20/09/2017

Transition énergétique en Bourgogne Franche Comté: en avant pour la petite hydro-électricité !

Les associations de moulins et riverains de Bourgogne Franche-Comté se félicitent de la prise en compte de la petite hydro-électricité dans la consultation citoyenne de la région Bourgogne Franche Comté sur la transition énergétique. Elles appellent les élus à développer une politique ambitieuse pour cette énergie locale, propre, durable et jouissant d’une forte acceptabilité sociale. Plusieurs pistes sont proposées pour avancer sur ce dossier et augmenter le nombre de sites équipés chaque année.


AproLoing - Association des moulins du Morvan et de la Nièvre – Association des moulins de Saône-et-Loire – Association de sauvegarde des moulins du Jura et Franche-Comté – Association des riverains et propriétaires d’ouvrages hydrauliques du Châtillonnais - Hydrauxois

Au printemps dernier, la Région Bourgogne Franche-Comté a lancé une consultation citoyenne sur la transition énergétique. À l’issue de la consultation, 634 citoyens ont exprimé leurs attentes.

Petite hydro-électricité : un atout reconnu pour la transition dans les territoires
La Région relève la forte demande concernant le développement de l’énergie hydraulique :
"dans de nombreuses réponses, le recours à l’énergie hydraulique est cité : barrages, anciens moulins, station hydraulique, petites turbines pour particulier" (in Analyse détaillée).
"le développement d’autres filières est suggéré (filière bois, géothermie, méthanisation), mais surtout un plus large recours à l’énergie hydraulique" (in Analyse synthétique).
Dans sa note d’accompagnement, le CESER rappelle :
"la Stratégie de mandat 2016-2021 évoque également une filière 'mature' mais avec des 'contextes territoriaux hétérogènes entre les deux ex régions. Le potentiel de développement concerne dorénavant la petite hydroélectricité et l’optimisation des ouvrages existants'."
Nos associations, représentant notamment des moulins, riverains, propriétaires d’ouvrages hydrauliques, retrouvent dans cette consultation ce qu’elles observent sur le terrain : l’énergie hydraulique est très appréciée, c'est une énergie propre durable et économique. Elle conjugue le respect du patrimoine des rivières avec les enjeux énergétiques du XXIe siècle, en particulier le choix prioritaires des sources d’énergie bas-carbone et à faible impact. Equiper 500 moulins par an sur 5 ans, c'est investir 500 millions d'euros d'activités en zone rurale et emplois non délocalisables.

Les difficultés à lever pour développer la petite hydro-électricité
Il existe des milliers d'usines hydrauliques dites moulins, des étangs, des sites offrant des chutes équipables en Bourgogne et Franche-Comté. Mais le développement de la petite hydro-électricité affronte aujourd’hui plusieurs difficultés :

  • La faible lisibilité des politiques publiques, en particulier l’antagonisme entre la politique de l’énergie (appelant à équiper les ouvrages) et celle de la biodiversité (encourageant à effacer les ouvrages)
  • La complexité des dossiers réglementaires et le coût des mesures demandées, en disproportion des puissances concernées (de 5 à 200 kW) et de leur revenu potentiel
  • Le surcoût (non gérable aujourd’hui, et bloquant plusieurs projets) lié aux prescriptions environnementales de continuité longitudinale
  • La faible organisation et visibilité du marché des prestataires susceptibles de répondre aux besoins des particuliers et des collectivités (des bureaux d’études aux équipementiers)
  • Le financement difficile des projets, pour un temps de retour sur investissement qui excède souvent les critères d’acceptabilité bancaire.

Nos attentes pour équiper le maximum d’usines à eau
Nos associations demandent à la Région Bourgogne Franche-Comté de
  • confirmer et amplifier son soutien à la petite hydro-électricité,
  • évaluer le potentiel de la petite hydro-électricité sur la région, sachant que les sites de 5 à 100 kW sont très nombreux (plusieurs milliers) mais non pris en compte aujourd’hui dans les estimation DREAL, UFE, Ministère de la transition écologique,
  • inciter chaque gestionnaire de rivière à analyser le taux d’équipement énergétique des cours d’eau (proportion des chutes productrices par rapport à la chute aménagée totale de la source à la confluence), ce taux d’équipement étant appelé à devenir un indicateur de gestion pour définir les meilleurs potentiels,
  • inciter les collectivités locales à équiper des chutes ou à rechercher des partenariats public/privé pour cette exploitation. C'est une source de revenus annexes, directs par le résultat d'exploitation et indirects par l'activité induite. C'est aussi une création d'emplois en économie marchande comme en économie sociale et solidaire,
  • favoriser en priorité la relance des ouvrages existants (en particulier moulins), très nombreux et aspirant à retrouver leur vocation énergétique,
  • travailler à simplifier des dossiers trop complexes et à rechercher les solutions au meilleur coût,
  • contribuer à trouver une solution de solvabilité pour le progrès de la continuité écologique non destructrice des ouvrages (gestion des vannes, rivières de contournement, passes à poissons), un grand nombre de  chantiers étant bloqués par le coût excessif pour les particuliers et petits exploitants,
  • favoriser l'équipement des moulins avec l'installation d'une borne de recharge pour les véhicules électriques et des unités de production d’hydrogène,
  • évoluer vers une gestion régionale des usines hydrauliques (parmi lesquelles les moulins) par un service industrie, énergie et climat plutôt que par un service eau, biodiversité et environnement,
  • développer l'information et la pédagogie autour de la petite hydraulique, qui participe à la transition énergétique et écologique des territoires, auprès de tous les publics et notamment des scolaires.

10 commentaires:

  1. Un pet de sauterelle dans un champs l'été .... mais du fric public pour les propriétaires : goinfrez-vous c'est Royal qui régale!

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    1. Royal? Vous retardez un peu. Sinon lire http://www.hydrauxois.org/2015/11/idee-recue-07-un-moulin-produit-moins.html

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  2. Energies renouvelables : le retard de la France se confirme

    https://www.actu-environnement.com/ae/news/statistiques-energies-renouvelables-france-europe-29662.php4

    Voilà ce qui se passe quand on met des bâtons dans les roues à tout le monde et qu'on étouffe l'initiative sous la réglementation.

    En retard sur l'objectif énergie, en retard sur l'objectif eau...

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  3. Selon la Commission de Régulation de l'Energie (CRE), en 2016 Ségolène Royal a augmenté de 10 à 30% selon les cas l'aide publique apportée à la production de kwh hydroélectrique (Obligation d'Achat ou Complément de rémunération) http://www.cre.fr/documents/deliberations/avis/projet-d-arrete5/consulter-la-deliberation, Page 4 § 2.4

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  4. L'apport du supplément d'hydroélectricité sera de toute façon marginal et comme il s'agit d'un objectif portant sur une proportion de la consommation, les économies d'énergie sont au moins autant en cause que la production d'énergie renouvelable, l'énergie hydroélectrique au fil de l'eau doit tenir compte de la baisse des débits à la suite du Changement climatique (regardez la sécheresse de cet hiver) enfin ce chiffre objectif n'était qu'un objectif "de bureau" pour punir la France d'avoir une production électrique presque entièrement décarbonnée...

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    1. L'enjeu français, c'est que plus de 50% de l'énergie finale utile est fossile (sans compter les importations des industries "sales" que nous avons délocalisées loin de nos yeux pudiques), essentiellement pétrole et gaz pour le transport et le chauffage. A cela s'ajoute la décision de réduire le nucléaire, qui à consommation constante créera la nécessité de retrouver 150 à 200 TWh par an. Sauf si vous êtes un adepte de la pensée magique, vous ne pouvez pas remplacer le transport thermique par le transport électrique (objectif 2040) et baisser le nucléaire sans faire monter en puissance d'autres sources d'électricité.

      L'hydro ne vous plaît pas? Rien d'original, vous êtes comme tout le monde, jamais content quand il s'agit de trouver une source renouvelable : l'éolien déplaît à beaucoup de gens, nuit au paysage et tue les oiseaux, le solaire est jugé très cher pour la CSPE, peu productif et trop intermittent, le bois nuit à la biodiversité forestière s'il est industriellement exploité et émet des particules polluantes quand il est brûlé, etc.

      Bref, cela fait 2000 ans qu'on exploite l'énergie des rivières, il y a présentement de bonnes raisons de continuer tant qu'on n'a pas trouvé une solution miracle, il y a des volontaires s'ils ne sont pas assommés d'exigences bureaucratiques faisant tout pour les empêcher de produire. Avançons donc sur ce dossier. A chaque fois qu'un de nos adhérents remplace son chauffage fioul par une production hydro locale, c'est un gain pour le climat et la pollution de l'air.

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  5. N'oubliez pas de dire que l'hydroélectricité à déjà réalisé sont potentiel à plus de 95% et cela ramènera plus de justesse à vos affirmations

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    1. N'oubliez pas de préciser que c'est un mensonge propagé par FNE et la FNPF, cela éclaircira le débat. Nous allons produire les taux d'équipement réels des rivières, aisés à vérifier, cela aidera les décideurs locaux davantage que des abstractions nationales. Rivière Armançon, Cousin, Seine... plus de 80% des chutes déjà en place ne produisent pas, donc le soi-disant "potentiel réalisé à 95%"...

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  6. Pas du tout ce chiffre provient de l'UFE qui chiffre à 10 TWh environ le potentiel résiduel mais cela sans prendre en compte aucune contraintes géologiques, techniques, économiques, financiéres, sociales, sociétale ni bien sur environnementale. Si vous faites l'hypothèse très optimiste que ce potentiel n'est réalisable qu'à 50 % vous êtes pas loin d'aboutir mécaniquement à la conclusion 95 % du potentiel actuellement réalisé. Votre erreur provient simplement de votre surestimation du potentiel de vos petits moulins... rassurez vous c'est d'ailleurs une erreur très communément partagée.

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  7. Non, nous ne parlons pas de la même chose. Nous savons très bien que les chutes sont modestes, mais remplacer un chauffage fioul par une petite turbine, c'est déjà un progrès à notre échelle, cela ne nous intéresse pas de nous limiter arbitrairement à des puissances importantes. Les estimations UFE-ministère-Dreal dont vous parlez ont exclu les chutes de moins de 100 kW, donc ce qui fait l'objet de notre association, à savoir le petit patrimoine hydraulique (accessoirement c'est aussi plus de 80% des ouvrages qui ont moins de 100 kW en France, mais on sait très bien pourquoi les petites chutes ont été exclues de cette estimation contrôlée par le ministère, le dada de la DEB étant de surtout éviter leur équipement et promouvoir leur effacement).

    Mais notre propos d'associations locales signataires du communiqué ci-dessus n'est pas de faire des généralités sur la place théorique de l'hydro dans la transition au plan national, savoir si c'est tant ou tant de TWh, comparer au solaire ou autre, etc. Chaque énergie renouvelable doit simplement se développer là où il y a du potentiel et des volontaires pour y travailler. Vous prenez une rivière, vous avez (par exemple) un potentiel de 800 kW de 25 chutes en place (pas à construire = des moulins, usines, étangs déjà là), vous constatez que seules 5 chutes produisent à date 200 kW au total, cela veut dire que cette rivière a un potentiel de 600 kW non exploités et un taux d'équipement de 25 % seulement. Ce calcul rivière par rivière est plus concret, plus intéressant pour réfléchir avec les intercommunalités, la Région. Il donne le vrai chiffre du potentiel le plus simple à réaliser, car sans génie civil pour faire des barrages et biefs, juste en reprenant ce qui existe déjà. Et donc quand vous prenez des rivières réelles, selon ces calculs que nous commençons à mener et que nous publierons sur deux rivières pilotes, vous constaterez que nous sommes très loin de 95% de la puissance exploitée (chiffre que vous donniez). C'est souvent plus proche de l'inverse, 95% des chutes qui ne sont pas équipées aujourd'hui alors qu'elles pourraient l'être.

    Voir cet article pour un début d'exemple
    http://www.hydrauxois.org/2016/09/sur-le-taux-dequipement-energetique-des.html

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