. Pour finir, nous entendons bien que nos propos sur la bureaucratie sont désagréables, nous imaginons qu'ils sont perçus comme injustes par certains (et nous en sommes désolés).

      Mais permettez-nous de commenter l'actualité : pourquoi sommes nous dans un pays où des gilets jaunes sont possibles, un pays où nous en sommes encore en 2018 à recourir à la violence pour faire entendre des causes?

      De telles explosions ne viennent pas de nulle part. Il y a manifestement en France un sentiment d'impuissance des citoyens, une impuissance à être entendu, compris, écouté, pris en compte, une impuissance à dire que des choses ne vont pas et à voir un effet à ce qu'ils disent.

      De notre point de vue, cela n'est pas tout à fait étranger aux moeurs autoritaires, verticales, cassantes de la bureaucratie centrale de ce pays. Qu'il existe des excès locaux (tous vos exemples) ne signifie pas qu'il faut encourager un régime où l'exécutif tente d'imposer ses vues sans contre-pouvoir dans la société, sans liberté et responsabilité des acteurs intermédiaires. L'écologie du laxisme ne marche sans doute pas, mais l'écologie de la matraque non plus. Et nous ne voudrions pas que la démocratie se noie au passage dans ces méandres là. (Nous sommes tout à fait persuadés que c'est votre cas aussi !)

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  4. Parc éolien multiplié par cinq, photovoltaïque multiplié par trois, et l'hydraulique ???? Le vent tourne effectivement. Des annonces pas très concrètes sur une filière qui ne fait pas l'unanimité , loin de là.

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    1. Bien sûr, le gros du potentiel des ENR électriques est éolien et solaire. L'hydro-électricité est déjà bien présente en France (la première ENR), et elle doit voir sa puissance installée augmenter de 1 GW (25,7 GW à 26,7 GW), soit 1000 MW d'ici 2028.

      - Il n'y a aucun projet de construction de grands barrages ni de grandes usines marémotrices.
      - L'hydrolien est pour l'instant quasi-gelé vu le coût excessif des prototypes (normal, on ne récupère que l'énergie cinétique) et le souhait du gouvernement de ne pas payer trop cher en rachat.
      - Les usines en place perdent du productible en raison des DMB, des passes à poisson, des grilles ichtyocompatibles, des accords locaux de gestion plus favorables au vivant.

      Les sites de plus de 1 MW sont pour la plupart déjà équipés. Admettons qu'on en trouve ou crée 500 : soit quand même 5 par départements, pas une mince affaire su ce niveau de puissance de 1MW.

      Il reste 500 MW, ce qui fait sans doute 2000 à 5000 moulins à équiper, donc 20 à 50 par départements.

      Pas de problème, nous incitons nos adhérents propriétaires à s'équiper, même modestement, pour supprimer le chauffage fossile et si possible pour injecter. Chaque goutte de pétrole et mole de gaz qui n'est pas brûlée, c'est un progrès pour l'autonomie du pays et l'avenir du climat.

      Sur les rivières que nous étudions, 70 à 80% des chutes en place sont non équipées à date, le potentiel de progression est donc réel :
      - arrêter urgemment de détruire ces chutes
      - inciter à relancer roue, vis, turbine*
      - simplifier les procédures administratives

      *Et simplifier les technologies électrogénératrices (cela se standardise pas mal en ce moment sur les petites chutes en vis, en hélice simple et en Kaplan, car on sait que c'est le potentiel petites et moyennes chutes en Europe)

      Gageons que tout le monde répondra présent pour la transition bas carbone, notamment si les territoires regagnent une capacité locale de décision.

      Après 2028, le nucléaire devra sans doute baisser plus vite, l'interdiction progressive des chaudières fioul (2030) et des voitures thermiques (2040, mais avant dans certaines villes) devrait faire augmenter des usages électriques, donc des besoins de production locale.

      L'hydro a un bel avenir. Commençons déjà par s'occuper de l'existant, sans ajouter de nouveaux barrages (ou un minimum), sans créer de coûts publics trop importants que les Français réprouvent massivement.

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  5. à l’anonyme du 27 novembre
    Son message posé est agréable à lire, mais il n’est pas au niveau du tout, loin s’en faut ;
    Nous y voyons, nous, très clair ; et les lecteurs assidus aussi.

    Pour le renseigner :
    1) Nous sommes bien au-delà du « combat ». Ce n’est pas un « combat » mais un devoir de s’indigner et d’exprimer notre incompréhension, notre opposition à la destruction des ouvrages en pierre de taille pluriséculaire, à la non valorisation des moulins dans l’esprit de la redynamisation du territoire rural et de la transition énergétique

    2) L’idée reçue du moulin = opulence financière/privilèges est peut-être bien à l’origine de l’ire des écologistes, même et surtout ceux infiltrés à la DEB ; Dans la réalité, la grande majorité des propriétaires de moulins touche une petite retraite, travaille comme des forçats pour entretenir et restaurer. D’autre part, n ne peut pas reprocher à un particulier aisé d’acquérir un moulin. Qui lui reprocherait d’acquérir une maison bourgeoise, un château ou un hôtel particulier ? Il y a le même % de propriétaires aisés que dans les autres secteurs de l’immobilier. Le fait que d’aucuns reprochent à certains moulins un défaut d’entretien illustre bien le manque de moyens de leurs propriétaires.

    3) Nous ne « défendons » aucune catégorie socio-professionnelle. Nous n’arrivons pas à accepter la mauvaise foi, la désinformation, les multiples interprétations de la loi, la croyance arrogante sans une once de science…et le défaut de bon sens ; Tous ces gens existent : ce sont les signataires des courriers que nous recevons et qui animent des réunions de désinformation pour renaturer la nature.

    4) Vous êtes un grand questionneur généraliste, sans avoir trop cherché à approfondir puisque le sujet est posé avec grande acuité depuis 10ans.
    Je pourrais aussi poser des questions oiseuses sur un sujet que je ne connais pas. Dans ce cas, c’est à moi à me renseigner pour « y voir plus clair », sans être légitime pour demander à ceux que j’interpelle de se justifier.

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  6. L'essentiel du potentiel hydroélectrique est dans la modernisation des 400 concessions hydroélectriques qui est bloqué depuis 10 ans par la réticence de notre pays à attribuer l'exploitation de ces ouvrages par appel d'offre. Le renouvellement de ces concessions apportera à la fois plus d'énergie, et plus de revenus financiers pour les collectivités locales et pour l'Etat comme le répète la Cour des Comptes. Tout le contraire de l'équipement de chutes nouvelles surtout les plus petites d'entre elles qui coutent de plus en plus cher à tous les usagers via la CSPE que chacun peut mesurer sur sa facture d'électricité et cela sans compter les renforcements de réseau que cette production impose:. A 100 ou 150€ € le MWh voilà de kWh de l'énergie 2 à 3 fois plus chére que celle du Photovoltaïque du résultat des appels d'offre de cet été. Vive l'écologie punitive des "petits moulins", merci Ségolène !

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    1. - Comparez ce qui est comparable, s'il vous plaît. Le "petit solaire" (pas les grand projets industriels en AO) est racheté entre 12 et 20 c€ du kWh
      https://www.les-energies-renouvelables.eu/conseils/photovoltaique/tarif-rachat-electricite-photovoltaique/

      - Comme vous le savez sans doute, notre association n'a jamais été chaud partisan des subventions publiques. Le système existe, il est normal que des acteurs en profitent, mais les Français expriment un clair ras-le-bol des choix trop coûteux et opaques de l'Etat, on les comprend. Cet Etat ne doit plus assommer les gens de frais qu'ils ne peuvent payer et s'il fait de l'écologie "non rentable" (c'est le cas en général), il doit être capable de la financer, avec consentement citoyen.

      - Nous sommes plutôt favorable à la simplification des relances hydro-électriques et à la baisse des subventions, au lieu des surenchères actuelles (toujours plus d'exigences, de complexités, de coûts, d'aides, ce qui est cher et lourd). Avec à côté de cela : la taxe carbone (pour que l'électricité gaz, fioul, charbon paie son coût réel) et le soutien au kWh renouvelable en fonction de son bilan carbone réel final (incluant donc le stockage, non-dit des politiques actuelles).

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    2. Ah dernier point : avez-vous un rapport démontrant que le renouvellement des concessions va automatiquement augmenter leur production? Par quel mécanisme au juste ? (Il y a à notre connaissance très peu de progrès d'échelle sur la grande hydraulique déjà installée, les turbines Francis, Kaplan et autres avaient déjà atteint des courbes de rendement quasi maximal dans les années 1960-1970, c'est plutôt sur la petite hydro qu'on cherche des solutions rentables à faible puissance, pas sur la grande.)

      De plus, EDF comme les industriels privés soulignent que les nouvelles normes écologiques (dont vous êtes partisan, n'est-ce pas?) baisse la production, et augmentent donc le coût relatif du kWh. Le renouvellement des concessions est l'occasion de renforcer ces normes, donc de baisser le productible ou de multiplier des pertes de charge (exemple, grilles à 10 mm d'entretoise discutées en ce moment dans les Nives, soit des pertes assez conséquentes).

      On a un doute : êtes-vous sûr que vous êtes bien placé pour donner des leçons de sortie de "l'écologie punitive"?

      C'est quoi au juste vos idées pour les ouvrages hydraulique (producteur ou pas producteur), que l'on vérifie votre bonne foi et votre cohérence?

      Merci.

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  7. Effectivement en matière d'électricité tout n'est pas comparable et il faut distinguer ce qui est pilotable de ce qui ne l'est pas comme le photovoltaïque et la petite hydraulique au fil de l'eau ....pour le reste un kwh vaut bien un autre kWh et on peut préférer celui qui coute 5cts du PV à celui qui coute de 11 à 16 cts de vos moulins...


    Maintenant quelques exemples illustrant le propos

    GAVET : 560 millions de kWh soit 155 kWh de plus que les 6 centrales actuelles réunies.

    Le Chambon sur la Romanche : L'ouvrage qui menace ruine est à reconstruire avec une capacité au moins doublée.

    Les 5 STEP françaises doivent être modernisées en remplaçant leur pompes-turbines actuelles par des pompes-turbines à vitesse variable ( 5 à 10% de rendement en plus sans compter la souplesse supplémentaire).

    Roselend la Bathie : modernisation des Pelton et augmentation de puissance en cours ( + 5%).

    Le fil de l'eau concédé (Rhône, Rhin, grands fleuves) est équipé pour 5 à 6000 h de facteur de charge, il devrait l'être à 4000/4500h à l'optimum économique actuel.

    La plupart de ces modernisations le seront avec les nouvelles normes environnementales et notamment les débits réservés qui sont déjà appliqués depuis le 1er janvier 2014.

    Les 150 centrales concédées dont le titre doit être renouvelées sous peu ont été conçues avant la dernière guerre à une époque où l'hydroélectricité représentait 50% de la production nationale alors qu'aujourd'hui elle n'en représente plus que le Huitième ( en attendant la baisse de production du au changement climatique et à la réduction des débits ...). Quasiment tout ce parc est à revoir de fond en comble pour l'adapter à la nouvelle donne énergétique qui demande du stockage et de la régulation ... et les candidats à cette modernisation se bousculent.... Face à ces enjeux, vos moulins sont un pet de sauterelle dans un champs l'été ! Après les moulins à vent, évitons les moulins arrières

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    1. Bien, vous indiquez quelques sites qui peuvent être modernisés ou qui sont en train de l'être. Certaines représentent des baisses de puissance, d'autres des hausses.

      Là-dessus, vous sautez sur votre dada : le mépris des moulins.

      C'est tout à fait étrange : comme si nous allions houspiller le voisin qui met du solaire sur son toit en lui disant qu'après la ferme éolienne d'â côté, plus la peine de faire quoi que ce soit, il doit rester les bras croisés.

      Auriez-vous envie de jouer les commissaires politiques de la transition, à venir tenir ou frapper la main de chaque citoyen selon vos intimes convictions? Ah ah ah.

      Mais rassurez-vous, les gens comprennent de plus en plus qu'ils ne peuvent guère avoir une influence sur la politique de modernisation des grands sites loin de leur cadre de vie, mais que s'ils ont une chute chez eux ou dans leur village, là ils peuvent faire quelque chose de simple : la restaurer, l'exploiter. Nous devrions revenir à ces politiques territoriales pour réussir la transition énergétique, sans attendre des visions surplombantes voire hors sol des administrations centrales. Le centralisme et le dirigisme ont montré leurs limites, de nombreuses forces poussent désormais à libérer l'initiative locale.

      Les rivières seront ce que les riverains en feront, comme se concluait le documentaire "The Dam Nation".

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