09/03/2018

Les Amis de la Sélune, faux-nez du lobby des pêcheurs de saumon

Le collectif des Amis de la Sélune milite pour la destruction des lacs et barrages de la vallée. L'examen de ses adhérents affichés montre qu'il s'agit dans 76% des cas d'associations et fédérations de pêche. Bien loin de s'engager de manière désintéressée pour l'écologie des rivières, il s'agit en fait de gagner des linéaires pour un loisir fondé sur la prédation. On se demande pourquoi certaines associations de protection de la nature se compromettent avec ce lobbying — le même qui essaie en ce moment de faire lever l'interdiction de pêche au saumon sur l'axe Loire-Allier et de poursuivre à grands frais l'alevinage par des souches dégénérées d'élevage. Loin d'être favorable à leur pratique, déjà largement ouverte sur des linéaires bretons et normands, la posture extrémiste de ces casseurs-pêcheurs risque surtout de se retourner contre eux et d'envenimer les rapports avec les riverains propriétaires des berges. Car finalement, pourquoi faudrait-il tolérer ces usagers intolérants et militants de la destruction du patrimoine?



La destruction des barrages de la Sélune n'a jamais été portée avec conviction par le territoire de Sud Manche, ses élus et ses habitants. Depuis le départ, c'est la pression de certains usagers - en particulier, les pêcheurs de saumon en tirant un profit pour leur loisir - qui s'est exercée au sein de la commission locale de l'eau du SAGE et des diverses instances de bassin où ces permanents des structures pêche ont la garantie d'une représentation, contrairement aux riverains. Cette pression a rencontré un écho favorable au sein des bureaucraties publiques de l'eau : Agence de l'eau Seine-Normandie, DDT-M, Dreal, Agence française pour la biodiversité (ancien Onema et Conseil supérieur de la pêche, qui appuie surtout l'halieutisme). Dans les années 2000, le ministère de l'écologie (tutelle de ces services) était à la recherche de quelques sites spectaculaires pour accompagner l'annonce du plan de restauration de la continuité écologique de 2009. Les tractations avec la direction EDF ont conduit à sacrifier les barrages de la Sélune (pas de renouvellement de concession) en échange de reports d'intervention sur le barrage de Poutès dans l'Allier.

Au long de ce processus, un collectif "les Amis de la Sélune" a essayé d'entretenir l'illusion d'une forte demande locale de changement de la vallée par destruction des barrages.

Ce collectif est en réalité porté par quelques associations écologistes nationales ou internationales, ayant une faible base militante, mais surtout par beaucoup de structures de pêche de loisir (ou professionnelle). La plupart de ces organisations reçoivent des subventions publiques et ne sont pas indépendantes du ministère dont elles appuient les décisions : ce chassé-croisé des associations et bureaucraties est évidemment une caricature de dialogue environnemental et de consultation de la société civile. L'examen de l'enquête publique a montré que nombre de soutiens apportés à la destruction étaient extérieurs à la vallée de la Sélune, à la Manche et même à la France (participation organisée de pêcheurs de saumon des quatre coins de la planète). Quand une consultation locale a été organisée en 2015, 99% des 20 000 riverains ayant voté ont refusé la destruction : la soi-disant demande sociale a fait pschitt, la vallée veut garder ses lacs.

Le dernier communiqué de ce collectif des Amis de la Sélune comporte cette précision:
Le collectif « Les Amis de la Sélune » rassemble un grand nombre d’organisations issues de la société civile, en France et à l'étranger, dont :
ANPER TOS - Association Bretonne pour la Pêche à la Mouche - Association Internationale de Défense du Saumon Atlantique – Club des Saumoniers - Comité National de la Pêche Professionnelle en Eau Douce - Eau et Rivières de Bretagne - European Rivers Network - Fédération de la Manche pour la Pêche et 24 AAPPMA - Federation of Irish Salmon and Sea Trout Anglers - Fédération Française des Moniteurs Guides de Pêche - Fédération Nationale pour la Pêche en France - Fondation GoodPlanet - Fonds Humus pour la biodiversité - L'Hydroscope - Ligue pour la Protection des Oiseaux - Manche Nature - Mayenne Nature Environnement - North Atlantic Salmon Fund - SOS Loire Vivante - Sustainable Eel Group – AAPPMA de l'Elorn (Finistère) - AAPPMA de Pont-Croix (Finistère) - AAPPMA de Pontrieux - la Roche Derrien (Côtes-d’Armor) - Association Régionale des Fédérations de Normandie pour la Pêche et la Protection du milieu aquatique – Association Régionale des Fédérations de Bretagne pour la Pêche et la Protection du milieu aquatique - Vét'Eau Pêche
Or, on voit que 36 associations sur 47 (76,5%) sont en réalité des structures de pêche.

Le message est clair : quelques associations écologistes ont ici servi de paravents à des usagers de la rivière qui ont avant tout pour désir d'étendre une activité de loisir et de prédation, pourquoi pas de développer un business de tourisme international haut-carbone pour que les pêcheurs du monde entier viennent s'amasser sur les rives et traquer une espèce que l'on dit vouloir protéger. (Mais là-dessus il y a loin des promesses aux réalités, comme l'a montré l'exagération des mirifiques perspectives de tourisme halieutique sur la Touques.)

Cette place de premier plan des pêcheurs dans la pression en vue de détruire les ouvrages de la Sélune a été observée dans des travaux de recherche universitaire (voir Lespez et Germaine 2017).

Est-ce un bon calcul? Si les barrages de la Sélune venaient à être détruits - ce qui reste à voir, attendu qu'un front contentieux s'ouvrira contre les décisions préfectorales en ce sens et que la vallée y est fortement opposée -, les pêcheurs de saumon n'y auraient pas forcément la vie tranquille qu'ils espèrent.

D'une part, les propriétaires privés riverains seraient amenés à une réflexion sur la concession du droit de pêche au lobby ayant milité pour détruire leur cadre de vie et les barrages auxquels ils sont attachés (ainsi qu'à une valorisation éventuelle de leur droit de pêche autrement que par concession gratuite à ces AAPPMA et fédérations extrémistes). D'autre part et surtout, une requête en interdiction totale de la pêche du saumon serait déposée - notre association vérifiera dès publication d'un arrêté d'effacement l'engagement du gouvernement sur ce point. Car il ne faut pas prendre les citoyens pour des idiots : on ne va pas dépenser des dizaines de millions € d'argent public et détruire le cadre de vie de dizaines de milliers de riverains pour la protection d'une espèce que l'on dit menacée, puis permettre dans la foulée à quelques milliers de prédateurs de venir la stresser pour leur bon plaisir, nuisant à la recomposition du stock comme à la qualité de l'étude scientifique. Une destruction devrait donc être synonyme d'une interdiction de pêche, et de contentieux si l'Etat s'y refusait.

Les pêcheurs de salmonidés disposent déjà d'importants linéaires pour leur loisir, sur la baie du Mont Saint-Michel (Sienne, Sée, Couesnon, Sélune aval) et la Manche (Saire, Vire) mais aussi sur de nombreux côtiers normands ou bretons. Leur militantisme en faveur de la destruction des barrages de la Sélune contre l'avis des habitants de la vallée relève d'une posture extrémiste et intolérante. Les riverains souhaitant protéger les lacs et barrages n'ont aucune raison de subir sur leurs berges des gens qui propagent ces attitudes de destruction et de division. C'est en manifestant leur refus qu'ils amèneront les pêcheurs à réfléchir et à mieux respecter les autres usages. Et ce qui vaut pour la Sélune doit valoir pour toutes les rivières où des AAPPMA militent aujourd'hui en faveur de la destruction irrémédiable du patrimoine hydraulique.

A lire sur la Sélune
Le déni démocratique
Bassin pollué et dégradé, risques sur la baie du Mont-Saint-Michel
Le gain réel pour les saumons
Le bilan coût-bénéfice déplorable de la destruction des barrages
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Faut-il détruire les lacs et barrages de la Sélune pour un retour hypothétique de 1314 saumons?

17 commentaires:

  1. l'analyse est pertinente: les pêcheurs, s'ils estiment avoir tous les privilèges, oublient qu'ils n'ont pas tous les droits. Notamment le droit de pêche à partir des propriétés privées riveraines.
    Il leur restera le droit de chasse...aux subventions.
    Leur posture est incohérente car dans les autres départements, ils n'ont de cesse de louer ou d'acquérir de grands étangs et se targuent de gérer les grands lacs de barrages hydroélectriques.
    Comprenne qui pourra.

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    1. Il faut en effet revenir au droit : celui de la pêche est clair en non-domanial. Là où les pêcheurs vivent en bonne harmonie avec les autres usages et les riverains, il n'y a pas de raison que cette tolérance mutuelle se dégrade. Là où les pêcheurs soutiennent activement des politiques de démantèlement, ils s'excluent d'eux-mêmes de ces bonnes pratiques. Ils devront alors justifier l'existence de droits de pêche sur tout le domaine que l'AAPPMA prétend ouvert, et iront devant la justice s'ils refusent ou sont incapables d'apporter ces justifications à qui le leur demande. (Nota : les riverains qui ne souhaitent pas avoir de mauvais rapports personnels peuvent contacter notre association, qui a capacité à agir au plan national et qui agira en ce domaine par simple demande d'exécution des dispositions du code de l'environnement, sans personnaliser la question. C'est juste une affaire de respect du droit, ne peut être parcours de pêche que les tronçons dont l'AAPPMA est propriétaire ou sur lesquels elle a un bail valide, au moins une rive.)

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    2. C'est drôle, en lisant l'article, on voit qu'il y a d'un côté les bons pêcheurs qui aiment pêcher les poissons blancs et les carpes dans les retenus des barrages et des seuils (milieux anthropisés) et de l'autre les mauvais pêcheurs qui eux préfèrent pêcher des poissons sauvages dans des rivières plus naturels sans barrages. Drôle de point de vue!

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    3. Vous interprétez mal.

      Le pêcheur de poissons "sauvages" (?), il a déjà des dizaines de milliers de kilomètres peu impactés pour son loisir en France, et si cela ne lui suffit pas, il a également des pays nettement moins peuplés que la France ayant conservé davantage de rivières sans ouvrage. Donc ce pêcheur peut bouger et devrait aller sur ces linéaires qui s'offrent à lui, sans chercher à transformer les rivières aménagées.

      Comparaison : si vous êtes un jogger et que vous aimez la forêt, eh bien vous allez en forêt, vous ne demandez pas qu'on arase la ville pour y replanter des arbres. Le pêcheur, c'est pareil : il a le droit de ne pas aimer une retenue de barrage, donc il prend son vélo et il va dans des affluents, on alors à l'amont / à l'aval du barrage, bref il adapte sa pratique aux réalités et aux autres usages.

      Notre association connaît mal les côtiers, étant implantée en tête de bassin amont des grands axes fuviaux. Mais sur ces têtes de bassin, nous pouvons témoigner : les pêcheurs de truites et ombres qui prétendent qu'ils n'ont pas de tronçons "sauvages" à cause de la continuité en long en Bourgogne ou en Franche Comté sont simplement des manipulateurs ou des ignorants.

      Sur toutes les rivières de première catégorie ou presque, on observe que le taux d'ennoiement est réduit, c'est-à-dire que les cours d'eau présentent d'ores et déjà tout ce qu'il faut en zone de radiers-rapides-plats. Donc les pêcheurs qui s'y plaignent des moulins et barrages sont surtout des militants qui veulent toute la rivière, sans y supporter la présence d'étang ou de retenues sur une partie du lit. Et les mêmes pêcheurs devraient plutôt s'inquiéter des ripisylves disparues, des charges en nutriments, pesticides et matières fines, tous autres impacts qui se sont aggravés depuis les années 1950-1960, époque où beaucoup (dont Verneaux) observaient que les rivières étaient plus poissonneuses malgré la présence des moulins et autres.

      La même remarque vaut pour la densité de migrateurs ou de poissons spécialisés d'eaux froides : le pêcheur qui se plaint parce qu'il en veut "plus", c'est juste un prédateur pas content d'avoir 100 plutôt que 1000 truites à l'hectare, donc d'avoir moins de prises quand il sort en rivière.

      Mais le non-pêcheur (97% de la population) n'est pas concerné : si un hydrosystème a moins de telle ou telle espèce de poissons en raison de son évolution historique, cela n'a rien de très grave en soi, en tout cas rien qui justifie des fortes dépenses d'argent public et de fortes nuisances aux riverains pour faire plaisir aux pêcheurs de truites, aloses ou saumons.

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    4. Votre réponse témoigne d'une grande méconnaissance de l'état des cours d'eau dans notre pays. je vous renvoie aux états des lieux des SDAGE qui montrent que la majorité de nos cours d'eau sont l'objet de pressions notamment hydro-morphologiques et de continuité mais également de pollution qui font que notre pays n'est pas du tout une destination prisée pour le tourisme halieutique. Par exemple vous citez la Franche Conté alors que la Loue est gravement atteinte par la pollution diffuse alors que les retenues qui s'égrainent sur son cours ont amoindri son pouvoir d'épuration ( voir rapport du CGEDD)

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    5. Sur la Loue, nous vous suggérons de lire cet article, et de commenter en dessous si vous n'êtes pas d'accord avec les points mentionnés (le rapport des chercheurs du conseil scientifique de l'agence RMC est beaucoup plus intéressant que celui des hauts fonctionnaires du CGEDD, et les gens de l'ex Onema comme les pêcheurs devraient le relire attentivement) :
      http://www.hydrauxois.org/2017/03/loue-et-rivieres-comtoises-situation.html

      Sur les rapports des SDAGE : cela ne vaut rien du tout, désolé de devoir le rappeler à chaque fois qu'on nous les mentionne. Ce n'est pas en agrégeant quelques données éparses depuis une sous-préfecture de bassin que vous diagnostiquez des cours d'eau. (Et que la majorité de ces cours d'eau subissent des pressions, c'est un truisme puisque l'on appelle aujourd'hui "pression" tout changement d'origine humaine dans la rivière, la berge ou le bassin versant.)

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    6. Il faut le répéter encore une fois : les scientifiques n'ont aucune autre source sur l'état des cours d'eau à l'échelle des bassin hydrographique que les mesures se suivi de bassin élaborés par les agences de l'eau et l'AFB. Dénigrer ces mesures c'est vouloir casser le thermomètre pour faire baisser la température mais c'est aussi porter l’opprobre sur tous les travaux de scientifiques qui n'ont que cette source de données pour leur travaux ....

      Petit détail enfin le Conseil Scientifique du Comité de Bassin Rhône Méditerranée (et non pas de l'agence de l'eau RMC) ne mène pas directement des travaux scientifiques si ce ne sont des travaux de synthèse et d'expertise mais conseille les instances de bassin.

      Dans votre pensum sur le Loue, je note : "effet des seuils et barrages (ce point étant peu développé car n'ayant pas connu d'évolution notable depuis plusieurs décennies, ce qui n'implique pas pour autant l'absence d'impact en synergie avec d'autres phénomènes)." qui conforte mon propos

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    7. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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    8. Les scientifiques travaillent sur les données d'entrée de l'eau (les mesures de polluants, usage des sols, etc.). Les agences de l'eau ne sont pas scientifiques, et leur prose exprime l'idéologie publique du moment. Aucune assertion d'un SDAGE n'est scientifique au sens propre du terme (c'est-à-dire relevant d'une publication scientifique, ayant une méthode vérifiable et réfutable, des prédictions à tester, revue par les pairs etc.).

      Bien loin de vouloir "casser le thermomètre", nous observons régulièrement ici que des travaux scientifiques (en particulier en hydro-écologie quantitative) démontrent le relativement faible impact des densités de barrage sur les populations biologiques. Nous déplorons en revanche que l'écologie des milieux aquatiques dans sa version appliquée soit réduite à quelques indicateurs normalisés : ni les fonctionnaires rédigeant les SDAGE ni pour le coup les chercheurs ne viennent sur nos sites pour y comptabiliser les oiseaux, les amphibiens, les insectes, etc. Cela reste donc une écologie à maille grossière, une écologie de bureau qui fait du simplisme propre aux lourdes bureaucraties raisonnant en top-down (DCE> France>Grand bassin>Bassin>Site, quand vous arrivez au site vous avez un paquet de préjugés et de normes et de cadres prédéfinis, mais vous ne connaissez absolument rien de ce site...).

      Sur le pensum de la Loue, ce que vous retenez indique simplement vos obsessions. On a l'habitude.

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  2. Le soutien de la LPO à la destruction de deux lacs est particulièrement lamentable. La même LPO se laisse régulièrement séduire par les industriels de l'éolien pour donner des avis favorables à des projets alors que la mortalité aviaire est démontrée. Tenus par les subventions et aux ordres des préfets??? En tout cas décevant, surtout que les pêcheurs tirent des oiseaux quand ils estiment que cela menace leurs poissons!

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    1. précision:
      les mesures de protection d'oiseaux piscivores produit son effet: ces oiseaux deviennent une calamité qui met en péril la pisciculture d'eau douce

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  3. Il faut mettre un terme à l'inutile souffrance des poissons
    https://www.sciencesetavenir.fr/animaux/animaux-marins/tribune-il-faut-mettre-un-terme-a-l-inutile-souffrance-des-poissons_121924

    Cette tribune, notamment signée par L214, Sea Shepherd et les Fondations Brigitte Bardot et 30 Millions d'amis, appelle à l'interdiction de la pêche de loisir dans les départements où la consommation des poissons d'eau douce est interdite.

    Tuer des poissons pour les manger, on peut le concevoir même si cela a pu contribuer à la baisse voire la disparition de certains espèces dans le passé. Tuer des poissons par accident, c'est déplorable mais involontaire. Tuer des poissons pour le plaisir... ? Et dire que la pêche est écologique ??

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    1. En ce domaine, chacun ses convictions éthiques, dans une société pluraliste on peut tolérer plusieurs rapports aux animaux.

      En revanche, si la puissance publique motive les mesures sur les rivières par la protection des milieux aquatiques et la reconstitution de populations "naturelles", il n'y aucune raison de considérer la pêche autrement que comme un impact (alevinages, pathogènes, introgressions génétiques, prélèvements, etc.). En ce cas, et en particulier pour les espèces faisant l'objet de protections françaises ou européennes, le no kill et la mise en réserve de large partie du linéaire devraient être la règle.

      Au-delà des ces questions, l'écologie d'un milieu aquatique (lotique ou lentique) ainsi que d'un milieu rivulaire ne se résume pas aux poissons. C'est déjà ce biais qu'il faut corriger : il est hérité des usages anciens de la rivière comme source de protéines pour l'homme, mais par rapport à ce que l'on nomme désormais biodiversité, la question des poissons n'a pas de raison d'être centrale.

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    2. Sur le plan éthique libre a chacun de garder un avis personnel sur le rapport aux animaux. Par contre sur le plan scientifique de la dynamique des populations les choses se présentent différemment suivant les espèces. Pour ce qui concerne la plupart des poissons dès que les conditions écologiques deviennent favorables la reproduction devient pléthorique et le facteur limitant est juste le nombre de reproducteurs qui n'ont pas besoin d'être très nombreux compte tenu de leur fertilité. il n'en est pas de même pour les les oiseaux et les mammifères qui ont des taux de reproduction souvent très faible (par rapport au poissons le rapport oscille entre 1/100 à 1/1millions suivant les espèces). L'interdiction ou la limitation des captures en matière piscicole est souvent davantage une mesure éthique qu'une réelle nécessité ... à part si on le considère comme une mesure punitive

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    3. Aujourd'hui, on voit des comptages de remontées de saumons où les effectifs sont plutôt en dizaines ou centaines, ce qui n'est pas très "pléthorique". Dans l'hypothèse où la rivière est entièrement "renaturée", ce serait probablement mieux (si le cycle océanique du saumon reste toutefois OK). Mais dans cette hypothèse-là, la rivière n'aurait pas de pêcheurs non plus, car la pêche n'est pas naturelle, et le choix de renaturation est d'abord un choix politique (donc il n'est viable que si vous assurez une certaine égalité des usages devant la norme choisie, ici la nature laissée à elle-même).

      C'est le problème de la Sélune : l'idée de destruction est avancée comme une expérience scientifique unique d'examen dans les moindres détails du retour du saumon après la suppression d'un grand obstacle. Donc en faire un spot de pêche au saumon serait contradictoire. Si casse il devait y avoir, la rivière serait dédiée à l'étude du saumon par les chercheurs pendant 9 ans. Et si les pêcheurs font du lobbying pour réclamer le droit d'attraper le saumon, ils perdront toute crédibilité dans le débat public comme "protecteurs des milieux".

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  4. Le saumon et les salmonidés en général ont un taux de reproduction 10 à 100 fois plus faible que les autres poissons et de ce point de vue, se placent de façon intermédiaire entre les oiseaux et les autres espèces de poissons. Dans le cas du Saumon les prélèvements en mer, la difficulté du retour et le peu de disponibilité de zones de frayères adaptées et accessibles font que la reproduction ne suffit pas à maintenir les populations.

    Ce dont je parlais est beaucoup mieux illustré par la résilience des populations piscicoles (y compris salmonidés) après une pollution accidentelle. Si les conditions sont laissées inchangés on constate que la restauration des populations s'effectue très rapidement (de l'ordre de quelques années) à condition toutefois que le cours d'eau puisse être recolonisé facilement à partir des parties du réseau hydrographique non atteintes par la pollution ce qui pose le problème de la continuité.

    Lorsque je parlais de pléthore je parlait du recrutement d'alevins à partir du fraie de populations adultes et non pas de ce qu'il restait d'une classe d'age 4 ou 5 ans après son avènement


    Pour en revenir à la Sélune, il est très improbable que les pêcheurs fassent du lobbying pour pratiquer leur loisir favori au moins tant que les populations ne sont pas suffisamment étoffées. L'exemple de l'Allier sur lequel la pêche au saumon est interdite depuis des années montre bien que l'impact de la pêche (amateur) n'est que rarement la cause des difficultés rencontrées par le Saumon. Il montre aussi que l'interdiction de toute pêche lorsqu'une population de saumons est menacée est acceptée voire demandée par les pêcheurs

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    1. Bien sûr, la pêche de loisir n'a pas fait disparaître le saumon de l'Allier, l'interdiction de la pêche de loisir ne suffit pas à le faire revenir. Le cas de l'axe Loire-Allier montre que l'on est encore loin d'avoir des bons modèles de population : des prédictions ont été faites qui ne se sont pas réalisées, malgré beaucoup de travaux et d'investissements depuis 40 ans.

      En revanche, n'idéalisez pas le milieu de pêche : allez sur les forums, vous verrez qu'il y a des débats tant sur la ré-ouverture de la pêche de l'Allier que sur des prises jugées excessives sur les côtiers de l'Ouest.

      Un petit film historique amusant, la pêche du saumon dans l'Allier en 1964 (qui ne donne pas envie de la ré-ouvrir):
      https://youtu.be/KYrRwj_Ma2U

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