16/07/2017

Plus de 100 moulins déjà détruits en Normandie: la dérive intégriste de l'administration, des syndicats et des pêcheurs est inacceptable!

Alors que les casseurs d'ouvrages hydrauliques continuent leurs méfaits en toute indifférence aux protestations des parlementaires et aux révisions des lois, les collectifs riverains et propriétaires se mobilisent. Nous reproduisons ci-dessous le communiqué de 5 associations (Association de valorisation du patrimoine hydroélectrique de Normandie VPH Normandie – Association de sauvegarde des moulins hauts-normands SM 27-76)- Association pour la sauvegarde de la Dives - Association des moulins et riverains du Perche ornais AMRPO - Association des amis des moulins 61) et de la Fédération française des associations de sauvegarde des moulins (FFAM). Le document complet avec ses annexes est téléchargeable à ce lien. Nous conseillons aux associations locales de publier des communiqués similaires et de les adresser aux députés élus en juin dernier, ainsi qu'aux sénateurs. Mais également d'engager des contentieux et des occupations de site sur les projets de destruction les plus problématiques. La casse des moulins, étangs et usines hydrauliques doit cesser, comme l'ont déjà demandé à de nombreuses reprises les élus de la République.

Ces dernières années en Normandie, et spécialement dans le département du Calvados, plus de 100 retenues de moulins ont été détruites. Des dizaines d’autres moulins sont contraints de maintenir leurs vannes ouvertes, vidant les plans d’eau traditionnels, asséchant les cours d’eau et empêchant la production d’énergie.

Le coût de destruction de ce patrimoine séculaire s’élève déjà à plus de 13 millions d’euros à fin 2015 en Basse-Normandie (chiffres communiqués par l’Agence de l’eau).

Parmi ces dizaines de moulins détruits, certains produisaient de l’énergie, autrement appelés «microcentrales hydroélectriques». Cinq d’entre elles ont déjà été détruites, 6 autres doivent l’être dans les mois à venir (cf Annexe 1). Trois ont été rachetées par les Fédérations de Pêche du Calvados et de la Manche avec des fonds provenant intégralement de l’Agence de l’eau. L’Agence de l’eau est ainsi devenue, via les Fédérations de Pêche, le premier acheteur de microcentrales hydroélectriques de la région normande aux fins... de les détruire. Les fonds qu’elle engage dans ces opérations proviennent d’une taxe prélevée sur chacune de nos factures de consommation d’eau.


Destruction d'un ouvrage de la Sienne.

Ces rachats et destructions de microcentrales hydroélectriques normandes coûteront in fine près de 10 millions d’euros supplémentaires. Elles produisaient l’équivalent de la consommation électrique annuelle de 4 000 à 5 000 foyers en énergie verte et renouvelable. Ces opérations sont menées alors même qu’a été votée au mois d’août 2015 la loi de transition énergétique qui promeut le développement de la petite hydroélectricité en France...

Cette politique de destruction est aujourd’hui totalement assumée et encouragée par les pouvoirs publics locaux dont principalement la direction territoriale de l’Agence de l’eau Seine-Normandie, l’ONEMA* (intégrée dorénavant à l’AFB*), les Fédérations de Pèches départementales avec le soutien des services de la Préfecture du Calvados notamment.

Cette chasse aux sorcières « anti-moulins » est justifiée par une volonté de restaurer le « libre-écoulement des eaux » afin notamment de favoriser la remontée des poissons migrateurs. Pourtant l’article L214-17 du Code de l’Environnement qui encadre les obligations de continuité écologique ne prévoit pas la destruction des retenues de moulins traditionnels comme moyen d’assurer la circulation des poissons migrateurs mais bien «leur équipement ».

Devant l’émoi que suscite cette débauche d’argent public visant à détruire un patrimoine séculaire et une production d’énergie renouvelable traditionnelle, une table ronde a récemment été organisée à l’Assemblée Nationale le 23 novembre 2016 dernier en présence de nombreux députés. A cette occasion, les 5 scientifiques français auditionnés ont mis en exergue l’absence complète d’études sérieuses permettant de justifier ces destructions et les dangers qu’elles représentent pour l’écologie de nos rivières. Ils ont courageusement dénoncé une mainmise de certains lobbies écologistes jusqu’au-boutistes.


Destruction d'un ouvrage de la Rouvre.

Voilà des années que nos différentes associations ont dénoncé cette politique et exigé sans succès de recevoir les études qui démontreraient les effets positifs de ces destructions. Surtout, nous avons fait connaitre à ces institutions les données historiques, techniques et scientifiques indiscutables prouvant les multiples effets bénéfiques de la présence des retenues des moulins sur nos rivières au delà même de leur aspect patrimonial. Et notamment que les retenues formées par les moulins :
- améliorent la qualité des eaux en les épurant notamment en nitrates et phosphores,
- préservent la ressource en eau,
- atténuent les phénomènes de crue et d’érosion des terres,
- participent à la préservation et au développement des milieux aquatiques,
- favorisent les usages dont le tourisme, le canotage, la pêche et le développement de la production d’énergie verte et renouvelable.

Cette politique, soi-disant « écologiste », menée au prix d‘un gaspillage d’argent public exorbitant issu de nos taxes, se révèle ainsi dramatiquement « anti-écologique » pour nos rivières et alors que chacun sait que le problème réside dans la pollution excessive de nos eaux et non dans la présence multiséculaire des moulins (7 à 9 siècles d’ancienneté pour l’immense majorité des moulins normands).

A la suite de la table ronde et des propos des 5 scientifiques auditionnés, nos parlementaires ont réagi face à la dérive administrative constatée, et ont sanctionné l’article L214-17 en votant l’article L214-18-1 qui dégage partiellement les moulins «équipés pour produire de l’électricité» ou qui le seront, des obligations de «continuité écologique». Nous saluons notamment les parlementaires de notre région dont : M. Poniatowski, M. Lenoir, M. Huet, M. Revet, M. Bas, M. Loncle, M. Le Maire qui y ont activement participé avec d’autres.

Les pouvoirs publics locaux n’ont malheureusement pas pour autant renoncé à cette politique. De très nombreux moulins et microcentrales sont en ce moment même voués à la destruction.


Barrage de moulin et barrage de castor. Un impact fonctionnellement équivalent lorsque le seuil est modeste et comporte des voies de passage. Mais les barrages de castor sont protégés par la loi, tandis que l'administration française, les gestionnaires de rivière et le lobby de la pêche s'acharnent à détruire les chaussées de moulin. 

Afin de permettre aux médias, aux élus, aux riverains, et plus largement aux citoyens de se faire leur propre opinion à ce sujet, ce communiqué comporte 9 annexes justifiant nos propos notamment sur le rôle bénéfique incontestable des retenues de moulins dans le cadre de la gestion de nos eaux et des milieux aquatiques (cf Annexe 6, annexe 7 et annexe 8) et l’inanité complète de cette politique.

Nos 6 associations demandent, au vu de ces données qui déterminent que la destruction des retenues de moulins est parfaitement contraire aux principaux enjeux légaux établis ainsi qu’à l’intérêt général que :
- les projets de destruction de moulins en cours soient suspendus
- les projets de destruction de 6 nouvelles microcentrales hydroélectriques soient abandonnés et
que ces installations soient remises en service pour produire de l’énergie verte et renouvelable
conformément à la loi de transition énergétique d’août 2105
- des études d’incidence complètes sur les principaux enjeux légaux établis soient
systématiquement menées avant d’autoriser la destruction d’une retenue de moulin, ce qui n’est pas le cas à ce jour.

Nous souhaitons qu’un débat régional puisse se tenir à ce sujet avec ceux qui encouragent ces destructions, afin que nos élus et nos concitoyens intéressés par cette question puissent se faire leur avis et nous l’espérons trancher en faveur de la conservation des moulins normands plutôt qu’à la poursuite de leur destruction.

A lire également sur la Normandie
Touques: comment le lobby de la pêche à la mouche a survendu les bénéfices de la continuité écologique 
Un cas d’école dans le Calvados: l'effacement des ouvrages du moulin de Crocy
Dérives sur la Dives: des pompes électriques pour des biefs transformés en marigots
Pont-Audemer: l'Agence de l'eau Seine-Normandie fait-elle pression pour fermer une centrale hydro-électrique en production? 
Barrages de la Sélune : dossier complet sur un symbole de l'échec de la continuité écologique

5 commentaires:

  1. Des films à montrer dans toutes les écoles.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui, c'est plus simple d'enfumer les jeunes cerveaux n'ayant pas d'esprit critique. Et cela correspond assez bien à la mentalité des casseurs, si peu à l'aise quand leurs actions deviennent l'objet de débats publics au lieu des décisions en comités fermés de l'oligarchie.

      Supprimer
  2. Bonjour,
    J'ai une remarque à faire par rapport au titre de votre article, vous pratiquez de la désinformation comme vous le faites souvent remarquer pour ceux que vous appelez les casseurs . Vous nommez votre article "plus de 100 moulins détruits", chose totalement fausse puisque le moulin est le bâtiment, le seuil est un élément qui servait à la production des anciens moulins (dans le cas des films visionnés).
    Deuxième point que je souhaiterai abordé sur votre article. Sauf si vous êtes producteur des photos, pourriez-vous indiquer l'origine des photos et le lieu de celles-ci (photo du seuil et celle du barrage de castor). Je n'ai pas connaissance de barrages de castors aussi important en France. Etes-vous certain de ne pas avoir mis une photo provenant d'Amérique, nous sommes alors pas dans les mêmes espèces de castors ni dans les mêmes comportements d'espèces
    Bonne journée

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonjour

      En matière de "désinformation", nous avons sans doute affaire à un(e) expert(e).

      Sur le premier point : l'identité d'un moulin provient de son ouvrage de répartition et des annexes hydrauliques que cet ouvrage alimente. Les détruire ou les mettre hors d'eau, c'est détruire le moulin, qui devient une simple maison au bord de la rivière. Outre la destruction patrimoniale, on fait aussi disparaître des milieux aquatiques anthropisés dont le diagnostic global de biodiversité et le bilan écologique avant-après n'est presque jamais fait, ou alors de manière très partiale et limitée (les poissons généralement, au mieux parfois les invertébrés).

      Sur les castors, en particulier sur Castor fiber (l'espèce eurasienne), la page Wikipedia est particulièrement bien faite pour une fois, avec plus de 300 références dont la plupart de littérature scientifique peeer-reviewed. https://fr.wikipedia.org/wiki/Castor_fiber. Voir aussi le review de Rossell 2005 sur les 2 espèces : "Although comparative studies have generally found that the Eurasian beaver demonstrates less building activity than the North American species (Danilov & Kan’shiev, 1982; Danilov, 1995), the effects of their dams on the environment may not differ much (Nolet, 1996)". Dans l'onglet "castor" de ce site, quelques rcensions dont une d'un travail anglais récent (sur C fiber donc) montrant la création de zones lentiques et l'effet épuratoire.

      Enfin, nous reproduisons ici un communiqué dont nous ne sommes pas les auteurs. Nous en partageons la philosophie et l'engagement, pas forcément le détail de chaque phrase.

      PS : la photo est reprise du communiqué dont l'accès est donné en lien (nous en ignorons la provenance), les vidéos sont reprises de YouTube.

      Supprimer
    2. Bonjour
      ignorance crasse de ce donneur de leçons du 20 juillet 11:26; qu'il tente un jour de vendre sa voiture sans les roues ni la carte grise.Le prix à la casse est de 100€. Les propriétaires qui ont cédé au chantage et qui ont accepté la destruction de l'ouvrage indissociable du moulin...qui n'en est donc plus un, n'arrivent pas à trouver acquéreur quand ils mettent leur en vente à la casse. Bizarre, non? Les acheteurs privilégient une demeure sans risque d'inondation(s), un peu plus ensoleillée et plus accessible. C'est de l'info professionnelle.

      Supprimer